Good Morning
Titre original : Ohayo
Titre français : Bonjour
Réalisé par : Ozu Yasujiro
Année : 1959
Pays : Japon
Genre : Comédie
Durée : 95 mins
Interprété par
Sada Keiji
Kuga Yoshiko
Miyake Kuniko
Ryu Chishu
Sugimura Haruko
Tono Eijiro
Sawamura Sadako
Tanaka Haruo
Scénaristes : Noda Kogo & Ozu Yasujiro
Scénario : À une époque où le progrès fait son apparition dans les ménages, deux jeunes garçons ne rêvent que d’une chose: que leurs parents achètent un téléviseur. Ils ont beau aller regarder les combats de sumo en cachette chez une voisine, leurs parents ne semblent pas vouloir céder à ce nouveau caprice. Les deux garçons vont donc finir par décider de ne plus prononcer un seul mot pour augmenter la pression sur leurs parents et faire évoluer la situation…
Critique
Entre son film Herbes Flottantes en 1959 et Fin d’automne en 1960, Ozu Yasujiro nous livre une comédie amusante, intitulée Good Morning et je dois dire que c’est toujours un bonheur de retrouver cet incroyable talentueux réalisateur encore à notre époque, car les films d’Ozu restent indémodables et toujours aussi imposants.
Film atypique, Bonjour est une vraie comédie comme Ozu le faisait à ses débuts, jouant sur le burlesque, ici la pétomanie de certains de ses personnages, lui permet d’humaniser son œuvre et de la rendre amusante, soutenue par une entrainante bande-son, légère et apaisante, un vrai bonheur de cinéphile.
À l’opposé de son film Récit d’un propriétaire dans lequel l’optimisme de la cohabitation était de rigueur dans une période d’après-guerre où chacun doit se soutenir, ici dans Good Morning, la communauté n’existe plus, les gens habitent chacun dans un bâtiment rudimentaire, à l’image d’une habitation américaine, avec le confort qu’elle procure et ainsi, l’égoïsme de chacun se fait sentir peu à peu, dramatise le moindre événement, comme l’emprunt d’une bouteille non rendu ou tout simplement quelqu’un n’ayant pas dit « bonjour » à un autre, pourtant cette résidence est vivante et presque bourgeoise, notamment avec l’arrivée des appareils de luxe à l’époque, comme la télévision ou les laves-linges.
Good Morning est une véritable chronique sociale, possédant une joie de vivre palpable, d’une simplicité grandiose, le tout dans un regard serin de notre réalisateur talentueux, qui est ici un véritable spectateur de l’intimité de chacun, épiant chaque conversation, par l’usage de plans fixes, tout en prenant soin d’avoir un plan par protagoniste, les rendant ainsi plus humain et surtout plus unique, suggérant un intérêt du spectateur pour chacun d’entre eux.
Ozu est souvent considéré comme un réalisateur austère par ceux qui ne le connaissent pas, il est vrai que son soin du détail au cadrage et aux jeux de scène des acteurs millimétrés n’était pas en sa faveur pour qu’on l’apprécie, mais la qualité finale de ses ouvrages en démontre pourtant leurs efficacités.
La trame scénaristique de Good Morning est très fine, quasi inexistante, suivant simplement le quotidien d’une famille confortable, mais qui refuse de faire partie de cette nouvelle génération de consommateur, situation que les deux enfants de la famille ne peuvent plus supporter et tentent quotidiennement de demander à leur père l’achat d’une télévision, télé que leur ami voisin possède déjà depuis longtemps, sur laquelle les matchs de sumo sont quotidiens et ou les cours d’anglais reste dans leur cartable.
Sans obtenir gain de cause, les deux garçons finissent par débuter une grève de la parole jusqu’à obtenir l’objet de leur désire, ici considéré comme étant l’instrument de la bêtise, idée que soutient le réalisateur dans ses films, mais également en dehors de ses films.
Coté interprétation, Ozu dirige une fois de plus à merveille les deux jeunes bambins, dont le plus petit est franchement très bon, les enfants sont réellement au centre du film, Good Morning n’a pratiquement aucun défaut, peut être parfois, de petites longueurs, mais l’ensemble du film est excellent, les détails des décors travaillés, les jeux de caméra incroyablement talentueux, un score qui reste longtemps dans nos esprits, un Ozu quelque peu atypique, drôle et très moderne, un chef d’œuvre du cinéma classique japonais.
Ozu, indiscutablement un de mes réalisateurs préférés. Bonjour est un bon film pour celui qui veut découvrir ce cinéaste à l’image du Japon, c’est à dire entre modernité et tradition. On disait de lui que c’était le plus américain des réalisateurs japonnais…
A voir aussi, Le voyage à Tokyo, du même réalisateur. Un des plus beau film sur la vieillesse que j’ai jamais vu ! Mais un jour je prendrai probablement le temps de développer tout ça aussi sur mon blog.
A bientôt,
Bravo pour ton site.
Merci de votre commentaire « Jane Doe », très amusant comme pseudonyme au passage.
Effectivement, Ozu est un maitre du cinéma japonais, j’en suis devenu accroc après avoir vu quelqu’un de ses films et depuis, je suis un vrai mordu de son travail.
Certaines de ses œuvres reflètent en effet à la perfection cette nuance de modernité et de tradition, avec un cadrage toujours aussi personnel.
Je n’ai pas encore vu Le Voyage à Tokyo, j’espère pouvoir me le procurer un jour en DVD pour le visionner, car selon certains cinéastes, ce film est le plus beau des films d’Ozu.
Merci pour les compliments pour mon site, c’est toujours un plaisir de voir qu’il plait.
Une perle du réalisateur japonais qui lorgne avec bonheur vers la comédie.
C’est émouvant au possible. Une des oeuvres les plus abouties d’Ozu.
Heureux de l’entendre dire. Très bon site Zero de conduite, il m’arrive de lire certains de tes articles.