Shokei no shima
Titre Anglais : Captive’s Island
Réalisé par : Masahiro Shinoda
Année : 1966
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 86 mins
Interprété par
Shima Iwashita
Hosei Komatsu
Rentaro Mikuni
Akira Nitta
Kei Sato
Kinzo Shin
Taiji Tonoyama
Compositeur : Takemitsu Toru
Scénariste : Shintarô Ishihara
Histoire originale : Taijun Takeda
Scénario : Un homme retourne sur une île où il était prisonnier étant enfant, dans une maison de correction, et compte se venger de l’homme qui le brimait. Sur place, il rencontre la fille de l’homme qu’il recherche…
Critique
Entre Beauté et tristesse en 1965 et Double Suicide à Amijima en 1969, Masahiro Shinoda réalise Shokei no Shima, connu également sous le nom de Captive’s Island, un film dramatique très sombre sur la vie d’un homme de retour sur l’île de son enfance, une enfance triste durant laquelle il fut enfermé sur celle-ci et maltraité par un ancien militaire pendant plusieurs années, battu puis jeter à la mer, tous le monde le croyait décédé, y compris les autres enfants de cette maison de correction, jusqu’au jour où ce dernier repose pieds sur l’île pour chercher vengeance.
Réalisé par le célèbre cinéaste Masahiro Shinoda, Shokei no Shima est d’une noirceur et d’une brutalité sans précédent, dans un climat dérangeant, qui plonge le spectateur dans le mystère et dans le doute sur l’identité du protagoniste principal et sur ses motivations.
Qui est-il ? Que veut-il ? Que cherche-t-il ? Autant de questions que se pose le spectateur en apercevant ce dernier.
De ce coté, Masahiro Shinoda réalise un bel effort de style, une réalisation propre et stylisée entre zoom et contre champ, il réussit à mettre en valeur le mystère et le drame qui se joue, une histoire fictionnelle qui s’inscrit dans une vieille tradition japonaise connue sous le nom de Shimanagashi (bannit sur une lointaine île), image de la brutalité de l’isolation de jeunes garçons en maison de redressement, vivant dans de terribles conditions, à la limite de la survie quotidienne, malmenés durement par un ancien militaire.
C’est ainsi par son contexte historique, que l’histoire de Shokei No shima devient tout à fait crédible aux yeux du peuple japonais, ce jeune homme qui rentre au pays sur l’île où il fût prisonnier étant enfant suite à l’assassinat entier de sa famille par un policier militaire de l’époque et qui pendant une vingtaine d’années à cherché à se venger du bourreau sadique qui le maltraité sur cette île presque inhabitée, est tout à fait crédible.
Il rencontrera par hasard la fille de son tortionnaire qui soutiens que son père à changé, son ancien professeur toujours aussi lâche qu’auparavant et l’un des anciens garçons de l’île qui le maltraité également, des retrouvailles très noires pour un jugement tout aussi noir.
L’atmosphère du film est prenante, constamment sous tension, puisqu’on ne connait pas les motivations premières du protagoniste, de plus, le développement du scénario est maitrisé du début à la fin sous une photographie de Hachijojima au sud de Tokyo dans l’océan Pacifique de toute beauté, mais la brutalité des scènes et du drame du film pourra en rebuter certains, notamment les âmes sensibles qui ne sont pas habituées au genre du réalisateur.
Au final, Shokei no Shima est d’une brutalité sans nom, d’un mal-être ambiant, d’une magnifique coulée dramatique, secouant le spectateur, offrant un final tout simplement impensable, aucun doute, Masahiro Shinoda est bien l’un des plus intéressants cinéastes du Japon, même encore aujourd’hui.
