Sleepy Eyes of Death : The Chinese Jade
Critique
« Une fois que j’ai sorti mon épée, vous êtes tous des hommes morts« , voilà une phrase qui donne tous de suite l’ambiance du film et le caractère du personnage principal, car avec le premier épisode de la série Sleepy Eyes of Death, on sait tout de suite à quoi s’attendre, surtout lorsque l’on sait que le réalisateur qui se cache derrière se premier opus, n’est autre que Tanaka Tokuzo, responsable du film The Betrayal en 1966 et le premier numéro de Shinobi No Mono en 1965, c’est donc avec une bonne connaissance du milieu que Tokuzo s’empare du personnage de Kyoshiro, sous les traits de Raizo Ichikawa pour nous conter ses aventures dans une ambiance très noire, puisque la série Sleepy Eyes of Death s’est fortement inspirée du succès des chambaras pessimistes de l’époque, notamment dans ceux où Ichikawa réalisait des prouesses dans l’interprétation des ronins qu’on lui confiait.C’est toujours regrettable que cet acteur si talentueux nous quitta bien trop tôt, à cause d’un cancer à l’âge de 37 ans, car son rôle dans ce premier opus de Sleepy Eyes of Death restera l’un de ses rôles mémorables.
Sleepy Eyes of Death est donc une série noire du genre du chambara, avec son personnage principal nihiliste souligné par ses confessions telles que « Sans quelques nouveautés excitantes chaque jour, je commence à me sentir comme mort » et la plupart du temps, lorsqu’il décide de faire quelque chose, ce n’est pas par cruauté ou par élan chevaleresque, mais bel et bien parce qu’il s’ennuie et non pas parce qu’il pense que ses décisions sont bonnes ou mauvaises, c’est un ninja qui coupe les hommes comme des radis, comme il dit souvent.Bien qu’au début, son personnage soit plutôt orienté vers des actions héroïques, peu à peu, il plonge dans un état nihiliste qui fait que le spectateur à tout de même du mal à s’attacher à ce personnage, qui bien des fois, reste difficile à cerner. Il déteste l’honneur bien plus qu’il déteste les péchés et n’a aucun penchant pour le code des samouraïs.Ses motivations ne sont pas très louables et n’hésite pas à tuer pour y parvenir.A vrai dire, son personnage fût originalement conçu par une série de roman de Renzaburo Shibata, qui a notamment crée d’autres personnes célèbres telles que Zatoichi, le masseur aveugle.
Ce premier épisode sous titré Sleepy Eyes of Death : The Chinese Jade nous parle de Chisa, interprété par Tamao Nakamura, qui cherche désespérément à obtenir la protection de Kyoshiro contre Chen Sun, un dangereux moine et leader de la technique de la boxe chinoise au Japon, interprété par Tomisaburo Wakayama, bien connu pour son rôle de Ogami Itto dans la série Baby Cart. En réalité, Chisa est un agent du clan Kaga, pour lequel Chen Sun à un règlement de compte en attente.Lorsque Chisa apprend qu’elle est une bâtarde du seigneur Kaga, elle cherchera à le faire chanter.The Chinese Jade possède de curieux moment de cinéma, notamment lors de scène sur la rivière où Kyoshiro met sa tête contre l’acier de son épée comme si celle-ci était son amante, à croire que sa sexualité et sa violence sont proches l’une de l’autre, voir même liée. D’ailleurs, Kyoshiro utilise se propre sexualité pour détruire les femmes avec le même vide de sentiment qu’il a lorsque qu’il tue avec son épée. Sleepy Eyes of Death : The Chinese Jade est également le premier opus introduisant la technique spéciale de Kyoshiro, la technique de l’épée de la lune pleine (Full Moon Sword Technique), une beauté qui prend la vie aux hommes.
Au final, ce premier opus de Sleepy Eyes of Death introduit le personnage de Kyoshiro mais malheureusement le scénario est trop hésitant et la réalisation n’apporte aucune invention au genre, la chorégraphie manque cruellement de travail et les scènes d’actions ne sont pas franchement au top, dommage, car avec un casting aussi intéressant que celui-ci, on aurait pu faire beaucoup mieux, cependant, ce n’est que l’épisode d’introduction de cette mythique série qui offrira toute sa puissance dans les épisodes à venir.
« aurait pu faire beaucoup mieux »
c’est malheureusement un peu le trait commun des 14 épisodes, le héros a un formidable ‘background’ qui n’est jamais vraiment creusé (à part le 4ème épisode). Reste un vrai travail d’artisanat technique de studio typique de la Daiei tirant vers le haut tout les épisodes!
Bonjour Martin, c’est un plaisir de recevoir un commentaire de ta part, qui est la plupart du temps ,très pointu.Dommage, j’avais lu que le reste de la série était bien meilleure, avec quelques épisodes exceptionnels.Le quatrième serait donc le seul à être bien au dessus du lot.En même temps, avec des séries aussi longues, on ne peut pas avoir que du bon, surtout que je présume que celle-ci est passée entre les mains de plusieurs réalisateurs, à l’image de la série Zatoichi.J’essayerai donc , tout du moins, de voir les quatre premiers épisodes pour avoir une idée plus claire à ce sujet.Merci.
>avec quelques épisodes exceptionnels
le premier volet n’est pas franchement mémorable mais certaines autres itérations sont tout de même très conseillées et la série se suit tout de même avec grand plaisir. (la superbe photographie typique de la Daiei y étant certainement pour bcp). Les deux derniers (sans Raizo Ichikawa donc), sont très curieux et loin d’être mineurs, on y sent bien un studio qui en pleine débacle financière et n’ayant plus à ménager l’image de sa vedette, tente d’insuffler un contexte érotico-violent plus explicite au personnage (voir cette blessure à la forme très suggestive ^^)
C’est un peu comme la série des Zatoichi avec Shintaro Katsu, la série commence fort, puis se relâche mais offre sur les 26 épisodes, certains opus cultes, notamment avec Jimmy Wang et Toshiro Mifune. Je vais donc tenter de regarder la série des Sleepy Eyes of Death en entier, mais je ne pense pas l’avoir au complet, j’ai les quatre premier opus, je vais tenter de voir du coté de AnimEigo, qui vient de sortir la série en coffret à un prix raisonnable.Merci pour ces détails sur cette série que je connais que très peu, mais qui semble tout de même intéressante sur plusieurs points.