Le Sang Séché

Le Sang Séché Cover

Titre anglais : Blood Is Dry
Autres titre : Chi wa kawaiteru
Réalisé par : Kiju Yoshida
Année : 1960
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 87 mins

Interprèté par

Sada Keiji
Sano Asao
Kashigawi Yuuko
Yoshimura Mari

Mikami Shinichiro
Iwasaki Kaneko

Producteur : Sasaki Takeshi
Compositeur : Hayashi Hikaru
Scénariste : Yoshida Yoshishige (Kiju)
Monteur : Sugihara Yoshi
Directeur photo : Narushima Toichiro

Scénario : Pour protester contre le plan de licenciement de son entreprise, Takashi Kiguchi tente de se suicider à l’aide d’un pistolet. Largement relayée par la presse, la nouvelle du sacrifice de Kiguchi, qui a échappé de peu à la mort, se répand dans tout le pays. Yuki, qui travaille au service de communication des assurances Shôwa Seimei, a alors l’idée d’utiliser le désormais célèbre Kiguchi pour une campagne publicitaire…

Critique  

À peine trois mois après avoir réalisé son premier film, Bon à rien, Kiju Yoshida revient avec Le Sang séché, nouvelle production spécifiquement dédiée au public japonais, peinture d’un Japon noir d’après-guerre au même nom qu’un Shohei Imamura ou d’un Oshima Nagisa, le jeune cinéaste met en scène un drame humain engendré par une société égoïste tout en s’interrogeant sur la place des médias de l’époque, de la presse, du marketing, de la publicité et de l’opinion publique, le tout sous la personne de Takashi Kigushi qui, pour protester contre un licenciement abusif de l’ensemble des salariés de la société pour laquelle il travaille, va tenter de mettre fin à sa vie, en tentant de se suicider à l’aide d’un pistolet en plein milieu de l’annonce de cette terrible nouvelle aux cotés de ses collègues de travail, le ton est donné, Kiju Yoshida nous offre une vision noire du Japon.

Le Sang Séché image 1

Le réalisateur montre ainsi dans cette situation avec Le sang séché, une société malade et la possible guérison de celui-ci au travers de Kiguchi, relié par les médias, qui deviendra l’icône des assurances pour la vie de la société Showa Seimei, enchainant les publicités et les coups promotionnels, alors que Kiguchi reste fondamentalement honnête et ne cherche pas à profiter de sa situation, il est prêt à mourir pour son pays, pour le bonheur de chacun, comme il le dit à nombreuses fois, dans l’intimité ou au public, celui-ci sera forcé de revivre sa tentative de suicide, simplement pour le bien fait de la société, pour vendre une image formatée de la vie japonaise.

Le Sang Séché image 2

Kiguchi trouve alors l’assurance financière, mais celui-ci perd peu à peu ce qu’il était, l’homme qu’il était, les idées qu’il soutenait et c’est cette grande affiche à son effigie mise en place sur la façade de l’immeuble de la société d’assurance, qui va le mettre face à lui et à sa timidité maladive et à la confiance qu’il pense obtenir des gens qui le soutiennent, mais c’est oublier que le système est fondamentalement mauvais.
Tout en renouvelant ses arguments sociaux déjà énoncés dans son premier film, Kiju Yoshida apporte ici une dimension politique à son oeuvre qui n’était pas présente jusqu’à maintenant comme la tentative d’assassinat de Kiguchi par un nationaliste qui le considère comme un traitre de la nation ou encore ce journaliste qui ne voit en lui qu’un pantin qui cherche à berner la société japonaise, celui-ci sera amener à éviter de nombreux pièges du monde journalistique, un monde à scandale où l’argent vaut bien plus que tout, que celui-ci reflète la réalité ou pas, elle fait et défait les héros d’un jour, un monde sans aucune pitié.

Le Sang Séché image 3

Le Sang séché ressemble dans une certaine mesure, au film de Yasuzo Masumura, Giant and Toys, dans sa vision du monde médiatique, sa puissance conductrice, sa rapidité d’exécution, tout comme le rythme du film, qui file au galop, jusqu’à se terminer d’une finalité évidente, d’une profonde noirceur qui pause les fondements du film, les personnages comprennent alors la réalité dans laquelle ils vivent, une réalité montée de toutes pièces, illusoire. Kiju Yoshida nous offre, avec Le sang séché, une chronique dramatique sous les traits d’un personnage réel qui n’arrive pas à échapper à son rôle de victime, sous les traits d’une société manipulée, inconsciente des ses problèmes, dans l’éphémère instant d’une société figée qui comprendra l’inutilité des ses espérances dans la personne de l’agent de Kiguchi, qui à la fin du film, n’a plus aucune emprise sur la vedette de la Showa Seimei.

Le sang Séché image 4

Au final, pour son second film, Kiju Yoshida s’attaque à la société japonaise de son époque et de son système médiatique, que ce soit du coté des ouvriers ou des riches patrons d’entrepris, de cette société qui n’écoute que le profit, qu’à l’aspect immatériel des choses au détriment de l’individu, de leur exploitation jusqu’à leur destruction totale. Tourné dans un magnifique scope en noir et blanc et sur un fond jazzy, Kiju Yoshida réussit avec Le sang séché, une belle œuvre sociale après son premier film Bon à rien, il montre qu’il fait parti du mouvement contestataire du Japon.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Le Sang Séché de Kiju Yoshida
Note
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