What Did the Lady Forget?
Titre original : Shukujo wa nani o wasureta ka
Titre français : La Dame, qu’a-t-elle oublié?
Réalisé par : Ozu Yasujiro
Année : 1937
Pays : Japon
Genre : Comédie
Durée : 71 mins
Interprété par
Sumiko Kurishima
Tatsuo Saito
Kayoko Kuwano
Shûji Sano
Takeshi Sakamoto
Chouko Iida
Ken Uehara
Mitsuko Yoshikawa
Masao Hayama
Tomio Aoki
Scénariste : Ozu Yasujiro
Scénario : La vie du Professeur Komiya et de sa femme Tokiko est bouleversée quand leur nièce Setsuko arrive d’Osaka…
Critique
Entre La Danse du Lion en 1936 et Un Fils Unique en 1937, Ozu Yasujiro réalise What Did the Lady Forget ?, un film ancré dans les années 1930 et son tumulte d’influences occidentales, qui ne manque pas d’éclater dans ce film, au titre si particulier, qui reflète bien des questions au sujet des femmes et plus précisément des dames.
Dès le début du film, on est plongé dans l’univers des dames, celles qui discutent des hommes entre elles, bien à l’abri des regards indiscrets et qui ne manque pas de créer une ambiance tellement intime, qu’un homme ne serait faire face.
Ozu Yasujiro réalise ici avec What Did the Lady Forget ?, une fine comédie, qui est également son second film parlant.
On ressent dans ce film, son influence de l’un des cinéastes qui fut la source de toute une mouvance au Japon, notamment avec l’Élégie de Naniwa chez Kenji Mizoguchi, il s’agit de Lubitsch, qui ici aussi n’a pas manqué d’influencer la manière de filmer de Yasujiro Ozu.
Dans What Did the Lady Forget?, on est tout de même beaucoup moins dans la copie d’un modèle occidental qu’on ne l’était dans Femmes et voyous, même si on retrouve tout de même l’usage d’ellipse narrative et surtout, ces fameux plans à hauteur de tatami, qui s’associent à une lenteur contemplative qu’Ozu aime mettre en scène.
On le retrouve d’ailleurs dans ce plan, où l’on voit Setsuko et Komiya se balader dans les rues, avec la caméra filmant uniquement les chaussures des deux personnages, s’avancer d’un pas lent et assuré, tous deux en cadence.
Avec What Did the Lady Forget? , Ozu nous offre des scènes tout à fait cocasses, avec une volonté de montrer une ironie suggestive et par-dessus tout, une satire sociale de la bourgeoisie de Tokyo et de son obsession de son apparence, discrète et sérieuse, qui dans ce film, est en totale opposition, au personnage de Setsuko.
En effet, les apparences sont ici bien négligées, entre un mari accompagné de sa nièce qui cherche à noyer son ennui dans l’alcool des bars et le monde des geishas, tout en menant sa femme en bateau, alors que ce dernier est censé être au golf avec un de ces collègues.
Et c’est bien sûr, cette nouvelle arrivante, Setsuko, qui cherche à montrer à sa famille, la modernité du Japon, et l’amusement qu’elle peut produire.
Bien sur, ici Ozu est bien loin de ses messages aux caractères dramatiques, et oublie même presque son thème de prédilection, la famille, qui ici, se trouve au second plan, et préfère nous narrer la relation d’un oncle et de sa nièce, face au regard d’une femme de tradition.
Pourtant, ce sera l’occasion pour Ozu de nous livrer une comédie burlesque au comique de situation bien senti, projetant une succession de séquences assez drôle, qui ne manquera pas de faire sourire le spectateur, comme la scène d’introduction du film, qui nous montre trois femmes, évoquant les problèmes de rides, formés entre autres par le rire, et vont alors s’exercer à rire d’une manière fort drôle, pour éviter de les creuser davantage.
C’est également des scènes comme la mise en garde de l’oncle envers sa nièce au regard de sa femme, alors que les deux sont complices de leurs amusements interdits, ou encore les dialogues du film, tout aussi bien pensés.
En Conclusion, What Did the Lady Forget? est une curiosité occidentalisée du réalisateur durant sa période année 30, certains trouveront son scénario bien trop encré dans un cadre familial, qui selon moi, s’évapore bien assez vite, au regard de la mise en scène aux apparences lubitschiennes et de son humour plutôt fin, un film de qualité qui ne manquera pas de marquer les amateurs du réalisateur pour son originalité.