Bon à Rien

Bon à rien cover

Titre anglais : Good-for-Nothing
Autre titre : Rokudenashi
Réalisé par : Kiju Yoshida
Année : 1960
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 88 mins

Interprété par

Takachiho Hizuru
Yasui Shoji
Yamashita Junichiro
Mishima Masao
Chino Kakuko
Kawazu Yusuke
Tsugawa Masahiko

Producteur : Imaizumi Kaneo
Compositeur : Kinoshita Chûji
Scénariste : Yoshida Yoshishige (Kiju)
Monteur : Uraoka Keiichi
Directeur photo : Narushima Toichiro

Scénario : Le fils du directeur des entreprises Akiyama, Toshio, et ses amis Jun, Morishita et Fujieda, passent malgré eux leurs journées dans un profond ennui. Sachant que le 28 de chaque mois, Ikuko, la secrétaire du père de Toshio, se rend à a banque pour faire un retrait important, ils décident de la menacer pour simuler un vol. Ikuko réagit vivement, et traite Jun de “bon à rien”…

Critique

Premier film de Kiju Yoshida qui arrive juste à point après les deux derniers films de la trilogie de Nagisa Oshima sur la jeunesse, Bon à rien s’inscrit dans la nouvelle vague du Japon, aux cotés du réalisateur Nagisa Oshima et Shohei Imamura, Kiju Yoshida cherche a se diriger contre le courant des studios de la Shochiku de l’époque, à cette époque, le réalisateur avait 27 ans et les studios lui avait demandé de réaliser un film sur la jeunesse pour tenter de redonner un coup de pouce à cette entreprise en pleine crise qu’est le cinéma, en tentant d’attirer un public jeune, plus vif pour relancer la machine à faire rêver, sous des thèmes moins conventionnels.

Bon à rien image 1

Comme la plupart des films de cette Nouvelle Vague, Bon à rien se déroule dans un Japon d’après-guerre, qui se reconstruit peu à peu de sa défaite et qui devient économiquement de plus en plus propice aux affaires, notamment avec le souffle américain et ses tendances économiques et sociales, qui rendent certains individus las de toute vie, qui s’ennuie au jour le jour, dans un monde où l’homme est décrit comme étant un loup pour lui même, comme l’expliquait si bien Thomas Hobbes, l’homme est un chasseur sans limites dans une réalité peu engageante.

C’est sous les traits d’un groupe de jeune composé de Toshio, le fils du directeur des entreprises Akiyama, plein aux as, tirant avantage de la fortune de son père pour ne rien faire dans la vie et de ses amis ou plutôt devrait-on dire, des personnes vivantes à ses crochets, Jun, Morishita et Fujieda, qui passent leurs journées à ne rien faire dans un ennui des plus complets.

Bon à rien image 2

Ils décident alors le 28 du mois, d’aller menacer la secrétaire du patron, qui se dirige chaque mois à la banque pour y faire un important retrait d’argent, simplement pour passer le temps, Ikuko la secrétaire en réponse, les traite de bon à rien, qui en fera réagir un, jusqu’au plus profond de lui-même et contrarié d’avoir été comparé à un loup, Toshio cherchera à ridiculiser cette jeune femme au cours d’une fête où elle est emmené de force, jusqu’à ce que celui qui fut touché par ses propos, Jun, décide de provoquer une panne de courant pour lui venir en aide.

Celle-ci va alors tout tenter pour empêcher Jun de revoir ceux avec qui il traine et le reconduire dans le droit chemin de la vie.
Bon à rien reflète une jeunesse insouciante, cherchant au mieux à profiter de leurs libertés, même si elle sait que la réalité du monde est dirigée par l’argent comme le dis si bien on père.

Bon à rien image 3

Cette jeunesse d’après-guerre, comme dans les films de Nagisa Oshima est bien évidemment le sujet central du film et c’est à partir d’un scénario construit de toutes pièces par le réalisateur qu’il réussit à nous offrir une oeuvre maitrisée et efficace teintée d’une critique sociale accablante.
Reste une exception, Jun, qui cherche malgré tout à se mettre en opposition à ses camarades, ne cherchant pas la facilité, mais blasé de la vie, comme le montre la scène où il fait semblant de mourir de manière théâtralisée sous une fausse balle du pistolet-briquet de Toshio.

Pour son premier film, Kiju Yoshida montre d’évidents talents de mise en scène dans un magnifique contraste de noir et blanc, sublimant parfois les visages des protagonistes, marquée d’une triangularité de construction sous un tout dramatique.

Bon à rien image 4

Au final, Kiju Yoshida nous offre une première réalisation maitrisée dans laquelle de jeunes gens livrés à eux-mêmes cherchent à survivre dans une société capitaliste, une œuvre pessimiste d’un pays sortant à peine d’une lourde défaite.
Une réalisation sans faille pour un final très noir, une œuvre parfaite pour commencer sa carrière de cinéaste.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Bon à Rien de Kiju Yoshida
Note
31star1star1stargraygray