Shanghai Triad
Autre titre : Yao a yao yao dao waipo qiao
Réalisé par : Zhang Yimou
Année : 1995
Pays : Chine
Genre : Drame
Durée : 105 mins
Interprété par
Gong Li
Li Baotian
Xiao Xiao
Ye Sun Chun
Li Xuejian
Scénariste : Bi Fei Yu
Directeur photo : Lu Le
Scénario : Dans les années 30, Shuisheng, un jeune garçon de la campagne est accueilli à Shanghai par son oncle qui l’introduit dans l’univers de la pègre. Il entre au service de la belle Xiao Jinbao, surnommée Bijou, la maîtresse du parrain d’une redoutable triade. Shuisnheng découvre un autre monde où passion, jalousie, trahison et soif de pouvoir co-habitent…
Critique
Entre ses films Vivre en 1994 et Keep Cool en 1997, Zhang Yimou réalise un film de genre sur la mafia chinoise vue par les yeux d’un jeune garçon de la campagne chinoise, Shuisheng, forcé de travailler pour la femme du chef, grâce à l’introduction de celui-ci par son oncle, appartenant à la famille Tang, une famille ayant depuis longtemps servit la mafia.
Shanghai Triad nous plonge donc dans les années 30, dans un milieu où la passion, jalousie et trahison se mélange entre rage et sérénité, entre monde rural et monde citadin.
Shuisheng va donc travailler aux côtés de son oncle, entrainé par ce dernier dans les quartiers aisés de Shanghai, pour qu’il découvre la vie de serviteur, un travail honorable auquel il devra s’y faire.
Malgré son jeu âge et son peu d’expérience, on lui confie le soin de s’occuper des désirs de Bijou, la femme du patron de la mafia.
Cette femme, interprétée par la magnifique Gong Li, est artiste, chanteuse et même danseuse de cabaret dans la ville de Shanghai, sous ses airs de dédain et son difficile caractère.
Shuisheng découvrira ainsi de ses yeux d’enfants, cet univers corrompu, où richesse et complots vont de pairs.
Certes, on ne s’attendait pas à ce que Zhang Yimou réalise ici, une oeuvre bien plus romanesque qu’à son habitude, nous interpellant sur les réalités de cette époque, sur les différents réseaux tissés par la mafia, jusque dans les hautes sphères de l’économie, comme le montre ces bâtisses monumentales, décorées de mille et un éclats de richesse.
Shaighai Triad amorce également cette nouvelle ambiance sino-européenne par sa mixité culturelle, en passant du smoking de grande classe à la douce musique typique des cabarets.
Et c’est surtout par l’interprétation de Gong Li, qui quitte le domaine du sociale d’un Qiu Ju pour un film sur la mafia, qui permet à Shanghai Triad de s’élever au-dessus de la moyenne, car il faut l’avouer, Gong Li nous offre ici, l’une des meilleures prestations, passant par diverses émotions, elle crève littéralement l’écran sur chaque scène de ce long métrage.
Avec un sens de la mise en scène et une photo soignée, Shanghai Triad nous montre la modernité et ses magouilles, abordées sous divers plans, au début comme à la fin, avec cette magnifique scène finale, d’un plan à l’envers, symbole d’une désillusion.
Certes, certains pourront retrouver à dire à cette œuvre cinématographique, par son coté clinquant qui donnait déjà un avant-goût de son éblouissant Wu Xia Pian, mais on ne peut nier la qualité présente dans Shanghai Triad, d’un point de vue scénaristique, formel et fondamental.
On remarquera aussi quelques petites erreurs de style comme un cadrage trop poussif et rapproché sur les personnages pour faciliter le soulignement de l’émotion, pourtant Zhang Yimou réalise ici une œuvre tout à fait correcte.
Au final, Shanghai Triad demeure une excellente fiction sur la mafia chinoise à travers les yeux d’un jeune garçon, encore innocent, qui découvre la cruauté du monde, via une superbe photographie, une musique de qualité et par l’interprétation de Gong Li, qui déjà à cette époque, montre d’évidentes qualités pour le monde du cinéma et de ses possibilités artistiques.
