Crazy Stone
Critique
Après avoir réalisé Mongolian Ping Pong en 2004, Ning Hao revient avec Crazy Stone en 2006, un film qui a réussi à faire de lui, l’un des réalisateurs à suivre de Chine, en effet, avec peu de moyens, Ning Hao arrive à parvenir au but de tout film, rapporter de l’argent et faire plaisir aux spectateurs. Et des deux cotés, le pari est réussi, une très bonne chose donc pour Andy Lau, producteur de l’œuvre, mais également pour nous autres spectateurs, car ce Crazy Stone est tout simplement très sympathique, bien mené et tout à fait divertissant.
Pour réussir cela, Ning Hao place le contexte de son histoire dans la ville de Chongqing, la ville la plus peuplée en Chine. Ville en permanente construction qui fait honneur à notre sympathique scénario et permet de nous plonger littéralement dans la chine à mi-chemin entre la modernité et la tradition.
Ning Hao nous promène dans un surprenant mélange de comédie et d’action, teinté de suspense digne des meilleurs films d’espionnage et d’infiltration avec une sacrée famille de personnage tous plus dingues les uns que les autres. Sans jamais tomber dans le cliché soporifique et en enchainant les scènes d’introduction de manière très construite, passant des yeux d’un protagoniste à un autre, il réussit à nous donner dès le départ, les consignes de la réalisation, du sophistiqué à petit budget sans aucune faille.
C’est alors qu’on suit un groupe de trois gangsters pas franchement entrainés, digne des meilleurs amateurs du cambriolage à la sauvette qui vont pourtant tenter de subtiliser la fameuse pierre précieuse de Jade. Malheureusement pour eux, ils ne sont pas les seuls sur le terrain, un cambrioleur professionnel pour le compte d’un riche homme d’affaires cherche également à récupérer le précieux bijou en tentant de déjouer la garde locale du musée, rusée et prête à tout pour garder leurs postes menacés.
On peut dire que Ning Hao réussit ici, une bien belle épreuve et donne avec cette comédie détonante, ses lettres de noblesse au cinéma chinois, par une hétérogénéité cinématographique alliée à une réalisation impeccable et une trame sociale bien présente. Avec un scénario à tiroirs et un rythme sans faille, dans un savant mélange Crazy Stone se propulse à l’un des plus hauts rangs de la comédie chinoise sophistiquée, sans rappeler des inspirations à la Snatch et un développement narratif basé sur la conjoncture des multiplications des points de vues amenant ainsi Crazy Stone au rang de Block-buster indépendant, plaisant, divertissant, sincère et dynamiquement imparable. On notera pour les plus aguerris, un petit manque du coté de la technique, mais rien de très notable pour la plupart des spectateurs qui devraient être ravi par le joli emballage que Ning Hao nous a concoctés pour sa nouvelle œuvre délirante.
Entre la touche déconcertante des différents personnages de cette œuvre cinématographique et la multitude de scènes amusantes à tout point de vue, Ning Hao nous surexpose cette ville de Chongqing, au cœur de l’économie du pays, cette ville qui donne des signes de la future grande puissance de la Chine, une ville aux multiples portraits, aux multiples facettes.
La comédie chinoise est connue pour rester ancrée dans ses vieilles traditions comiques et Crazy Stone arrive à donner un certain petit goût de frais dans cet univers et même à nous faire sourire plusieurs fois, ce qui n’arrive pas tous les jours et çà, c’est un bon point pour Ning Hao et son Crazy Stone.
Au final, Ning Hao réussit un bel effort cinématographique avec peu de moyen, une œuvre qu’on aimerait voir plus souvent avec un sérieux bagage humoristique et un très bon travail de réalisation qui ont réussit à donner à Crazy Stone toutes les cartes en main pour engendrer le succès qu’on lui connait et qui est devenue la nouvelle référence de la comédie d’action en Chine.
Crazy Stone sera disponible chez Spectrum Films le 24 Septembre 2013 dans un boitier slim et collector, proposant un format 2.35 – 16/9 anamorphique (compatible 4/3) en Dolby Digital 5.1 original avec sous-titres français. En bonus, vous trouverez le Making-of et le commentaire de Grace Zhao auteur du livre « Black Humor in Crazy Stone and Contemporary Chinese Cinema »