Touch of Evil
Scénaristes : Orson Welles & White Masterson
Critique
« Allez, lis-moi mon futur. Tu n’en as aucun. Que veux-tu dire par là ? Ton futur est déjà tout usé« . C’est ainsi dit d’une diseuse de bonne aventure à notre shérif d’une ville frontalière interprété par Orson Welles. L’histoire prend place à Los Robles, une petite ville à la frontière entre l’Amérique et le Mexique. C’est l’une des pires villes qu’ils existent, en effet, les villes frontalières ne représentent que le pire du pays auxquels elles appartiennent. C’est en endroit composé de bars, de clubs de strip-tease et de maisons clauses, pendant que la musique sort de toute part et s’engouffre dans les rues. Dans la scène d’ouverture de Touch of Evil, on y voit un individu, placer une bombe dans le coffre d’une voiture et la caméra suit alors celle-ci à travers la rue tout en suivant en même temps, un couple sortit d’un club qui emprunte la même route. C’est un couple de jeunes mariés, Mike et Susan Vargas. Au point de contrôle de la frontière mexicaine, ils se retrouvent même être aux cotés de la voiture condamnée. Mike et Susan passent, le poste lorsqu’une explosion se fait entendre hors champ, avant d’apercevoir la voiture en feu. Une scène culte du réalisateur.
Bourré de dialogues fins, Touch of Evil d’Orson Welles n’est pourtant pas le plus apprécié du public. Pourtant sous couvert d’une histoire en somme assez banale, Touch of Evil ne se concentrera pas sur la résolution de l’explosion du début du film, mais bel et bien sur le questionnement des agissements de ceux au dessus des lois, ceux qui sont peu scrupuleux, accuse des innocents voir même fabriquent des preuves. Magnifiquement réalisé, mais également interprété par Orson Welles dans le rôle du capitaine Quinlan, un policier corrompu, pessimiste, un peu ivrogne, mais ayant beaucoup de flair, est un film noir. L’ambiance oppressante de par sa faible luminosité et ses jeux d’ombres et de lumières nous donne une atmosphère particulière à l’œuvre du réalisateur. Pour accentuer cette impression, Orson Welles filme en gros plan les visages de ses protagonistes, le malaise en devient plus important.
Composé de scènes marquantes, Touch of Evil est finalement un film peu reconnu du réalisateur. Le thème est clairement identifié et la confrontation entre les cultures est palpable et prend une tournure ironique. Vargas reflète finalement le stéréotype du gringo alors que Quinlan représente le cliché d’homme de loi mexicain. Mais si l’on creuse un peu plus, on peut y voir également la suite logique d’un thème récurrent du réalisateur. Il s’agit d’une œuvre aux tournures autobiographique, Orson Welles a toujours interprété des rôles de géants détruits par des prétentions démesurées et une fierté immense (Kane, Macbeth, Othello). Bref, Touch of Evil est une œuvre à voir pour tous cinéphiles qui se respectent.