Les 11 Guerriers du Devoir
Titre anglais : Eleven Samurai
Titre original : Ju-ichinin no samurai
Réalisé par : Eiichi Kudo
Année : 1967
Pays : Japon
Genre : Chambara/Drame
Durée : 95 mins
Interprété par
Junko Miyazono
Koji Nambara
Isao Natsuyagi
Kô Nishimura
Keiko Okawa
Ryutaro Otomo
Kei Sato
Kotaro Satomi
Kantaro Suga
Compositeur : Ifukube Akira
Scénario : Lors d’une chasse au cerf, un haut dignitaire royal venant d’Edo, tue d’une flèche dans le dos un fermier trop lent à s’écarter de son chemin. Puis il blesse grièvement d’une flèche dans l’oeil le daimyo local (seigneur du fief) venu protester contre la première agression. La rudesse et la cruauté du tyran va susciter la haine chez certains membres du clan, qui vont s’organiser pour le piéger et le tuer. Son fidèle serviteur, commandant des troupes, va se battre jusqu’au bout pour défendre ce chef qu’il juge pourtant bien inhumain..
Critique
Entre Le Grand Attentat en 1964 et Aftermath of Battles without honor and humanity en 1979, Kudo Eiichi réalise un film de chambara nihiliste répondant au nom Les 11 Guerriers du Devoir, un opéra barbare loin de montrer la grandeur d’âme des samouraïs et de leurs actes héroïques.
Ici dans Les 11 Guerriers du Devoir, on y rencontre des hommes remplis de doute, qui cherchent à tout prix à se venger, en répondant à la violence par la violence.
Certes, Les 11 Guerriers du Devoir n’a rien dans l’aspect formel l’équivalence d’un film de Kobayashi ou encore de Kurosawa, ni même sous l’aspect lyrique, car son grand pessimisme et sa profonde noirceur à l’état brute, tentent de se comparer aux œuvres les plus noires du genre du Chambara, sans atteindre l’état de grâce de ces derniers.
Kudo n’oublie pas cependant d’ajouter à son film, une sensibilité toutes particulière et mélancolique, admirablement sonorisée par Akira Ifukube, qui est déjà responsable des scores de plusieurs films dans la série des Zatoichi, mais également de la trilogie du col du bouddha de Kenji Misumi.
Il se base également de manière relative, à la trame de l’histoire des 47 Ronins, un monument du genre, tout en mettant l’accent sur le coté tragique et en étoffant plusieurs de ses personnages qui évoluent eux-mêmes au travers d’un seul, ici Hayato, interprété par Isao Natsuyagi, qui rempli le scénario de son histoire personnelle.
Tout comme son film Le Grand Attentat, il dépeint très justement le déchirement d’un drame familial et amoureux dans des séquences poignantes, mais sobres sans jamais tomber dans le mélodrame.
Parmi un casting plutôt brillant, Ko Nishimura offre un contrepoids au jeu intense des autres protagonistes, en interprétant un personnage torturé d’un ronin au passé noir et chargé.
Il est difficile de savoir si Kudo dispose d’un niveau assez élevé d’éléments pour tenir la distance aux plus grands chambara, qui sont bien moins politisés, car même en revendiquant une photographie tout à fait convaincante, par l’usage du scope et de décors naturels, et d’une mise en scène décortiquée, Kudo en fait peut-être un peu trop pour réellement rivaliser avec les plus beaux chambara.
Au final, ce manque de régularité ne permet pas au film de tenir tête au plus grand chambara, même par la présence d’un excellent Natsuyagi Isao ou du talentueux Nishimura Ko et à son physique de dur à cuir et de ce final brutal et particulièrement meurtrier.
Pourtant, Les 11 guerriers du devoir montre que Eiichi Kudo est un metteur en scène de talent, capable de mettre en place un climat chaotique, jouant de subtils montages à la photographie soignée, imprégné d’un nihiliste ambiant.