Burst City

Burst City Cover

Réalisé par : Sogo Ishii
Année : 1982
Pays : Japon
Durée : 115 mins
Genre : Cyberpunk

Interprété par

Michirou Endo
Shigeru Izumiya
Takanori Jinnai
Kou Machida
Shigeru Muroi
Shinya Ohe
Mayumi Ômura
Umanosuke Ueda

Scénario : L’affrontement, dans une ville au bord du chaos, entre punks, gangsters, les esclaves de ceux-ci et les forces de l’ordre.

Critique

Entre son film Shuffle en 1981 et Asia Strickes Back en 1983, Sogo Ishii réalise un projet intitulé Burst City, véritable point de départ d’un cinéma underground, film imparfait marquant de sa période punk, œuvre insolente, symbole d’une société à la dérive dans un univers désaffecté ressemblant à la trilogie MadMax dans lequel règle la musique, le mouvement punk jusqu’à l’explosion des éléments qui le compose.
C’est donc à l’âge de 25 ans que Sogo Ishii s’attelle à la réalisation de cette oeuvre qui a rencontré un parcours critique, en effet, celle-ci fut présentée dans une version inachevée qui sera revue par le réalisateur plus de 20 ans après dans une version complètement déstructurée.
Pour ma part, j’ai vu ce film dans sa première version, celle de 118 minutes.

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Reconnu par plusieurs réalisateurs (Tsukamoto Shinya / Takashi Miike) comme étant le film ayant apporté la première pierre à l’édifice du cinéma du mouvement cyberpunk, pourtant je dois dire que je suis loin d’avoir complètement été emballé par ce dernier malgré d’évidentes qualités formelles et mêmes fondamentales, mais je dois dire qu’après toutes les louanges qui lui ont été faites, je suis un tout petit peu déçu.

Burst City est au final un rassemblement de morceaux divers et variés, collés les uns aux autres dans une anarchie totale, entre des concerts dégénérés des confrontations entre gangs, des courses et du sadomasochisme mêlé à une romance pleine de désillusions sans le moindre réel scénario, remplit d’une débordante énergie anarchique qui se termine dans d’ahurissantes longueurs presque imbuvables qui ternissent l’image de cette œuvre réellement atypique qui est au final que très peu appréciée du grand public et seulement par une petite partie des amateurs de cinéma japonais, tout çà à cause d’un studio de cinéma trop pressé dans l’achèvement d’un projet.

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Le gros point fort du film, selon moi, c’est son aspect visuel et son jeu de caméra frénétique, filmé par un homme bourré de caféine totalement hors de contrôle, notamment les scènes hypnotiques d’accélération des images à la manière d’une ballade en moto à vitesse hors du commun, à ses mouvements multidirectionnels tellement rapides qu’il ne devient plus possible d’apercevoir ce qui est filmé.

Mais le vrai tout de force de Ishii Sogo, c’est la musicalité de son œuvre, aussi sensorielle que cinématographique, elle offre un univers expressionniste à l’extrême qui marquera toute une génération comme cette incroyable scène d’ouverture complètement bluffante où l’on y voit en vue subjective, une incroyable course de moto, à coups de rafales de lumières des néons de la ville, féérique et énigmatique.
Mais, il faut tout de même l’avouer, le reste du film est un vaste terrain d’expérimentation, proche des tendances d’un Kinji Fukasaku, mais qui ressemblent davantage à un chaos ambiant qu’à une ambiance et une ligne conductrice travaillée.

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Je pense que chacun y trouvera à redire, certains seront sous le charme, d’autres pas, pour ma part, sa durée excessive ne m’a pas totalement accroché et je dirai même, m’a psychologiquement et physiquement fatigué, par son coté sous-tension permanent et sa dernière heure survolté et hypnotique, le spectateur ne pourra pas sortir indemne d’un tel phénomène cinématographique, à la fois visuel et sonore.
À comparer, je préfère l’ambiance d’un film comme Eli, Eli, Lama Sebachtani? avec sa musicalité originale et décalée et ses incroyables scènes d’Asano Tadanobu à la guitare, que les divers moments de concert et de musique de Burst City, peut-être simplement que le genre Punk ne me convient pas.

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Au final, ses montages en rafale, l’utilisation de ralenti et d’accéléré, l’usage de filtre, la désynchronisation des images et du son et le chaos ambiant qui règne dans cette œuvre en fond un objet non identifié du cinéma japonais de la mouvance punk.
Entre cris, castagne et musique, Burst City se termine en ivresse visuelle et sonore, un choc stylistique à voir, juste pour la curiosité, mais qui ne fera pas mouche de manière unanime parmi tous les amateurs de cinéma japonais.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Burst City de Sogo Ishii
Note
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