Dragnet Girl

Dragnet Girl
Aka : Femmes et Voyous | 1933 | Japon | Policier | 100 mins | Un film de Ozu Yasujiro | Avec Tanaka Kuniyo, Oka Joji et Mitsui Hideo
Scénario : Le jour, Tokiko travaille comme secrétaire et la nuit elle retrouve le gang de Jyoji. Hiroshi, étudiant, rejoint le gang. Jyoji tombe amoureux de Kazuko, la sœur de Hiroshi. Quand Tokiko découvre cette relation, elle essaie d’intimider Kazuko, mais finit par l’apprécier et décide de remettre Jyoji dans le droit chemin…

Critique

Dragnet Girl de Ozu Yasujiro est typiquement ce qu’on définie comme un ovni dans la filmographie du réalisateur, en effet, connu pour avoir réalisé tout au long de sa carrière, des drames sociaux emprunt parfois de comédie, sur les relations intergénérationnelles de la famille typiquement japonaise, ici avec ce film de l’époque muette, Ozu Yasujiro s’essaye au film noir, teinté d’une forte influence américaine, comme l’avait fait Akira Kurosawa avec par exemple, Chien enragé ou encore Mizoguchi, avec les Femmes de la Nuit dans un registre quelque peu différent et pourtant, c’est bien face à un film policier assez sombre, que l’on retrouve Ozu derrière la caméra, avec ses gangsters au look américain des années 30, costume-cravate et chapeau, cigarette et salle de billard, de la musique qui swing et un peu de boxe, aucun doute, on est bien dans un film très emprunt à la culture américaine qu’Ozu aimait tant.

On sent qu’avec Dragnet Girl, Ozu cherche a emprunté ou tout du moins à se rapprocher de manière narrative et esthétique au polar américain en l’adaptant dans un univers social et politique japonais, on est tout de même chez Ozu, alors l’histoire se passe tout de même au Japon et non dans une grande ville américaine avec une intrigue typique de l’époque dans laquelle on découvre un homme piégé entre l’amour qu’il porte à une femme un peu malfamée qui cherche à marcher droit dans la vie et une jeune femme travaillant dans un magasin de musique classique dont son frère souhaite rejoindre les rangs de ce gangster.D’un point de vu technique, Ozu filme d’une manière bien différente, proche de l’expressionnisme parfois complétèrent à l’opposé, il est vrai que Dragnet Girl semble être l’un des films les plus longs d’Ozu, car, celui-ci n’offre pas toute la dimension dramatique et humaine de ses drames sociaux même si évidemment, la tragique fin vient ajouter cette petite touche de tristesse qui est nécessaire au spectateur.

Mais alors pourquoi a-t-il réalisé Dragnet Girl, à vrai dire, surement par défi, par goût de l’aventure, par amour pour la culture occidentale qui lui plaisait tant ou peut-être pour faire face au cinéma qui l’opposait à l’époque, comme le feront d’ailleurs beaucoup de réalisateurs comme Kurosawa ou Oshima, qui iront bien plus loin qu’Ozu dans leur occidentalisation avant de se reconcentrer sur leur archipel d’origine.The Dragnet Girl est donc avant tout une curiosité qui n’est pas indispensable à la filmographie du réalisateur, mais qui permet de découvrir un autre visage d’Ozu qui avec ce film a tenté de faire face à l’occident par l’imitation de leur genre, que ce soit une réussite ou pas.

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Résumé
Date de la critique
Titre du film
Dragnet Girl de Ozu Yasujiro
Note
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