Funny Games
Scénario : Michael Haneke | Production : Veit Heiduschka | Photographie : Jürgen Jürges | Montage : Andreas Prochaska | Décors : Christoph Kanter
Critique
Voilà un film qui vous ne laisse pas indemne, çà c’est une chose certifiée. Funny Games est une œuvre que l’on m’a conseillé sur le forum, suite aux discussions autour des films dérangeants du cinéma, que ce soit de manière graphique, musicale, thématique ou tout autre forme de dérangement de la raison humaine. Et je dois dire, qu’effectivement, on ne peut pas dire que ce film de Michael Haneke est à mettre dans toutes les mains. Une fois qu’on l’a vu, on comprend pourquoi, lors de sa sortie au cinéma, qu’il fut très controversé par sa manière de présenter une violence réaliste. Ici, on est bien loin des habituelles thématiques et du polar et finalement le film plonge dans le drame. Ce qu’il faut savoir avant d’entamer cette critique qui sera finalement plus proche d’un avis, d’ailleurs comme la plupart des critiques faites sur le site, la version présentée est l’originale, c’est à dire sa version Autrichienne et non le remake américain également tourné par Michael Haneke.
Funny Games suit un scénario en somme classique, on se retrouve dans l’enceinte d’une vieille voiture en train de faire son bout de chemin vers la route des vacances, l’ambiance semble bon enfant, les deux parents s’amusent à trouver le titre et l’auteur de musiques classiques, mais rapidement, un air de hard rock dérangeant vient couper leur conversation les rendant ainsi muets. Le malaise est ainsi amené par une simple piste sonore qui nous prépare mentalement à jouer entre les situations, en passant du paisible au malsain. Cependant, une fois cet interlude musical terminé, la voiture poursuit paisiblement son chemin comme si cet événement n’avait jamais eu lieu. Mais dès le passage de la famille devant le portail de leur voisin de vacances, un curieux malaise se fait ressentir en présence de deux jeunes hommes vêtus de blanc qui ne semble pas être des habitués. Et c’est bien à partir de là, que le spectateur se doute de quelque chose.
Michael Haneke, dans sa manière de présenter les choses, va s’amuser à nous amener là où on ne l’attend pas. Il cherche à nous présenter une scène de manière à nous faire imaginer la suite pour brutalement nous emmener dans la direction inverse. Plusieurs fois, il fera appel à ce procédé pour créer l’amorce du malaise. Au début, c’est quelques œufs qui deviennent un véritable calvaire mental pour la mère de famille. Les quatre premiers tombent par inadvertance sur le carrelage, les 4 autres, finissent sur le gazon, le téléphone de la maison tombe par malchance dans l’eau de la vaisselle, une suite de curieuse coïncidence qui commence à titiller le spectateur sur les intentions de ce curieux voisin. Puis, c’est l’entrée du second jeune homme, en short court et gant blanc, d’un air quelque peu charmeur et prévenant qui vient finalement créer le malaise et pousse à bout cette femme au bord de craquer mentalement.
Finalement, la situation dégénère, mais je tiens à ne pas vouloir décrire la suite de Funny Games pour ne pas spoiler ceux qui souhaiteraient vivre cette expérience. Entre effets de style et jeu d’acteur, Funny Games vient perturber le spectateur peu habitué à être manipulé ainsi. Il pourra en dégouter plus d’un, intriguer d’autre, voir même rendre malade un petit groupe de réfractaire à ce genre de cinéma. Mais bizarrement, Funny Games ne pourra vous laisser de marbre, que vous l’accepter ou pas, car dans tous les cas, celui-ci est fait en sorte que vous êtes dans l’obligation de prendre partie, d’un coté ou de l’autre, difficile à déterminer, mais forcément qu’un moment ou à un autre, votre choix sera fait. Finalement, Funny Games porte bien son nom, car le spectateur s’amuse bien dans ce petit jeu du réalisateur.