Bashing

Bashing
Aka : Harcèlement | 2004 | Japon | 82 mins | Drame | Un film de Kobayashi Masahiro | Avec Urabe Fusako, Otsuka Nene, Kato Takayuki et Honda Kikujiro

Scénariste : Kobayashi Masahiro

Scénario : Japonaise enlevée au Moyen-Orient, Yuko est de retour dans son pays natale après des mois de captivité. Mais les Japonais rejettent l’ancienne otage, la couvrant d’injures et de menaces. A la mort de son père, le seul être à ne pas montrer d’hostilité à son égard, la jeune femme décide de regagner le Moyen-Orient…

Critique

Voici l’un de ces films que j’aime voir, celui qui vous retourne la tête sur le plan psychologique, c’est selon moi un des aspects les plus intéressants du cinéma, cependant, je pense qu’il est difficile pour un occidental de comprendre ce film même moi, j’ai eu quelques questionnements à son sujet. En effet, Bashing traite du harcèlement d’une jeune femme suite à sa captivité au Moyen-Orient après une mission de bénévolat, difficile de croire qu’on peut lui en vouloir.Mais pour un pays comme le Japon, il semblerait que cela représente une immense honte pour ses habitants. Comme le dit un des personnages de l’histoire : « Pourquoi ne pas aider ton pays au lieu d’aller aider les gens d’un autre continent ? Commence plutôt par t’occuper des tiens » (à quelques mots prêts), je pense que cela reflète bien la raison pour laquelle cette dernière se fait harceler plusieurs mois après son retour. Bien évidemment, pour quelqu’un d’occidentalisé comme moi, ce harcèlement est incompréhensible et même intolérable. Il est d’autant plus impensable d’y croire lorsque l’on sait que le film est une histoire vraie.

En effet, Bashing dénonce le racisme du Japon envers lui-même, un phénomène que l’on ne soupçonne même pas et qui pourtant existe bel et bien. Kobayashi Masahiro marche sur un tapis de cendres brulantes et les réactions virulentes à son égard fût nombreuses suite à la sortie de Bashing. Pourtant Kobayashi use d’idées plutôt bien pensées pour décrire ce phénomène, d’une part en choisissant une actrice qui joue un personnage pas forcément très sympathique, plutôt introvertie voir même têtue, sans pourtant exploser de colère. On la voit souvent, lors des gros plans sur son visage se retenir de pleurer, de crier ou tout simplement d’exprimer son ressenti et de finalement faire face à sa situation.

Mais il est vrai qu’on peut se demander dans quelle mesure cette situation est arrivée. Il semblerait que cela soit du en partie au gouvernement qui avait très mal vue le fait que certains résidents du Japon partent pour intervenir en Irak et aider le peuple sur place. De ce fait, une grande majorité des Japonais ont suivi le choix du gouvernement (comme il est souvent le cas) et ceux étant partis là bas et qui se sont fait prendre en otage sont devenus une honte pour le Japon et les Japonais et surtout un poids supplémentaire pour le gouvernement qui devait les aider à contre-cœur. De retour dans leur pays, c’est à travers des proclamations publiques et virulentes, un harcèlement moral par téléphone, sur le lieu de travail, qu’ils ont du faire face, tout du moins pour ceux n’ayant pas changé d’identité en cours de route.

Mais l’héroïne de Bashing décide à sa manière de faire face à la situation, tout du moins, ni elle, ni son père ne souhaitent changer d’identité, ils assument leurs actions, sauf peut-être ce dernier qui vit difficilement cette situation suite à la perte de son travail. C’est donc au travers de messages journaliers sur son répondeur, de confrontation au supermarché du coin, de situations conflictuelles avec son petit ami en même temps que la situation que cela engendre dans son cercle familiale. Le plus triste dans l’histoire de Bashing, c’est que le réalisateur a du se débrouiller tout seul. Aucun soutien financier, moral ni amical, tourné en 5 jours et demi à l’abri des regards indiscrets ont tout de même permis de réaliser Bashing. Finalement Kobayashi Masahiro a osé faire un film qui dérange, avec très peu de moyens et un grand courage de la part du casting, le genre de film qu’on aimerait voir plus souvent, ce genre de films qui dénoncent et qui fait du bien à voir, car ils sont radicalement différents de films aux idées formatées.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Bashing de Kobayashi Masahiro
Note
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