Maborosi
Critique
Maborosi est l’un des premiers films de Koreeda Hirokazu qu’on a eu l’occasion de voir en France, pour ma part, il s’agit du troisième film que je vois de ce réalisateur, notamment après avoir vu son film After Life et Distance, c’est donc dans un terrain plus ou moins connu que je m’engage et bien évidemment, j’ai retrouvé les mêmes éléments qui ont fait ses futurs films, cependant, à un moindre niveau, Koreeda Hirokazu n’avait selon moi, pas encore tout le potentiel dont il recèle aujourd’hui, néanmoins, cela ne signifie en rien de la qualité de Maborosi, au contraire celui-ci est de bonne facture, il manque simplement d’expérience, si on peut dire ainsi, la critique de l’époque n’avait d’ailleurs pas hésité à le dire par le fait que Maborosi s’imprègne d’éléments vus dans les films d‘Ozu ou encore Hou Hsiao Hsien, depuis Koreeda Hirokazu a bel et bien trouvé sa voie, notamment avec le bouleversant Nobody Knows, une dizaine d’années plus tard.
Tout comme After Life et Distance, Koreeda parle dans Maborosi de la difficulté de vivre avec la mort d’un proche, ici sous les traits d’un jeune père de famille, interprété par Asano Tadanobu, qui se suicide sur une voie ferrée sans raison apparente alors que son couple vivait en parfaite harmonie, laissant son épouse pleine de questions et de tristesse, ainsi que son fils de 3 mois à l’abandon. Quelques mois plus tard, pour tenter d’oublier et d’aller de l’avant, elle se remarie avec un homme préalablement choisi et déménage dans un petit village côtier où elle devra se familiariser avec sa nouvelle famille et vivre avec ce lourd fardeau que son ancien mari lui a laissée. Koreeda dépeint ainsi dans Maborosi les beaux jours d’un couple idéal dont la vie leur sourit jusqu’à la vie avec le drame de la mort d’un proche, que ce soit sur le plan pratique et psychologique, c’est une œuvre sensible et délicate, une habitude chez Koreeda qui semble être fortement touché par ce problème du Japon. L’œuvre fait place à un déroulement lent et contemplatif, la caméra ne fait qu’être spectatrice des événements et des émotions que les personnages transcrivent, c’est comme toujours chez Koreeda, un effet quasi documentaire qui est emprunté pour la réalisation, on laisse parler les sentiments, on oublie le temps qui passe et on se plonge dans cette histoire poignante sans réfléchir.
Maborosi comporte des qualités, aucun ne doute à ce sujet, le travail sur le son donne un vrai cadre à l’histoire, malheureusement, Koreeda, à cette époque, ne semblait pas encore maitrisé l’aspect formel de son œuvre, c’est souvent sombre, la photographie n’est pas exceptionnelle et le scénario manque parfois de subtilités pour nous transporter complètement, quelques erreurs de parcours qu’on lui pardonne bien volontiers quand on voit le niveau qu’il détient à présent, il est bien normal de faire des erreurs dans le passé pour les comprendre et évoluer.A travers une rare tranquillité, Maborosi reste un film de qualité, que l’on oublie pas si rapidement que cela et ne peut nous laisser indifférent, ce n’est pas encore la grande réussite qu’il fera quelques années plus tard, mais un intéressant travail qui mérite d’être vu.