Récit d’un propriétaire

Récit d'un propriétaire Cover

Titre anglais : The Record of a Tenement Gentleman
Titre original : Nagaya shinshiroku
Réalisé par : Ozu Yasujiro
Année : 1947
Pays : Japon
Genre : Comédie
Durée : 72 mins

Interprété par

Aoki Hohi
Ozawa Eitaro
Kawamura Reikichi
Iida Choko
Ryu Chishu
Sakamoto Takeshi

Scénariste : Ozu Yasujiro

Scénario : Un enfant perdu, juste après la guerre, est confié à une veuve bourrue qui ne cesse de le rabrouer et essaie de s’en débarrasser. Un jour, il s’enfuit et elle découvre l’attachement qu’elle a pour lui…

Critique

Entre son film Il était un père avant la seconde guerre mondiale en 1942 et Une Poule dans le vent en 1948, Ozu Yasujiro revient au registre du burlesque en 1947 avec Récit d’un propriétaire, proche de ses premières heures avec son cinéma muet et je dois dire que plus je découvre cet incroyable réalisateur, plus j’apprécie ses œuvres, notamment après avoir découvert What did the lady forget? et An Inn in Tokyo et je dois avouer qu’une fois de plus, je suis tombé sous le charme de cette œuvre cinématographique, considérée par certains comme une réussite mineure du cinéaste et pourtant même si il n’égal pas ses grandes œuvres comme Printemps Tardif, il en reste pas moins un très bon film d’Ozu Yasujiro, attendrissant, bourré d’émotion et de bons sentiments.

Récit d'un propriétaire image 1

C’est donc sous les traits de la relation d’une dame assez âgée et d’un petit garçon que l’histoire de Récit d’un propriétaire va prendre son sens, ce rapport entre une femme qui n’aime pas les enfants et ce jeune garçon errant dans la rue, rejeté par tous, traité comme un poids immense pour ces protagonistes trop égoïstes pour s’apercevoir du malheur de ce dernier, c’est chez Kohei qu’il finira par atterrir, cette dernière sera forcée de le garder, même après avoir tenté de retrouver son père ayant disparu suite à l’incendie de la maison dans laquelle il vivait avec son fils.

Kohei cherchera par tous les moyens à s’en séparer, entre signes de mécontentement et tentative de le semer sur le chemin, jusqu’à le considérer comme son propre fils, après avoir passé plusieurs jours avec lui.

Récit d'un propriétaire image 2

Récit d’un propriétaire possède un sujet assez banal, pourtant Ozu Yasujiro arrive à donner une âme toute particulière à son film et offre de grands objectifs par sa thématique très humaniste, comme le montre la conclusion de l’œuvre, concernant le changement de comportement de Kohei, qui s’est littéralement éprise pour ce petit bonhomme et ira même jusqu’à se maudire pour son mauvais comportement envers lui.

Ozu dépeint cette époque d’après-guerre délabrée où la plus petite chose est importante, d’un tuyau de caoutchouc à un billet de dix yens, le cinéaste nous montre par de subtils détails comme les détritus qui peuplent les rues ou ces vieilles bâtisses de bois, la déchéance de cette époque d’après-guerre malgré un optimisme palpable sur la condition de l’homme et sur les relations humaines entre génération, une fois qu’on apprend à connaitre autrui, immortalisé par la séquence de la photo de Kohei et du jeune garçon, ayant les mêmes gestes en commun, symbole de la ressemblance des hommes.

Récit d'un propriétaire image 3

C’est également cet incroyable passage, où les adultes se retrouvent tous ensemble assis les uns à côté des autres et se mettent à taper en harmonie sur un bol de saké avec des baguettes, pur moment d’euphorie admirablement mené par un chant du bonheur ancré dans les traditions japonaises, l’un des meilleurs passages du film selon moi.

On pourra également noter que Récit d’un propriétaire ressemble en un sens au film de Takeshi Kitano, L’Eté de Kikujiro, par l’usage d’une thématique commune, celle d’un enfant rejeté et au final aimé, ici par Kohei et par Kitano dans Kikujiro, tout comme une ressemblance pour les personnages interprétés par Aoki Hohi et Takeshi Kitano, chacun avec leur caractère trempé et dans les scènes du film, notamment le moment du pari dans les courses de chevaux pour le film de Kitano et le pari à la loterie chez Ozu Yasujiro.

Récit d'un propriétaire image 4

Au final, Ozu réalise ici une comédie humaniste, une fable touchante et amusante qui se termine tout de même sur une séquence assez pessimiste avec ces multiples enfants abandonnés dans le parc, dont certains jouent ensemble et d’autres fument les mégots qu’ils trouvent, au fond, Ozu nous montre qu’il y a tant à faire pour que chaque enfant puisse trouver le bonheur d’être aimé suite à une période de guerre ayant laissé de nombreux orphelins.

Selon moi, Récit d’un propriétaire est un film à voir dans la filmographie de cet excellent cinéaste et une œuvre tout à fait convaincante dans le panorama des œuvres cinématographiques japonaises.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Récit d'un propriétaire de Ozu Yasujiro
Note
31star1star1stargraygray