La Légende du Grand Judo 2
Compositeur : Suzuki Seiichi | Scénariste : Kurosawa Akira | Histoire originale : Tomita Tsuneo
Critique
Clairement une commande des studios, La Légende du Grand Judo 2 est le second opus du film ayant propulsé Kurosawa dans sa carrière de cinéaste, une suite pour le moins inédite et très peu connue du grand public et qui pourtant, fait bien partie de la filmographie du réalisateur, simplement par le fait que cette suite ne ressemble pas aux grandes réussites qu’il fera quelques années plus tard et donc de ce fait, certains tentent de l’oublier et pourtant selon moi, ce serait une erreur de vouloir mettre ce film aux oubliettes, car Sugata Sanshiro est clairement un spectateur d’une période chaotique du Japon, une période d’après-guerre et d’occupation.
Je dois tout de même vous l’avouer, autant le premier épisode était et sera toujours une merveille technique, autant La Légende du Grand Judo 2 ne fait pas franchement honneur aux qualités de notre cher réalisateur que l’on surnommait l’Empereur et pourtant, c’est tout de même avec plaisir que l’on retrouve notre valeureux Susumu Fujita dans le rôle de Sugata Sanshiro, un héroïque combattant du bien malgré lui, qu’il va se retrouver face à l’humiliation d’un japonais contre un boxeur américain, symbole de la victoire des États-Unis sur le Japon, de sa dominance et de l’occupation du Japon et qui va le pousser à reprendre son Kimono pour venger l’honneur du Japon et par la même fouge, les deux frères de Gennosuke, le maitre judoka du premier épisode, pressé de vouloir prendre leur revanche sur notre fidèle combattant.
Tout d’abord, précisons bien que Sugata Sanshiro n’est pas une œuvre délibérément conçue par Kurosawa, il s’agit en réalité d’une pure commande des studios de la Toho pour laquelle notre cinéaste préféré ne franchira pas monts et vallées pour le réaliser, en effet, ce dernier se cantonnera simplement à soutenir son personnage, mais pas son scénario et les idées délibérément affirmées par celui-ci et pourtant, Kurosawa se positionne en tant que défenseur de sa nation par le personnage de Sugata Sanshiro malgré une dérive déjà flagrante de la population japonaise.
Cependant, il garde un certain recul par la caricature et la dérision de certaines de ses scènes et ne trouve pas l’intérêt de son scénario. Dans La Légende du Grand Judo 2, le réalisateur semble réellement montrer son mécontentent dans sa réalisation, dans une mise en scène réduite, sans aucune prouesse visuelle, sans l’audace des œuvres de son succès, avec de simples plans d’ensemble et un dynamisme simplifié.Une chose est sure, il s’agit d’un Kurosawa mineure, comme le montre l’exemple des scènes de combats, le premier épisode était plutôt correct, mais La Légende du Grand Judo 2 nous offre des combats mous et mal réalisés, un ratage exceptionnel digne des plus médiocres films de Kung-fu, Kurosawa en aurait même avouer un véritable laisser-aller de ces scènes, mais Kurosawa n’est pas homme à laisser une œuvre à l’abandon et ces dans de petites touches de bon sens qu’il a marqué cette réalisation, notamment par certains zooms et mouvements de caméras.
Et c’est également dans la scène finale de La Légende du Grand Judo 2, que l’on commence à véritablement respirer, une scène ressemblant fortement au premier opus, mais toujours aussi saisissante en terme d’esthétisme, avec ces montagnes enneigées et un vent tempétueux.Au final, on retiendra quelques scènes du film, notamment, la scène où Sanshiro enfreint le règlement de son dojo et où son maitre sifu vient le réprimander calmement en effectuant des prises de judo avec une bouteille de saké vide, des gestes bien plus saisissants que des mots.
Certes, La Légende du Grand Judo 2 (Sugata Sanshiro 2) n’est qu’un petit film de Kurosawa, mais il va sans dire qu’il en devient un indispensable pour des gens comme moi, toujours autant fasciné par ce réalisateur aux multiples talents et par ses œuvres inqualifiables de grande qualité. La Légende du Grand Judo 2 est une curiosité avant tout, plutôt qu’un grand film, une petite chose à voir au coin du feu après avoir épuisé tous les meilleurs Kurosawa.
Les deux opus sont magnifiques et j’ajoute que le remake de « Sugata Sanshiro » avec le grand Mifune est aussi fort voir plus. ;)