Le duel Silencieux de Akira Kurosawa (1949

Le Duel Silencieux

Titre anglais : The Quiet Duel
Titre original : Shizukanaru ketto
Réalisé par : Akira Kurosawa
Année : 1949
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 95 mins

Interprété par

Mifune Toshiro
Shimura Takashi
Nakakita Chieko
Sengoku Noriko

Compositeur : Ifukube Akira
Scénariste : Kurosawa Akira

Scénario : 1944, dans une île du Pacifique. Le Dr Fujisaki Kyoji, blessé au doigt, opère un patient atteint de la syphilis et se fait contaminer à son tour. Démobilisé, il n’ose avouer à son entourage sa maladie, préférant souffrir en silence et lutter contre le virus en secret. Pour lui, la vraie guerre commence…

Critique

Voir un film de Kurosawa Akira encore jamais vu, reste pour moi un moment incroyable et c’est pourquoi il me reste dans ma collection privée encore un bon nombre de ses films pour déguster encore à nouveau ces délicieux moments de cinéma et cette fois-ci, c’est sur le film Le Duel Silencieux que mon dévolu s’est jeté, film réalisé entre L’Ange Ivre en 1948 et Chien Enragé en 1949 qui nous présente la seconde collaboration entre le maitre cinéaste et l’excellent acteur Toshiro Mifune qui se retrouve dans un rôle n’ayant pas été directement taillé pour lui, mais dont Kurosawa s’est empressé de convaincre, un rôle où il ne joue plus les gros durs, mais les médecins dramaturges et humanistes qui pensent aux autres avant de penser à lui-même.

Kurosawa choisit donc ce médecin pour nous dévoiler une histoire bouleversante, celle d’un médecin contaminé par la syphilis lors d’une opération à mains nues d’un blessé de guerre durant la Seconde Guerre mondiale, qui va devoir lutter contre ses envies en tant qu’homme, ceux de vivre et se marier avec la femme qu’il aime, l’ayant attendue pendant cette noire période.

C’est ainsi qu’on le retrouve à la fin de la guerre, où celui-ci commence la sienne contre la maladie, seul comme un vrai guerrier, ne divulguant rien de son problème, ni à son entourage, ni à s’elle qui l’aime, tout en cherchant à ne pas en vouloir à celui qui l’a contaminé.

Dans ce rôle Toshiro Mifune excelle et confirme le talent du maitre du cinéma japonais, qui insiste longuement sur le secret de ce médecin, incapable d’en parler avec son père ou encore celle qui l’aime, un grand paradoxe pour un homme si humaniste.

Kurosawa cherche fatalement à nous montrer les désastres de la guerre, mais surtout l’acharnement d’un médecin à masquer sa maladie alors qu’il la côtoie chaque jour et qu’il connait ce qu’elle peut engendrer, pourtant il luttera contre cette dernière tout comme dans le film Vivre du réalisateur.

Le Duel Silencieux peut également être considéré comme faisant partie d’une trilogie sur la médecine, avec en premier lieu son film L’ Ange Ivre et en dernier, Barberousse, mais cela reste à débattre, puisque pour moi, ce film fait plutôt référence au film Vivre qu’il fera plus tard.

L’intérêt du film réside dans ce fragile équilibre entre la tragédie et le drame, dans des scènes incroyables telles que la scène d’ouverture ou encore la crise de colère et de larme de Toshiro Mifune en révélant sa maladie à son infirmière, pourtant certains considèrent Duel Silencieux comme un Kurosawa mineur, mais selon moi, c’est un grand film, portant la marque du cinéma de Kurosawa.

Ce qui est également intéressant sur ce film, c’est ce qui l’entoure, notamment la vision que Kurosawa avait à l’origine de ce médecin, qui au lieu d’être responsable devant la maladie tourné à l’obsession et à la folie, un peu comme dans le film Vivre dans la peur, mais les studios de la Shochiku en ont décidé autrement, ce qui a eu pour résultat de rendre cette œuvre plus optimiste qu’à l’origine.

On peut également lire plusieurs choses intéressantes sur le tournage du film dans l’œuvre Comme une Autobiographie de Akira Kurosawa que je ne souhaite pas dévoiler ici, mais qui vaut vraiment le coup d’œil.

Kurosawa nous offre un film riche, mais il faut l’avouer avec quelques lacunes, cependant, Duel Silencieux possède des atouts charmeurs, une part de gâteau pour les gourmands du cinéma et les friands de Kurosawa, qu’importe ses qualités qui peuvent être discutées, Duel Silencieux est pour moi, un bon film, un plaisir de cinéphile.