Humanity and Paper Balloons
Critique
Trois films, c’est le chiffre qui caractérise cet incroyable réalisateur, Sadao Yamanaka, trois films ayant réussi à survivre suite à la négligence des studios de l’époque et aux divers bombardements.Après Tange Sazen and the Pot Worth a Millions Ryo en 1935 et Priest of Darkness en 1936, Humanity and Paper Ballons est le dernier film sauvegardé, qui nous fait déjà regretter la mort de ce très jeune réalisateur.Ce prolifique cinéaste à débuté sa carrière en tant que scénariste et assistant-réalisateur à l’âge de 20 ans en réalisant son premier film seulement cinq ans plus tard.Entre 1932 et 1937, il réalise 22 œuvres cinématographiques, le dernier étant Humanity and Paper Ballons.Le premier jour de la présentation de son film, Yamanaka est réquisitionné par l’armée, un an plus tard, il meurt dans un hôpital de guerre en Manchurie.
La première chose à laquelle on fait face, c’est le caractère anti-classique de Humanity and Paper Balloons, celui-ci est en totale opposition du traditionnel JidaiGeki de son époque.On débute sur un tragique événement, un samouraï qui a trouvé la mort en se suicidant par pendaison, une chose inimaginable pour un samouraï de son rang, image de l’anti-conventionnalisme de Humanity and Paper Balloons et de son scènario.Ici, il n’y a que des antihéros, pas d’héroïsme à l’horizon, mais un simple ronin vivant avec sa femme fabricant des ballons de papier pour survivre et qui cherche désespérément a obtenir un emploi auprès d’un ami de son défunt père grâce auquel, l’officiel local à réussit à devenir ce qu’il est aujourd’hui.D’un autre coté, les hommes de main du chef local, Yatagoro, recherchent un ancien coiffeur, Shinza, qui organise des jeux d’argent sur leur territoire, sans leur permission alors qu’en même temps, cet officiel cherche à marier sa fille à un riche marchand local.
Humanity and Paper Balloons brille par son coté naturel, ici, aucun sur-jeu n’est visible, mais également par la manière dont il est filmé, narré et mis en scène.C’est à travers diverses répétitions scénaristiques, des plans enlevant parfois des repères dans l’espace et en faisant une comparaison forte entre l’intérieur des habitations représentant la sureté et le rassurant et l’extérieur, symbolisant l’hostilité et l’inquiétant.A croire que la misère dans laquelle vive les habitants est plus intéressante que l’ouverture vers le monde extérieur.D’ailleurs, la caméra s’amuse à transiter rapidement entre ces deux univers pour perturber le spectateur et le brutaliser.
Ce ballet répétitif, de jeu de contraste s’accommode bien à la période féodale et son humour noir qui le traverse en fond un véritable chef-d’œuvre du cinéma Japonais.On fait la fête lorsqu’un homme est mort, comme si la mort rassemblait les gens ou encore l’adversité face aux pressions de la milice.Mais à aucun moment, Humanity and Paper Balloons tombe dans la dramatisation, le fait que le film soit centré sur une communauté en tant que personnage principal du film fait que le spectateur ne s’attache pas à un personnage en particulier, mais bel et bien à son ensemble.Au final, il nous montre une société en période de récession qui s’accroche à un bonheur très modeste, mais au pessimisme affiché.Humanity and Paper Balloons mérite amplement les qualités qu’on lui confère et reste témoin de l’existence d’un grand réalisateur nous ayant quitté tragiquement trop tôt.