Une Jeunesse chinoise
Titre anglais : Summer Palace
Autres titres : Yihe yuan / Palais d’été
Réalisé par : Lou Ye
Année : 2006
Pays : Chine
Genre : Drame
Durée : 140 mins
Interprété par
Hao Lei
Bai Xueyun
Guo Xiaodong
Cui Lin
Duan Long
Hu Ling
Producteur : Nai An
Directeur artistique : Liu Weixin
Monteur : Lou Ye
Directeur photo : Hua Qing
Scénario : Une folle histoire d’amour sur fonds de profonds bouleversements politiques dans la Chine de la fin des années ’80s, dont la passion va finir par dévorer tous les protagonistes principaux.
Critique
Entre Purple Butterfly en 2003 et Bodhi Tree en 2008, actuellement en cours de tournage, Lou Ye réalise Une Jeunesse Chinoise, un film à la totale liberté de mouvement, à la surprenante fluidité de caméra, mais également sur un sujet très polémique en Chine, qui font de ce film, un intéressant exercice cinématographie de la part du réalisateur.
Le réalisateur a réussi ici, à trouver un style tout particulier, en se libérant d’influences fortement ressenties dans ses précédentes œuvres, en nous offrant ici, une œuvre beaucoup plus naturelle.
On connait tous cette honteuse histoire sur ce film et l’interdiction simple de son auteur et de sa productrice, de toucher à tous ce qui à attrait au cinéma en Chine pendant 5 ans.
En effet, la Chine possède encore aujourd’hui, un système de répression d’un autre temps, prenant littéralement en otage, le réalisateur Lou Ye, lui fermant les portes de la libre pensée, enfermant celui-ci dans un carcan de réflexion autour de frontières déjà déterminées, une bien triste mesure quand on sait que son film, Une Jeunesse Chinoise, est tout simplement, l’un des plus beaux films que celui-ci est réalisé.
La Chine se prive donc elle-même d’un des plus grands talents du cinéma, sur la simple raison d’aborder une image trop néfaste du pays, de remettre à l’affiche, les événements de la place Tian An Men, et de montrer à l’écran, un homme et une femme dans leurs ébats sexuels.
Même si il le sait, Lou Ye s’affranchit de toute autorité pour réaliser son film, préférant dans un premier temps, de ne pas accepter la contrainte de son pays, brisant ainsi un bon nombre de tabous, comme la présentation de la sexualité à l’écran, un sujet pratiquement jamais abordé en Chine, même si les mœurs ont tout de même quelque peu changés, le sexe reste un sujet personnel à ne pas aborder en public.
Pourtant ici, dans Une Jeunesse Chinoise, la sexualité est loin d’être une provocation des barrières fixées par la censure chinoise, ici elle sert à faire parler les sentiments des deux protagonistes, à animé le personnage de Yu Hong, et à montrer la tension et le stress de l’amour qu’elle vit avec Zhou Wei.
Et c’est en même temps par l’agitation des événements de la place Tian An Men que Lou Ye se fera censurer, bien que ce sujet ne soit que très peu abordé dans ce film.
Dans Une Jeunesse Chinoise, l’amour prime bien au-dessus de toute tension politique, le film ne vise pas à montrer des événements de l’histoire, mais de dévoiler la vie des étudiants de cette époque et de leurs découvertes de l’amour libre et de l’insouciance des beaux jours.
Le film nous montre ainsi que personnages confrontés à leurs propres sentiments, qu’ils n’arrivent pas forcément à contrôler, en parallèle à la situation socio-économique de leur pays.
Et c’est sous l’apparence de Yu Hong, une jeune femme qui quittera sa province pour aller étudier à l’université de Pékin, quittant le monde de lycée pour entre dans l’univers libre de l’étudiant, elle rencontrera Zhou Wei, l’élément déclencheur de sa passion amoureuse d’une extrême intensité, cette histoire passionnante qui les conduira malgré eux, vers une douloureuse séparation malgré les années qui passeront.
Même si leu sujet du film traite de la passion et plus simplement de la jeunesse, Lou Ye modifie les codes du mélodrame basique pour réaliser un film prenant et poignant, bouleversant, d’une fluidité singulière, témoignant d’un assouvissement du désir de ne plus subir la domination arbitraire de son pays, en se sacrifiant pour le bien fait du cinéma international, Lou Ye marque à lui seul, un tournant du cinéma chinois en repoussant à nouveau la censure chinoise, acte de bravoure et de courage, afin de faire à la fois, changer le cinéma de son pays et les mentalités.
Une Jeunesse Chinoise est un film viscéral, aux qualités d’interprétations dramatiques excellentes et au montage maitrisé de Lou Ye.
Un film reflétant la liberté et la passion d’une époque révolutionnaire, dans tous les domaines qu’ils soient.
De plus, le DVD édité par Oceans Films offre une image très nette, une piste sonore en 5.1 d’un bon niveau, accompagné de bonus fort intéressant, permettant de nous replonger dans ce film et de découvrir les subtilités de son tournage, une belle édition de la part de l’éditeur sans qui je n’aurais pas eu l’occasion de découvrir cet incroyable film.
