Labyrinth of Dreams

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Titre original : Yume no Ginga
Titre français : Le Labyrinthe des Rêves
Réalisé par : Ishii Sogo
Année : 1997
Pays : Japon
Durée : 90 mins
Genre : Drame

Interprété par

Asano Tadanobu
Komine Rena
Kyono Kotomi
Mano Kirina

Monteur : Suzuki Kan
Directeur photo : Kasamatsu Norimichi

Scénario : Dans les annees trente, au Japon, Tomiko exerce la profession de receveuse pour une compagnie de bus. Niitaka, jeune homme charmant, y est engage comme chauffeur. Il choisit Tomiko comme equipiere. Cependant la jeune fille se mefie car son amie Tsuyako, fiancee a Niitaka, est morte dans des circonstances mystérieuses. Une rumeur court sur un conducteur de bus qui tuerait en serie ses équipières en invoquant un accident de la route. Mais peu a peu, malgré ses craintes, Tomiko va ceder a la tentation et tomber amoureuse de lui…

Critique

Entre son film August in the Water en 1995 et Gojoe en 2000, Ishii Sogo réalise une œuvre atypique qui confirme encore son talent durant les années 90 avec Labyrinthe des Rêves, un cinéaste moins connu en occident qu’un Takeshi Kitano, mais pourtant tout aussi important dans le paysage du cinéma japonais, il a réussi à se faire connaitre réellement grâce à son film Burst City, un film à l’univers cyberpunk.
Et avec son Labyrinth of Dreams, Sogo Ishii nous livre une œuvre unique, esthétiquement intéressante et profondément intimiste.

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L’histoire de Labyrinth of Dreams est la suivante, au Japon dans une époque difficile à cerner, une jeune femme devenue poinçonneuses de tickets de bus pour une compagnie de transport tombe petit à petit amoureuse d’un nouveau chauffeur de bus qu’elle accompagne durant ses tournées, alors que sa défunte cousine, qui était sorti avec lui précédemment, lui explique par une lettre post-mortem, que celui-ci semble être un tueur en série de poinçonneuses, alors qu’une relation étouffante commence à se lier entre les deux protagonistes, jusqu’au jour de l’accident.

Le film s’ouvre donc sur une narration en voix off qui nous raconte un accident survenu il y a quelque temps, un incident entre un bus et un train, au moment d’un passage à niveau, avec au bilan, la mort d’une femme, une poinçonneuse nommée Tsuyako.
Puis viens la lecture du contenu d’une lettre de la défunte Tsuyako à son amie Tomiko qui nous dévoile ses regrets d’être devenue poinçonneuse, suivit de nombreuses images sans réelles interconnexions, un peu à l’image d’un rêve désordonné dans une ambiance qui enveloppera la suite de l’œuvre sur un contraste fort de noir et blanc à la limite du saturé, de lents mouvements dans une lourde atmosphère.

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Ce que l’on remarque très rapidement, c’est le profond silence qui s’installe, devenant presque un personnage à part entière de l’histoire.
Le film prend une dimension onirique à la dimension visuelle presque expressionnisme, à la lenteur rythmique calculée et à un certain classicisme dans les plans utilisés, notamment ceux à hauteur de tatamis, un tout qui donne un cachet tout particulier à l’œuvre de Sogo Ishii.

Du coté de la narration, on y retrouve un alliage de silence et de texte écrit à la manière des intertitres des vieux films japonais et de dialogues dispersés tout au long de ces interminables silences bien calculés, il n’y a pas dire, Labyrinth of Dreams est un exemple de construction scénaristique, formelle et sonore, de ce qu’est capable le cinéma japonais.
Le plus intéressant, reste la subtilité du scénario, qui met le doute sur les causes et effets, est-ce ce nouveau conducteur de bus qui précipite la chute de la poinçonneuse ou l’inverse, cette dernière qui chute à cause d’un désir incontrôlé d’oublier son quotidien ?

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C’est donc ce suivit de la relation entre Tamiko et Niitaka qui s’avère le cœur du film, si les premiers jours se déroulent sans aucun souci entre ces deux personnages qui semblent s’atteler mécaniquement à leur tâche journalière en échangeant des banalités sans se regarder, c’est au moment des premiers contacts physique que l’irréel de leur relation se substitue à la réalité douloureuse de leur situation.

En effet, Tomiko cherche dans cette relation à découvrir le frisson en restant aux côtés d’un homme qu’elle pense être un tueur et de l’autre, un bloc de marbre qui se laisse difficilement aller à la déclaration sans pour autant tenter parfois d’entamer la discussion.
Et la manière dont ce conclut le film reste complexe et assez peu évidente à cerner, une finalité digne de la meilleure littérature japonaise.

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Au final, Le Labyrinthe des rêves n’est pas un film facile à suivre, mais envoute le spectateur dans son univers onirique et presque fantastique sans jamais réellement décrocher de la réalité, d’une saveur amère et esthétiquement recherchée, Sogo Ishii s’inspire à coup sûr du manga dont est tiré le film par la surimpression des images, la recherche de l’esthétique de chaque plan et flux saccadés de dialogues, aucun doute à se faire, Sogo Ishii est véritablement une référence trop peu connue du cinéma japonais.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Labyrinth of Dreams de Sogo Ishii
Note
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