Contes de la lune vague après la pluie
Titre Original : Ugetsu monogatari
Réalisé par : Kenji Mizoguchi
Année : 1953
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 1h34
Interprété par
Masayuki Mori
Machiko Kyô
Kinuyo Tanaka
Eitarô Ozawa
Ikio Sawamura
Mitsuko Mito
Kikue Môri
Compositeur : Hayasaka Fumio
Scénariste : Yoda Yoshikata
Directeur photo : Miyagawa Kazuo
Scénario : Au XVIème siècle, dans un petit village japonais. Un potier est persuadé que sa délivrance viendra de son art; il néglige ainsi femme et enfant pour se lancer dans une course effrénée à la rentabilité et à la compétitivité. De son côté, son beau-frère rêve de devenir un samouraï, même au prix du sang. Leur rêve de grandeur sera écrasé par les troubles qui régissent le Japon d’alors.
Critique
Entre, La Vie d’O’haru femme galante en 1952 et Les Musiciens de Gion en 1953, Kenji Mizoguchi réalise un film, considéré comme l’un de ses plus grands chefs d’œuvres et surtout l’un des plus grands films du cinéma international, même encore aujourd’hui. Contes de la lune vague après la pluie restera dans les mémoires durant plusieurs décennies et reflète l’une des œuvres les plus précieuses du cinéma japonais.
Dans un domaine qu’il maitrise à la perfection, Mizoguchi livre une œuvre à la limite du réel et de l’irréel, un mélange d’oeuvre sociale et d’épouvante, attachée à une mise en scène précise et maitrisée, il n’y a pas de doutes, Contes de la lune vague après la pluie est un pur chef-d’œuvre. Le scénario est le suivant, durant le XVIe siècle, l’ère Edo, les villages sont constamment pillés par des brigands (des samouraïs profitant de leur supériorité par rapport aux simples paysans), et Mizoguchi dépeint cette époque de manière admirable sous les traits de quatre personnages initiaux.
D’un coté, Genjuro qui profite de la guerre pour vendre ses poteries, son seul véritable trésor à ses yeux, et sa femme, Miyagi, qui elle souhaite une vie paisible, loin du sang et de l’incertitude du lendemain. Ils ont ensemble un fils, que l’un regarde avec vanité et l’autre avec amour. Dans ce couple, on remarque que Genjuro est le chef de famille, qu’il dirige le couple, notamment lors de la première scène du film, où il impose à sa femme de rester au village pour s’occuper de leur enfant.
De l’autre coté, dans la maison d’en face, on retrouve le couple Tobei/Ohama, en totale opposition à Genjuro/Miyagi. En effet, Ohama porte la culotte et se moque de son mari Tobei, lorsque celui-ci annonce qu’il veut devenir un samouraï célèbre. Genjuro, suite à un excès de vanité et de volonté de s’enrichir, va tenter de vendre ses poteries dans le village voisin, pour sauver sa famille de la misère de la guerre. Il va donc abandonner sa femme pour partir en barque avec son ami Tobei, laissant derrière eux, leurs femmes.
Un voyage dans une rivière brumeuse, inanimée, à la limite du cauchemardesque qui se renforcera par la rencontre d’un homme à demi mort, les menaçant presque de leur donner de l’eau…le décor est posé, Contes de la lune vague après la pluie n’est pas une œuvre comme les autres.
Cette ambiance particulière de Contes de la lune vague après la pluie se retrouve également dans la rencontre de Genjuro et d’une noble dame accompagnée d’une vieille servante, un visage blafard qui intrigue très rapidement le spectateur et en même temps, notre bon vieux Genjuro.
Cette dernière l’invitera dans sa demeure, pour que ce celui-ci puisse lui livrer des poteries qu’elle a précédemment réservées lors de sa rencontre avec Genjuro. Celle-ci se révélera l’opposée de celle qu’elle prétend être et provoquera le tourment de Genjuro.
Contes de la lune vague après la pluie est un film à voir absolument, le film qui reflète au mieux le cinéma de Mizoguchi, une oeuvre qui utilise les points essentiels de son domaine de prédilection, la défense des femmes et de leurs conditions, une théâtralité maitrisée, une mise en scène de qualité, une oeuvre d’un cinéaste au sommet de son art.