Equinox Flower
Scénaristes : Noda Kogo & Ozu Yasujiro | Directeur artistique : Hamada Tatsuo | Monteur : Hamamura Yoshiyasu | Directeur photo : Atsuta Yuharu
Critique
Entre Crépuscule à Tokyo en 1957 et Bonjour en 1959, Ozu réalise Equinox Flower, un drame qui une fois de plus, s’attache à nous montrer les relations intergénérationnelles, ici représentées par un père et sa fille, ayant deux visions opposées du mariage, l’une cherche à vivre son amour en bravant les conventions sociales de l’époque, alors que son père lui, cherche à marier sa fille à un riche jeune homme de bonne famille, qu’importe si celle-ci l’apprécie, pour lui, il faut laisser le temps agir pour que l’amour naisse entre deux êtres, ainsi la confrontation entre ces deux mondes sera le centre de ce Equinox Flower.C’est d’ailleurs de manière ironique qu’Ozu livre son film, puisque la scène d’ouverture est un discours durant un mariage d’amour où le père de la mariée fait un discours sur les bienfaits de ce type de mariage alors que lui-même est marié par intérêt, tout en sachant qu’Ozu s’attachera dans les deux heures suivantes à décrire la lente acceptation d’un père du mariage d’amour de sa fille.
Equinox Flower est un beau film de fin de carrière, premier film en couleur du réalisateur et produit par la Shochiku, même si son film Bonjour, réalisé un an après, marque le réel usage de la couleur de manière bien plus symbolique avec laquelle il réussira à donner à son décor un univers enfantin très coloré et saturé.Ici, la couleur n’est utilisait que pour souligner quelques détails, comme une théière ou encore un vêtement porté par un protagoniste, toujours suivit d’une mise en scène de la plus grande retenue, comme dans tous ses films et toujours du plus bel effet, en enchainant des plans réguliers entre chaque dialogue des protagonistes, ces derniers sont très peu souvent dans le même cadre, Ozu aime filmer de cette manière, un homme, un plan, un discours, comme ci ce dernier s’adressait directement à nous, comme si nous étions concernés par ce qu’il se déroule sous nos yeux et bien évidemment, c’est une belle réussite.Comparé aux autres œuvres du réalisateur, ce Equinox Flower use d’un ton léger, tout du moins plus léger que d’habitude mélangé à quelques scènes mélodramatiques permettant d’équilibrer la charge émotionnelle du film, avec comme toujours les éléments clés : les difficultés de communications entre générations, une vision certaine des salarymans japonais, quelques scènes de dégustations alcoolisées entre hommes, quelques passages de discours féminins sur la liberté d’agir à leur guise, quelques penchants pour de vieux comportements traditionnels, ainsi que cette incroyable scène de chants après avoir bus quelques verres.
Par contre, certains y verront quelques erreurs, notamment au niveau de la réalisation, avec quelques longueurs et la règle des 180° bizarrement non respectés dans Equinox Flower et même quelques cadrages un peu moins précis qu’à son habitude, mais en même temps, qu’en on s’attarde à regarder un film d’Ozu, il est nécessaire de savoir dans quoi on se lance, sous peine parfois d’être déçu et de ne pas accrocher, même si pour moi, j’ai du mal à penser qu’on ne peut apprécier Ozu.Au final, Equinox Flower est un joli film, fin et intelligent, peut-être un peu plus dure à suivre que ses autres productions, mais reste une oeuvre sociale importante dans le paysage du cinéma japonais qui nous montre une fois de plus, un certain regard sur les relations intergénérationnelles qui ne manquent pas de vous intégrer profondément dans cette histoire universelle.
httpv://www.youtube.com/watch?v=JVvTvABHE_g
