Giants and Toys
Titre original : Kyojin to gangu
Titre français : Les Géants et les jouets
Réalisé par : Yasuzo Masumura
Année : 1958
Pays : Japon
Genre : Comédie/Drame
Durée : 95 mins
Interprété par
Kawaguchi Hiroshi
Nozoe Hitomi
Takamatsu Hideo
Ono Michiko
Ito Yunosuke
Scénario : Quand trois compagnies de bonbons rivales se livrent à une guerre sans merci pour la suprématie sur le marché, World Caramels embauche une fille aux dents sales visibles pour être leur image publicitaire. Dans un monde de compétition et d’espionnage industriel, les bas instincts de cette star d’un jour deviennent une menace pour tous.
Critique
Entre A Vivacious Girl en 1957 et A Daring Man en 1958, Yasuzo Masumura réalise Giants and Toys, un film critiquant la société de consommation de l’époque avec grand talent, presque caricatural, doté d’une pointe d’humour, dans un contexte socio-économique, encore d’actualité aujourd’hui, tel que Giants and Toys pourrait encore aujourd’hui avoir un certain impact sur le public, voir même un plus gros impact qu’à l’époque de sa sortie, étant donné que la mondialisation et la publicité à outrance sont encore plus d’actualité dans nos civilisations contemporaines que dans le passé.
Rien que dans le titre du film, on y voit déjà l’enjeu, les géants (Giants) ici, sont représentés par les chefs d’entreprises, qui cherchent à tout prix à faire un maximum de bénéfices, en faisant travailler plus qu’il ne faut, leur employés (Les Toys = Les Jouets), pour arriver à leurs fins.
Giants and toys, c’est également une forte tendance à l’américanisation, tant au niveau des mentalités qu’au niveau de la société, notamment avec cette phrase-choc, « Si cela marche aux États-Unis, pourquoi cela marcherait-il au Japon? Parce que le Japon est l’Amérique. », chose tout à fait exacte, a une époque où le Japon est encore sous l’influence de l’armée américaine et où les goûts liés à la consommation sont de plus en plus sujets à une uniformisation, à une société de consommation de masse.
Dans Giants and Toys, les personnages sont également quelque peu caricaturés, comme Kyoko, une jeune femme qui deviendra mascotte de l’entreprise de production des caramels « Giant« , vivant son heure de gloire d’une célébrité éphémère.
C’est également Goda, un photographe mettant en avant les jeunes femmes, responsable de leur succès comme de leur chute, qui refuse cette société tout en vivant de celle-ci et le personnage de Nishi, l’un des plus importants du film, qui mélange un idéalisme de la jeunesse, mêlé à une connaissance de la morale et du respect qu’il montrera en toute fin.
Giants and Toys est un réel reflet d’une société malade, un monde qui se consacre au travail, un univers dans lequel seul compte les profits, les courbes de ventes, les manigances et les coups fourrés contre les entreprises concurrentes.
Mais, c’est également cette incroyable scène de promotion, avec Kyoko, la nouvelle star des caramels Giant, qui se fait photographier et aborder à chaque coin de rue pour signer un autographe, ce combat de distribution de produit gratuit entre l’entreprise Appolo et ses animaux et Giant et ses vêtements de l’espace.
De plus, Yasuzo Masumura ne réalise pas qu’une simple satire de la société, mais offre également une grande mise en scène.
Des mouvements de caméra amples qui donnent des airs de grandeur, des superpositions d’images d’un briquet et de la mécanique ou encore des scènes super kitsch, qui ne manquent pas d’originalité.
Au final, Yasuzo Masumura reste assez optimiste dans sa vision de la société, puisque la manipulation est renversée par le personnage de Kyoko, qui vit à présent sa condition de star en usant de sa supériorité d’idole pour refuser la pression de ses anciens partenaires économiques.
Masumura s’inscrit ici dans un mouvement suivi d’Oshima, Imamura et Fukasaku qui dénoncera les revers de l’économie japonaise, encore aujourd’hui d’actualité.
