9.3 : Mémoire d’un Territoire

Critique de 9.3 : Mémoire d’un Territoire

Dernier film de l’opération CineTrafic que j’ai réussi à obtenir après Meurtre à l’Italienne et Il Ferroviere, il s’agit de 9.3 : Mémoire d’un Territoire, un documentaire sur l’histoire de ce département de la zone Parisienne, La Seine Saint-Denis. En effet, ce documentaire nous montrera comment la Seine Saint-Denis et autres départements à la périphérie de Paris sont devenus ce qu’ils sont aujourd’hui ou devrais-je dire tente d’y répondre, car la question reste tout de même difficile à traiter. Néanmoins, Yamina Benguigui s’efforcera à montrer cette évolution à travers les historiens et les habitants de ces quartiers.Il est évident que ce documentaire a vu le jour suite aux émeutes de 2005, tragédie ayant fait le tour du monde sans que les gens ne les comprennent vraiment, tout du moins sans leur donner un sens. Ce documentaire cherche alors à apporter à ce débat, une vision pertinente et historique des raisons de l’évolution de ces quartiers au travers des décennies, souvent cause de cruels choix politiques.

Afin de comprendre les raisons qui font ce que le département du 93 est aujourd’hui, Yamina Benguigui va, durant ce documentaire Mémoire d’un Territoire, retracer une partie de l’histoire en commençant par le XIX siècle , intitule « Acte premier : 1860 – 1964, l’arrière-cour de Paris », durant lequel, la région parisienne s’est fortement industrialisée. Pour éviter la pollution de la ville de Paris se voulant bourgeoise et intellectuelle, les industries polluantes de l’époque ont tous été construites en périphéries. Fatalement, les ouvriers de l’époque sont déjà stigmatisés dans ses périphéries et ces zones vont attirer au fur et à mesure des travailleurs de l’Europe entière. La France, face à cet afflux de mains d’œuvres, construira des logements pour cette nouvelle population. De ce fait, on aperçoit la naissance du certaine politique urbaine qui cherche à construire de grands complexes pré-fabriqués. C’est le début des Ghettos.

Puis vient la seconde partie de Mémoire d’un Territoire, « Acte II : 1964 – 1980, chronique d’un ghetto annoncé », véritable loi sur le partage de la Seine et de la Seine-et-Oise en sept nouveaux départements. Celui de la Seine-Saint-Denis obtiendra le numéro 93, numéro de l’ancien département de Constantine en Algérie.Le regroupement ne se fait pas par hasard, car les plus grands départements regroupent les communistes, de façon à les écarter les uns des autres. C’est le cas du 93 qui est surnommé la banlieue rouge.Puis on aperçoit une désindustrialisation suite aux crises économiques, notamment en 1973 avec le choc pétrolier. Le regroupement familial rentre en jeu et fait exploser la démographie du pays en population immigrée dans le département du 93. Ce département ne subira aucun entretien, aucune urbanisation, pas d’écoles, de cinéma, rien.

On termine ce documentaire Mémoire d’un Territoire par « L’Acte III : à partir de 1980, entre espoir et désespoir », où l’on découvre une génération perdue, n’ayant plus aucun repère, qui tente de sortir de leur enfermement, dans ces zones où l’on ne trouve rien, où l’on tourne en rond du matin au soir. Suite à certaines politiques, de grands groupes s’installent finalement, libérés des taxes de ces zones devenues franches et le 93 devient alors le second département le plus riche de France, cependant, les emplois de sont pas destinés à la population de ce département. Le problème reste donc entier voir pire, cette population est narguée de cette croissance qui se déroule sous leurs yeux sans qu’il en profite. C’est à partir de 2005, que le 93 accumule l’ensemble des problèmes, intervient alors les émeutes montrant les revendications de cette population, leur raz le bol, leur envie de démontrer au monde la détresse de ce territoire trop longtemps oublié.9.3 : Mémoire d’un Territoire est un documentaire non-orienté, impartial qui mérite d’être vu pour ne serait-ce comprendre historiquement les raisons de cet état de fait, de ce département difficile.