Shuffle
Réalisé par : Sogo Ishii
Année : 1981
Pays : Japon
Genre : Expérimental
Durée : 34 mins
Interprété par
Nakajima Yosuke
Mori Tatsuya
Takeda Kumiko
Muroi Shigeru
Arato Genjiro
Scénariste : Ishii Sogo
Histoire originale : Otomo Katsuhiro
Production : Dynamite Productions / ATG
Photo : Norimichi Kasamatsu
Musique : Hikashu
Son : Narmimitsu Hayashi/Morihiro Naito/Akihito Suzuki
Décors : Katsuro Ogami
Scénario : Un délire punk d’après Run, le manga d’Otomo Katsuhiro.
Critique
Entre son très mitigé Crazy Thunder Road en 1980 et l’une de ses meilleures œuvres punk, Burst City en 1982, Sogo Ishii réalise une œuvre complètement expérimentale, basée sur le manga de Otomo Katsuhiro, Run, une œuvre financée principalement par les recettes de son précédent film, tournée en une semaine à peine, Sogo Ishii choisit d’adapter ce manga de manière anarchique, sans demander à son auteur, même si celui-ci n’a pas été rancunier, le jeu était audacieux et c’est avec une caméra et quelques comédiens qu’il décide de mettre en scène ce film d’action qui retrace une course poursuite hallucinante qui ne cesse de continuer dans de frénétiques mouvements de caméra et de jeux sonores, aucun doute, Sogo Ishii est aux commandes de cette œuvre typiquement expérimentale.
Difficile tout de même de trouver dans Shuffle de véritables qualités, en effet, Sogo Ishii montre ce qu’il utilisera plus tard dans son Burst City, son jeu de caméra dans des courses poursuites acharnées et brutales, comme il a pu le faire pendant les scènes de voyage à moto, ici, il revisite plus ou moins l’œuvre de Katsuhiro, mais donne bien du mal aux spectateurs lambdas à s’attarder sur les finitions, peu de place à la finesse cinématographique et donc bien évidemment un manque certain sur l’intérêt de l’œuvre qui tourne autour de deux hommes, Hiroshi Kobayashi qui cherche dans les bas quartiers de Tokyo, Kimura, une minable petite frappe, alors que ce dernier tente de sortir de chez lui, Kobayashi l’interpelle et c’est le début d’une folle course poursuite, étrange et surréaliste, entre les essoufflements des protagonistes et les éclairages saturés, le cinéaste tente de mettre en avant des hallucinations visuelles au comble de l’effort physique entre une scène explicative de la situation que le spectateur est en train de vivre.
Ce passage qui vient en totale opposition au rythme du film est simplement fait pour nous expliquer la situation, la raison de la cavale de Kimura, avant de reprendre sa course effrénée entre les petites ruelles de Tokyo, par jeu de superposition d’un contraste sombre et de lumière colorée, l’étrangeté et le surréalisme font leur entrée, plongeant Kimura dans l’époque du lycée, parallèle de sa course actuelle, délire de la fatigue, énergie incontrôlée dépensée, que se soit par les acteurs ou par le jeu de caméra mis en place, de ce coté, c’est simplement incroyable de véracité et de ténacité, soutenue par une musique très rock et parfois punk.
Shuffle montre déjà à son époque la société bruyante d’Ishii, une société aux bouleversements industrielle parfois malsain, pourtant Shuffle reste « gentillet » à comparer à ses futures productions, malgré un coté brouillon, Shuffle montre les talents d’un cinéaste en plein essor, conscient de ses qualités et de ses capacités, un univers qui ressemble parfois à celui d’un Tokyo Fist ou d’un Bullet Ballet de Shinya Tsukamoto, marquant un spectateur du début à la fin, comme scotcher à l’écran par de limpides images amenées à sa rétine dans un punch énervé.
Au final, Shuffle montre les prémices de la grande route que suivra Sogo Ishii au cours d’une grande partie de sa carrière, un concentrée de ses compétences qui permettront par la suite à d’autres réalisateurs de continuer la voie qu’il a ouverte, celle du monde punk et délabré de Tokyo, malgré de faibles moyens, Shuffle réussit à être convaincant, grâce à l’énergie qu’il dégage jusqu’au dénouement brutal et barbare.
« Crazy Thunder Road » très mitigé??
you lost 3 mana points!
Salut Megane-kun,
Disons que j’ai pas follement apprécié Crazy Thunder Road comparé à ses autres films, notamment Burst City. Si je perd que 3 Mana points, çà va, j’ai encore de quoi poster une critique