Fury

Fury

Etats-Unis | 1936 | Drame | 95 mins | Un film de Fritz Lang | Avec Spencer Tracy, Sylvia Sidney, Walter Abel, Bruce Cabot et Walter Brennan

Scénaristes : Bartlett Cormack & Fritz Lang | Histoire originale : Norman Krasna | Direction Artistique : Cedric Gibbons | Photographie : Joseph Ruttenberg

Scénario : Joe Wilson est injustement accusé de l’enlèvement d’une jeune femme. La foule, excitée par plusieurs meneurs, prend d’assaut la prison où il est enfermé.

Critique

Voici à nouveau un film américain que j’ai eu l’occasion de voir, car comme vous le savez, je suis habituellement plus intéressé par le cinéma asiatique, mais à vrai dire, j’ai vu beaucoup trop de films asiatiques ces derniers temps, que j’en deviens trop habitué et qu’il me parait indispensable de faire des cassures avec un cinéma d’un autre genre, pour me saisir d’autres techniques du cinéma, avoir une vision plus élargie et surtout être capable de pouvoir être plus éclectique au niveau de mes choix cinématographiques. C’est donc avec le premier film américain, Fury de Fritz Lang que je découvre le cinéma américain des années 30 dans un contexte de dépression, puisque dès le début, les deux principaux protagonistes, Joe Wheeler (Spency Tracy) et Catherine Grant (Sylvia Sydney) se retrouvent devant une élégante vitrine d’un magasin de fournitures et d’accessoires de chambres de mariées qui ne semblent pas pouvoir s’offrir.En effet, Joe travaille dans une station essence et Catherine doit quitter Joe pour aller travailler comme enseignante dans une autre ville.

Fritz Lang propose avec Fury, un point de vue très spécifique sur une petite ville reflétant l’ignorance, l’hypocrisie, le bigotisme, le provincialisme et l’intolérance, cependant, l’aspect le plus percutant de Fury, c’est cette reconstruction de l’hystérie de masse d’une petite ville.Fritz Lang décrit, étape par étape, l’émergence d’un esprit de groupe, l’irrationalité collective allant au-dessus de la réflexion individuelle qui compose chaque individu.Celui perd ses propres valeurs rationnelles lorsqu’il agit en tant que foule, il oublie ses intérêts, leurs comportements motivés par leurs émotions ou leurs instincts biologiques.Dans ce climat particulier, la foule s’accapare la prison de la ville et met le feu à la cellule d’un homme sans même que celui-ci ne reçoit de jugement de la cour, qui permet de prouver son innocence ou sa culpabilité.Les événements ne sont pas présentés par une seul point de vue. En effet, Fritz Lang alterne entre la foule, le shérif, Joe puis Catherine et revient finalement sur la foule, le spectateur devient alors participant des scènes qu’on lui montre. Plus tard, lors du jugement à la cour de justice, c’est la foule elle-même qui se voit agir en tant que foule par des images filmées lors de ce lynchage complet, allant jusqu’à se choquer elle-même en ayant le recul nécessaire à la vision de leur propre acte.

C’est dans un montage impressionnant de Fury que Fritz Lang nous montre cette exagération de la violence, cette mise à feu d’une prison, ce lynchage public accompagné d’image encore plus choquante comme cette femme et son enfant cherchant un meilleur point de vue pour cette mise à mort ou encore ce jeune garçon dégustant son hotdog avec grand appétit, mais encore ce jeté de pierre lorsqu’il montre le bout de son nez à la fenêtre de sa cellule de prison.Finalement, Joe réussit à s’enfuir, laissant croire à la foule que ce dernier est mort et décide alors de lancer une plainte officielle contre ceux qui l’ont lynché, qui finira par devenir une expérience de revanche complète.C’est d’ailleurs dans un super discours que Joe s’exprime à ce sujet : « Je suis légalement mort et ils sont légalement des meurtriers.Le fait que je suis vivant n’est pas de leur faute.Je les connais.Mais ils seront pendus pour leurs actions.Cependant, je leur donnerai une chance qu’ils ne m’ont pas donné.Ils auront un procès légal, dans un tribunal légal.Ils auront un juge légal et une défense légale, une sentence légale et une mort légale. »

Fritz Lang condamne ainsi  à travers Fury, la manipulation de la presse, des médias et de la foule et son insatiable soif de sensation alisme. »Quelle belle prise » dit un journaliste, « On va retourner le pays avec cette vidéo« .C’est donc sans aucun doute que Fury est toujours d’actualité et qu’il a surtout très bien vieilli.Fury est le genre de film qui pourrait être montré à l’école, notamment en cours d’éducation civique.C’est donc une force incroyable que Fury possède et ceci encore aujourd’hui, une incroyable découverte pour ma part, qui m’a donné réellement l’envie de me concentrer sur le reste de la filmographie de Fritz Lang.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Fury de Fritz Lang
Note
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