Electric Dragon 80.000 V
Réalisé par : Ishii Sogo
Année : 2001
Pays : Japon
Genre : Science-Fiction
Durée : 55 mins
Interprété par
Asano Tadanobu
Nagase Masatoshi
Funaki Masakatsu
Producteur : Sento Takenori
Directeur photo : Kasamatsu Norimichi
Scénario : Deux hommes survoltés cherchent chacun à vivre de leur cotés mais vont finalement s’affronter pour montrer qui des deux souffrent le plus…
Critique
Ishii Sogo, un des pionniers dans le cinéma cyberpunk japonais, réalise ici un film intitulé Electric Dragon 80.000 V, après son Burst City en 1982 et Crazy Thunder Road en 1980.
Pour cela, il joue sur un scénario moitié science-fiction, moitié expérimental, une histoire de deux super héros surchargés en électricité qui vont s’affronter au milieu de Tokyo.
Tout débute par une scène à travers des mégas-structures électriques, où l’on peut apercevoir un petit garçon, non loin de se prendre une très grande charge d’électricité, qui a grimpé tout en haut de cette tour électrique.Une décharge se passe, et il est touché à une partie du cerveau qui contrôle l’instinct animal.
Depuis, il contrôle difficilement cette partie et s’emporte souvent lorsqu’on le menace ou qu’il se bat, comme la boxe.
La seule manière de le calmer et de lui envoyer des décharges électriques, jusqu’au jour où il découvre la guitare électrique, moyen par lequel, il arrive à se contrôler et à se dégager de cette puissance incontrôlable.
Cet homme s’appelle Dragon Eye Morrison, et son métier est de retrouver les lézards et autres reptiles proches du dragon dans Tokyo, une sorte d’inspecteur/détective reptilien.
Ce chercheur pas comme les autres est interprété par l’excellent Asano Tadanobu, qui pour une fois, est très énergétique comparé à ses autres rôles, et je retrouve un peu cette transcendance à la guitare que j’ai pu retrouver dans le film Eli Eli Lema Sabachtani?, sous un autre contexte, certes, mais il y a bien une similitude sur ce plan là.
De l’autre coté, on à Thunderbolt Bouddha, un autre homme électrique, portant un semi-masque de métal, dont le métier est d’installer des paraboles électriques dans Tokyo.
Chacun des ces deux hommes souffrent de cette électricité intégrée à leur corps, l’un doit régulièrement s’attacher à un lit pour exploser sa colère et le second doit faire face à une moitié de son corps qui cherche à se débarrasser de la seconde.
Electric Dragon 80.000 V est avant tout un film expérimental dans un univers cyberpunk qui joue sur plusieurs points.
Le premier est sur le plan formel, offrant des images de qualités visuelles très soignées, accompagnées d’une ambiance sonore inouïe, qui fera hocher la tête à plusieurs reprises.
Sa réalisation offre un rythme très soutenu durant les 55 minutes qui le compose, Ishii Sogo utilise l’effet de répétitions des scènes pour donner cet effet d’enfermement du quotidien, entre Dragon Eye Morrison, qui chercher désespérément un caméléon dans les quatre coins de la ville pour un de ses clients et Thunderbolt Buddha, qui cherche à se débarrasser d’un yakuza très porté sur les téléphones portables, comme si celui-ci faisait interférence avec son métier de poseur d’antennes paraboliques.
Le second point important du film, en plus de sa réussite esthétique, c’est le sujet de ce dernier.
Electric Dragon 80.000 V n’est pas seulement un déluge d’image stylisée et d’ambiance sonore incomparable, mais également un film sur la souffrance de l’homme.
Les deux personnages principaux sont rongés par leurs démons intérieurs, cherchant à prouver à l’autre, qu’il souffre davantage, jusqu’à vouloir éliminer autrui pour montrer au monde qu’il existe.
Le premier extériorise son mal-être par la violence sur autrui, le second s’enchaine pour ne pas blesser les autres.
Au final, ces deux hommes s’affronteront, de manière à montrer que l’un souffre plus que l’autre, que le premier est plus chargé en électricité que l’autre.
En conclusion, Electric Dragon 80.000 V est une expérience autant visuelle, qu’auditive, sur un thème malgré tout assez profond, une référence dans le genre cyberpunk, mais qui ne restera pas si longtemps que cela dans les mémoires par sa courte durée et son coté expérimental qui peut en rebuter certains.
Malgré tout, on ne peut nier que Sogo Ishii réalise ici, une belle oeuvre du cinéma expérimental japonais.