Pan Yuliang, artiste peintre
Producteur : Yu Benzheng | Scénariste : Huang Shuqin | Directeur photo : Lu Le
Critique
Artiste un jour, artiste toujours, Huang Shuqin réalise ainsi un film sur la peintre Pan Yuliang, intitulé Pan Yuliang, artiste peintre, film de 1993, qui relate la vie de cette artiste particulière, ayant été confronté contre son gré au monde de la luxure en étant forcé de travailler dans une maison au plaisir en Chine dans laquelle elle fût violée par ses tenanciers, mais qui réussira tant bien que mal, à s’échapper pour se réfugier chez un haut fonctionnaire, qui abandonnera son statut et ses avantages pour cette jeune femme pour laquelle il tombe amoureux, sans savoir que quelques années plus tard, celle-ci deviendra une peintre de talent, mais difficilement reconnue dans son pays.
Pan Yuliang, artiste peintre est réalisé par une femme, Huang Shuqing, qui n’a pas hésité à choisir la célèbre Gong Li pour interprété le rôle principal et par conséquent celui de Pan Yuliang, un choix assez judicieux quand on connait le parcours de cette fameuse actrice, avec des rôles sacrément bien tenus, comme dans Shanghai Triad ou récemment dans La Cité Interdite et fatalement, un film réalisé par une femme dont le rôle principal est tenu par une femme, amène à se retrouver dans une œuvre qui traite en parallèle de la condition de la femme.
Ce qui est intéressant dans ce film, c’est de voir cette Chine des années 20 refusait le travail de cette incroyable artiste pour cause de nudité, car le modèle de sa plus belle peinture était une femme nue, en réalité, l’artiste elle-même, et comment son passé la rattrape, alors que celui-ci ne devrait en aucun cas être considéré par rapport à sa condition présente, entre les journaux criant que Pan Yuliang est une prostituée et les commérages sur la place qu’elle tient à l’université, une vision tout de même difficile pour le spectateur, qui ne peut que compatir au funeste destin de cette peintre au talent non reconnu pour un passé qu’elle ne pouvait maitriser.
Heureusement, Huang Shuqin n’est pas tombée dans la facilité en considérant tous les hommes comme des goujats, le mari de Yuliang représente l’homme parfait, un homme ayant choisi de tout quitter pour une femme, d’encaisser les pires souffrances, de lui conférer sa liberté, qu’importe ce qu’il l’en coute, jusqu’à même se séparer d’elle pendant plusieurs années, pour que celle-ci parte en France, pays reflétant ici la liberté d’expression, avec ses penseurs et ses universités d’arts, une image amusante quand on compare celle-ci, à la France d’aujourd’hui.
Au final, Pan Yuliang, artiste peintre est un film intéressant, cependant, la version que j’ai du voir ne devait pas être complète, voir peut-être censurée, car le film ne durait chez moi qu’une centaine de minutes alors que celui-ci est recensé sur internet comme durant plus de 120 minutes, qu’importe, cette biographie cinématographique d’une peintre de talent m’a réellement plu, cependant, voir défiler une vie entière en moins de deux heures nous fait prendre conscience que la vie est courte et qu’il faut en saisir chaque instant.