Endless Desire

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Titre original : Hateshinaki yokubo
Titre français : Désir Inassouvi
Réalisé par : Shohei Imamura
Année : 1958
Pays : Japon
Durée : 101 mins

Interprété par

Shizuko Kasagi
Tomiko Hattori
Kayo Matsuo
Hiroyuki Nagato

Scénariste : Natto Wada
Compositeur : Ryoichi Hattori

Scénario : Trois soldats se sont donnés rendez-vous dix an jour pour jour après la reddition du Japon en 1955 pour remettre la main sur une importante quantité de morphine détournée dans un local militaire par leur lieutenant et enterrée dans un terrain vague. A leur grande surprise, ils ne sont pas trois, mais quatre à se retrouver à l’endroit convenu – et en lieu et place de leur lieutenant se présente une femme, disant être la veuve (ou la sœur selon les différentes versions de sous-titrage). Seconde surprise: le terrain vague a cédé sa place à un bidonville construit de bric et de broc. Seul moyen d’accéder à la morphine, désormais enterré sous une boucherie, est de creuser un tunnel depuis un local loué. Outre les nombreuses tensions au sein de la petite communauté et les menaces d’être découverts à tout instant se rajoute également la mauvaise nouvelle de la prochaine destruction du bidonville par le gouvernement. La course contre la montre peut commencer.

Critique

Juste avant son film Désir Effacé en 1958, Shohei Imamura réalisait son premier long métrage intitulé Endless Desire, un film qui aurait du être son second film si le destin n’en fut pas autrement, pourtant, Endless Desire est bien son premier film et déjà le réalisateur donnait ses premiers signes des fondations des ses futures œuvres qui ont fait de lui ce célèbre cinéaste connu et reconnu au sein des cinéphiles avertis.

Avec Endless Desire, Shohei Imamura décrit la vie communautaire des bidonvilles sous les traits de plusieurs personnages, représentant les différentes classes sociales de cette époque de reconstruction du Japon.
C’est donc dans une sorte de micro-société des restes de la guerre, que Shohei Imamura plante le décor et nous montre ce petit village qui sans l’aide du gouvernement arrive à mener à bien sa lente reconstruction vers un meilleur lendemain, malgré l’arrivée nouvelle d’un groupe de truand composé de 4 hommes et une femme, qui viennent chambouler les habitudes et cherchent à s’enrichir en tentant de récupérer de vieux conteneurs de morphine.

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C’est donc au cours d’une chasse au trésor qu’Imamura Shohei va révéler la nature de l’homme, cette nature qui reste au final, violente et cupide malgré tous les efforts qui peuvent être menés, le réalisateur montre déjà les hommes sous leurs traits animals, ce qu’il fera tout au long de sa carrière avec des exemples comme Cochons et Cuirassés, Insect Woman ou encore L’Anguille, ici les protagonistes sont assimilés à des taupes, creusant un tunnel sous les fondations humaines, présentes spécifiquement la nuit, tout laisse à croire qu’ils ne peuvent être assimilés à des hommes, mais bel et bien à des créatures sans la moindre humanité.

Et c’est donc s’en attendre que les divers protagonistes vont commencer à montrer des signes de réticences à faire équipe les uns avec les autres, surtout lorsqu’il espère pouvoir sortir de leur misérable vie en remportant le jackpot par la découverte de cette drogue, symbole d’une grande richesse et de leur cupidité, ils sont donc forcés de devoir vivre ensemble tant bien que mal pour mener à bien leur opération.

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Mais malheureusement pour eux et heureusement pour nous, le sort est contre eux et ce qui aurait dû durer à peine une journée se transformera en un réel périple de tous les instants, créant ainsi des rapports tendus et une ambiance de méfiance au sein du groupe, dans un cadre d’enfermement prolongé qui finira bien entendu par dévoiler la nature propre de chaque individu et à irriter une partie des participants à l’opération. Et c’est une femme qui se montre contraire aux hommes, une femme loin de l’image de la femme soumise des réalisateurs de l’époque, ici, elle s’impose, elle montre leur volonté de fer et vont même jusqu’à les manipuler.

On peut voir tout de même que le réalisateur n’arrive pas encore parfaitement à définir son propre style et à contrôler ce qu’il cherchera à démontrer tout au long de sa carrière, mais ces prémices sont tout à fait à son honneur, en accordant une petite place à une pseudo intrigue amoureuse qui manque tout de même cruellement d’intérêt, mais ne manquera pas de faire plaisir à un public assez large et en même temps au studio de production.

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Imamura nous montre dans Endless Desire, l’apparente vérité de l’homme, tout comme le tunnel creusé sous le village, symbole de cette société cachée, qui à l’abri des yeux indiscrets, s’enrichit sans scrupules dans le dos des honnêtes gens, ici occupés à reconstruire le village et à survivre, comme le montre les déménagements express avant l’arrivée des machines qui détruiront à nouveau le village après la guerre qui s’est terminée.

Le sous-terrain devient le décor de tous les plus vils pensées de l’homme, des plus horribles actions, des désirs profonds de l’homme qui jusque-là avait tout fait pour se cacher de leurs désirs bouillants.
Imamura nous montre ainsi que l’homme n’est simplement qu’un animal contrôlant difficilement ses désirs quel qu’ils soient, surtout quand ils sont proches de l’égoïsme et de leurs désirs de vivre.

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Au final, Imamura nous dépeint dans Endless Desire la cruelle réalité de l’homme, en nous livrant une finalité d’une qualité formelle et fondamentale à toute épreuve, d’une maitrise technique déjà évidente et d’une ironie omniprésente qui fera de lui, l’un des plus grands cinéastes du Japon et caractérisera l’ensemble de son œuvre incroyablement intéressante et criant de vérité, il n’y a pas à dire, Imamura est un maitre du cinéma et le montre déjà avec sa première œuvre cinématographique portée sur le grand écran, une perle du cinéma Japonais.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Endless Desire de Shohei Imamura
Note
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