Dolls

Dolls
Japon | 2002 | Drame | 108 mins | Un film de Takeshi Kitano | Avec : Kanno Miho, Nishijima Hidetoshi, Osugi Ren, Tsuda Kanji, Takeshige Tsutomu, Matsuraba Chieko, Kishimoto Kayoko, Yishizawa Kyoko, Daike Yuuko, Fukada Kyoko, Mihashi Tatsuya, Omori Nao, Kanazawa Midori et Shimizu Shogo

Compositeur : Hisaishi Joe | Scénariste : Kitano Takeshi | Directeur artistique : Yamamoto Yoji | Monteur : Kitano Takeshi

Scénario : Dolls regroupe trois histoires d’amour inspirées d’un spectacle de poupées du théâtre Bunraku. Dans la première, Matsumoto et Sawako forment un couple heureux, mais les pressions exercées par leurs deux familles vont les forcer à faire un choix tragique. Dans la deuxième, Hiro, un chef yakuza, retourne dans un parc où il avait l’habitude de voir sa petite amie, et se souvient… Trente ans plus tôt, il était un pauvre ouvrier et s’est retrouvé forcé de se séparer de la jeune fille pour intégrer le milieu du crime. Dans la troisième, Haruna, dont le visage est recouvert de bandages, passe le plus clair de son temps à regarder la mer. Peu de temps auparavant, elle était une star de la musique, habituée à signer des autographes et à se montrer à la télévision. Nukui est sans aucun doute son plus grand fan et aujourd’hui, il compte bien le lui prouver.

Critique

Takeshi Kitano, l’une des personnalités japonaises les plus connues au monde réalise une œuvre atypique, un poème cinématographique transcendant où il n’apparait pas, car si l’on sait que Takeshi Kitano est un réalisateur, on pense également à lui en tant qu’acteur, mais ici, l’homme à préféré s’effacer de son long-métrage pour se consacrer entièrement à la réalisation et je dois dire que j’étais sceptique en regardant la pochette du DVD de Dolls, car voir un film de Takeshi Kitano sans Takeshi Kitano était une chose difficilement concevable pour moi, un peu comme regarder un film de Kurosawa Akira, sans Toshiro Mifune ou Takeshi Shimura et pourtant, c’était une bien mauvaise appréhension, car Dolls est tout simplement divin et extraordinaire, un film qui sans doute restera longtemps dans mon esprit, par sa poésie et sa bande-son.

Dolls, un mot qui signifie « Poupée » en français, et pourquoi Takeshi Kitano a intitulé son film ainsi ? Tout simplement par ce que Dolls est un film où les personnages ne sont que des marionnettes, notamment par l’histoire centrale du film, celle de deux vagabonds amoureux, inspirés directement d’une pièce de théâtre de marionnettes japonaises, connu sous le nom de « bunraku » et Takeshi Kitano ne se cache pas de cette inspiration, mais au contraire l’utilise pleinement jusqu’à soutenir ses choix dans le fond et dans la forme de son film.En effet, Kitano s’amuse à introduire son film par une scène de Bunraku et à le clôturer sur cette même touche, il est alors évident que Kitano considère ses personnages comme de simples marionnettes, d’ailleurs la mise en juxtaposition des scènes avec les personnages humains et les marionnettes ne fait que soutenir cette idée, d’autant plus que les personnages n’ont pratiquement aucun mouvement spontané et suivent une sorte de main divine, les poussant à agir de la sorte et ne pas se reposer sur leur liberté d’action, sur la fatalité de leurs devenirs, à la manière d’un pantin tiré par les ficelles d’un marionnettiste contrôlant ainsi leurs faits et gestes.

Sur la forme, Kitano utilise des couleurs très vives, tout comme celle du théâtre Bunraku, bien loin des habituels tons de ses films, ici, la photographie est très lumineuse, je dirais même presque irréelle, même les personnages sont très blanc de peau, comme pour rappeler à nouveau ces personnages de poupée en porcelaine, le tout inscrit dans une enveloppe sonore onirique apaisante et poétique.Pour revenir sur l’histoire centrale du film, c’est celle d’une rupture entre Sawako et Matsumoto, qui se retrouve par la suite plongée dans un état d’hébétement total, bien évidemment, Matsumoto la recueille et partage une errance sans fin à la recherche de guérison et vont croiser deux autres couples aux histoires tout aussi belles, trois destins qui s’entrecroisent et qui cumulent les habituelles thématiques de Kitano.

Malgré une très grande connotation au genre du bunraku, Dolls peut également être apprécié sans pour autant avoir la culture de ce genre théâtrale.Le film en lui-même est une beauté esthétique malgré une première demi-heure plutôt difficile, loin des habituelles introductions des films de Kitano, surtout quand on connait bien le personnage habituel qu’il interprète, pourtant pour moi, Dolls est une belle pièce dans la filmographie du réalisateur, même si certains ont pensé à sa sortie que Kitano empruntait une piste dont il ne maitrisait pas son sujet, à vrai dire, je suis loin d’être d’accord sur ce point, car Kitano à selon moi ici réussit à explorer la voie du drame pur et ceci d’une bien belle façon.

Ravi d’avoir réussi à réaliser une critique sans trop spoiler son contenu, je vous assure que Dolls de Kitano est un film très appréciable, d’ailleurs, rares sont les films de Kitano à ne pas être bien au-dessus de la moyenne, un film subtil et émotionnellement chargé, il réussit là où on ne l’attendait pas réellement, une chose d’autant plus appréciable pour la suite des événements.

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Résumé
Date de la critique
Titre du film
Dolls de Takeshi Kitano
Note
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