Vengeance
Producteur : Wai Ka-Fai & Johnnie To | Compositeur : Lo Tayu | Scénariste : Wai Ka-Fai | Directeur Artistique : Silver Cheung | Monteur : David Richardson | Directeur Photo : Cheng Siu-Keung
Critique
Avant que Johnny Hallyday ne rende l’âme comme l’annonce déjà certains médias charognards, il était temps que je vois ce film de Johnnie To, vu que celui-ci affichait la présence de deux acteurs Français, le célèbre chanteur de rock populaire, que je n’aime pas spécialement, je l’avoue et Sylvie Testud, qui je dois l’avouer m’intéresse plus que cette célèbre gueule française. Je tiens donc à dire, que je ne suis pas, mais alors pas du tout, fan de Johnny, ni de lui ni de ses chansons, chose importante pour vous fournir une critique sur Vengeance et non sur la performance de l’acteur-chanteur comme certains l’ont fait. Cependant, une question légitime se pose : Pourquoi Johnnie To a décidé de faire un film avec Johnny Hallyday ? Aujourd’hui encore, je n’ai pas trouvé de réponse.
Vengeance n’est pas compliqué, comme vous le deviner, il s’agit d’une histoire de vengeance dans laquelle Johnny Hallyday interprète le rôle de Francis Costello qui apprend la tragique mort du mari de sa fille et de ses deux petits enfants. Sa fille se retrouve dans un grave état général.Cette dernière demande à son père de la venger, celui-ci ne pouvant refuser sa demande, décide de partir pour Hong-Kong à la recherche des responsables. Sur place, il rencontre trois tueurs à gages qu’il finira par embaucher pour lui venir en aide. Rien de très compliqué au final, mais un scénario qui tient la route et qui a déjà fait ses preuves.
Certains ont pensé que Johnnie To tentait de se renouveler avec Vengeance, mais finalement, on s’aperçoit rapidement que ce dernier ne fait que continuer sa série de polars stylisés comme il le fait régulièrement depuis ces dernières années. Il a juste tenté de changer un peu la donne en prenant sous son aile, un acteur pas vraiment acteur, mais tout de même accompagné de grosses stars habituelles, avec Anthony Wong, Lam Suet et Gordon Lam. Cependant, le personnage principal de Vengeance reste Johnny Hallyday, qui est loin d’être celui à qui on penserait pour tenir ce rôle.Il est ici, désabusé, portant un lourd fardeau aux cotés de sa mémoire prête à le quitter, quasi spectre en fin de vie, animé seulement par une vengeance pleine de cœur pour sa fille.Un peu théâtral, mais tout de même convainquant.
Par contre, la rupture de Johnnie To n’a jamais été aussi présente, une grosse partie des scènes affichent une surprise. La visite de l’appartement où la tragédie à eu lieu finissant sur un repas convivial durant lequel Johnnie Hallyday et Gordon Lam se font un pari de savoir qui remontera un pistolet en pièce les yeux bandés. Mais encore, une partie de foot sur la plage avec des enfants avant de partir assassiner l’homme de ses désirs ou encore un terrain de tir sur lequel les tireurs s’amusent à faire ricocher leurs balles sur un vélo pour le faire avancer sans qu’il bascule.Mais cette rupture s’affiche également en pleine action, entre des dialogues quasi westernien et un ballet chorégraphié durant les scènes de fusillades.
Avouons-le, Johnny Hallyday n’est pas forcément à sa place, mais Johnnie To réussit tout de même à l’utiliser à bon escient, surtout lorsqu’il est accompagné de trois superstars pour lui tenir la réplique. Finalement, le cinéma de Johnnie To se résume à peu de choses.C’est peut-être pour cela que ce dernier a décidé de repartir sur la comédie, pour son public, mais également pour lui-même, pour trouver ailleurs ce qu’il pourrait ajouter dans son prochain polar, pour changer ses habitudes. Cependant, la mise en scène reste précise, professionnelle et maitrisée, ses cadrages font toujours preuve d’un grand respect, à voir donc tout de même.
Une oeuvre de genre pas inintéressante pour tout ceux qui apprécie le travail de To. Alain Delon était pressentit pour le rôle avant qu’il ne décline l’invitation. L’interprétation du personnage principal aurait-elle été meilleure pour autant… ?
Dans tous les cas, les acteurs locaux tiennent leur promesse, d’Anthony Wong à Simon Yam. Quant à Johnnie To, encore une leçon de cinéma avec quelques scènes de gunfights pas loin de devenir des scènes d’anthologies.