Triangle
Autre titre : Iron Triangle
Réalisé par : Tsui Hark / Johnnie To / Ringo Lam
Année : 2007
Pays : Hong-Kong
Genre : Polar/Action
Durée : 90 mins
Interprété par
Simon Yam
Louis Koo
Kelly Lam
Sun Honglei
Gordon Lam
Yip Chun
Yong You
Lam Suet
Producteurs : Tsui Hark / Johnnie To / Ringo Lam
Chorégraphes : Yuen Bun / Chin Ka-Lok
Compositeur : Guy Zerafa
Scénaristes : Yau Nai-Hoi / Au Kin-Yee
Directeur artistique : Raymond Chan
Monteur : David Richardson
Directeur photo : Cheng Siu-Keung
Réalisateur assistant : Soi Cheng
Scénario : Trois amis partent à la recherche d’un trésor. Ce polar se compose de trois segments, chacun étant signé par un des trois réalisateurs.
Critique
Fabuleuse idée trop peu exploitée, la co-réalisation cinématographique est un exercice délicat, mais peut devenir excellent, si la symbiose entre les divers réalisateurs est bonne, cependant, rares sont les co-réalisations qui ont su réussir, là où la plupart ont échouées et c’est avec trois excellents réalisateurs Hong-Kongais que le projet Triangle est né.
A la manière d’une improvisation, la cohérence n’est pas forcément présente, mais le divertissement est bien là et à l’image de ce genre théâtral, Triangle en revêt les principales caractéristiques, le problème est d’arriver maintenant à faire une critique un tant soit peu construite, chose difficile quand le film lui-même est déconstruit par la mise bout à bout de trois segments complémentaires, mais pas forcément en réelle logique les uns aux autres.
Triangle est donc avant tout une curiosité cinématographique, une tentative osée d’un groupe de trois compères du cinéma hongkongais prêt à tenter l’aventure en sachant pertinemment les difficultés qu’engendre la réalisation d’un film à trois, pourtant ils ont osés le faire et rien que cela leur vaut un grand mérite.
Comme dit précédemment, ceux qui cherchent une cohérence parfaite dans Triangle seront vite déçus, ici le scénario tourne autour d’un trésor ancestral à grande valeur, passant d’une main à l’autre, un peu finalement comme ce projet, passant sous l’œil de la caméra de l’un à l’autre pour finaliser une œuvre iconoclaste, si l’on peut dire çà, passant de l’expérience d’un Tsui Hark, à la technicité d’un Johnnie To jusqu’à la singularité d’un Ringo Lam.
Avec une première partie de Triangle, lancée par Tsui Hark, entre son film Seven Swords et Missing, ayant la lourde tâche de placer le scénario, lancer les personnages, débuter l’intrigue, qui aura finalement de lourdes conséquences sur les deux autres réalisateurs, il choisit donc un lancement explosif par l’usage d’un montage de plan coupé, comme celui-ci à déjà eu l’habitude de faire, puis vient se greffer Ringo Lam et sa seconde partie qui manque sérieusement de rythme et place l’intrigue dans une sorte de dramaturgie polarisante qui laisse selon moi à désirer pour finalement terminer en beauté avec notre ami Johnnie To, qui rehausse le rythme de manière significative et qui rafle la mise du film, en proposant le meilleur segment, dans un gun-fight mémorable que seul Johnnie To sait mettre en scène.
Pour revenir sur les deux segments de Triangle suivant celui de Tsui Hark, celui de Ringo Lam casse littéralement le ton en emmenant ses protagonistes dans un parking, dans lequel Simon Yam est confronté à un sacré dilemme, descendre froidement sa femme l’ayant trompé alors que celui-ci l’aime encore pour soudainement offrir aux spectateurs une scène de danse improbable, décrédibilisant ainsi son segment, jusqu’à même faire courir la femme de Yam, après que celle-ci se soit fait renverser de plein fouet par une berline noire, autant dire qu’on a du mal à y croire.
Puis finalement, le segment de Johnnie To prend place et là, Triangle devient franchement enivrant, en nous offrant des scènes incroyablement géniales, comme la séquence du rond-point ou la rencontre avec le garagiste complètement allumé, interprété par Lam Suet et ce bon vieux gun-fight, maitrisé d’un bout à l’autre, avec un sens de la demi-mesure, ici, les balles ne fusent pas de toute part, le chargeur à ici une limite, contrairement à d’autres films, entre courtes séquences de fusillades et moment plus ancré dans le suspens, cette scène vaut à elle seule le détour.
Au final, certains diront que Triangle est raté, moi je dirais qu’il s’agit d’un premier essai intéressant et que les acteurs méritent quelques remerciements, car s’il est difficile de réaliser un film par trois réalisateurs, il doit être encore moins évident d’être dirigé par trois cinéastes en même temps. Le concept de la triple réalisation est donc viable, reste maintenant à proposer une meilleure cohérence des trois segments, voir carrément une autre idée de la réalisation triangulaire.