Où sont les rêves de jeunesse ?
Titre Anglais : Where are the dreams of youth?
Titre Original : Seishun no Yume Imaizuko
Autres Titres : Où sont nos rêves de jeunesse?
Réalisé par : Ozu Yasujiro
Année : 1932
Pays : Japon
Genre : Comédie dramatique
Durée : 85 mins
Interprèté par
Ureo Egawa
Kinuyo Tanaka
Tatsuo Saito
Haruo Takeda
Ryotaro Mizushima
Kenji Oyama
Chishu Ryu
Takeshi Sakamoto
Chouko Iida
Ayako Katsuragi
Satoko Date
Kaoru Futaba
Scénariste : Noda Kogo
Scénario : Tetsuo (Ureo Egawa) mène une vie insouciante à l’université jusqu’au jour où son père décède. Il doit abandonner ses études et lui succéder à la tête de l’entreprise familiale. Il va faire embaucher ses anciens camarades. Mais peut-il toujours exister entre eux les mêmes relations d’amitiés et d’égalité qu’autrefois ? Surtout que le patron et l’un de ses compagnons employé sont tous deux amoureux de la même femme…
Critique
Entre Choeur de Tokyo en 1931 et Gosses de Tokyo en 1932, Ozu Yasujiro adapte une pièce de Meyer-Foester sous le titre Où sont les rêves de jeunesse ?, une œuvre vue dans sa version originale sans accompagnement sonore qui engendre ainsi un profond silence de presque 90 minutes, qui pourraient en déranger plus d’un et pourtant, cette œuvre de Yasujiro est une petite merveille du cinéma à l’intérêt non négligeable.
Et Où sont les rêves de jeunesse ? présente à cette époque cette influence certaine du cinéma hollywoodien qui disparaitra peu à peu durant la carrière du cinéaste pour se tourner vers l’univers de l’intérieur des maisons japonaises traditionnelles.
On ne peut s’empêcher de voir que la mise en scène du film est comme à son habitude très minimaliste et loin de celle qu’il utilisera plus tard dans ses plus grandes œuvres, mettant en valeur les acteurs et le scénario de son œuvre du plus bel effet.
Pourtant, Où sont les rêves de jeunesse n’est pas un chef-d’œuvre, malgré d’évidentes qualités scénaristiques et émotionnelles, qui plairont peut-être davantage aux plus jeunes par son thème, notamment les différentes scènes de franche amitié entre les différents protagonistes de l’histoire.
Et c’est d’ailleurs cette liaison épatante qui va devenir le cœur de l’histoire, une relation estudiantine entre tricheries et scène de Shogi, une scène tout à faite exceptionnelle embaumée d’une éternelle insouciance.
Ozu Yasujiro passe librement et doucement de la comédie, notamment avec la scène du discours inaugural du nouveau président après l’horrible discours du vice-président, lourd et interminable au drame, avec le trio amoureux de deux hommes pour une seule femme, l’un étant le patron du second et la dernière étant elle-même, employé de celui-ci, une rivalité très intéressante pour les amateurs de scènes au dilemme imposant.
Une chose est sure, Ozu parle du déclin de la famille japonaise, mais ici le sujet change quelque peu tout en gardant une évidente compréhension universelle qui touchera chacun des spectateurs s’aventurant dans le monde incroyable de ce cinéaste.
Ozu réussit dans ses films, à représenter une famille traditionnelle japonaise dans laquelle on peut reconnaitre sa propre famille et parfois le spectateur lui-même, dans le portrait de ces personnages criants de vérité.
Où sont les rêves de jeunesse symbolise sans doute cette jeunesse trop vite devenue adulte, notamment ce jeune héros qui perd sa jeunesse en étant propulsé en tant que chef d’entreprise après la mort de son père, tout en cherchant à garder ses amis, une bien belle histoire d’amitié, tout à fait convaincante par la mise en scène d’Ozu Yasujiro, même si on ne peut pas qualifier Où sont les rêves de jeunesse de chef d’œuvre.
En effet, on ressent encore dans ce film, l’influence hollywoodienne du cinéma contrairement à son film Gosses de Tokyo, dans lequel on peut déjà déceler un néo-réalisme latent, pourtant Où sont les rêves de jeunesse est un véritable régal. Entre coup de travelings et sens du burlesque, Ozu Yasujiro insuffle une spontanéité grandissante dans son œuvre.
Au final, Où sont les rêves de jeunesse pourrait surprendre ceux ne connaissant pas ce fabuleux réalisateur, ceux qui peuvent penser que ce dernier n’est qu’un cinéaste austère et difficile d’accès, ici, Ozu Yasujiro réussit une œuvre concrète sur la jeunesse et l’amitié.
Retenons ainsi que les inégalités sociales ne doivent en aucun cas entamer une belle amitié, Ozu montre déjà à cette époque ce dont il est capable, malgré une influence encore forte du cinéma hollywoodien.
