The Way We Are

Une fois de plus, Spectrum Films nous dévoile un film qui se marie extrêmement bien à leur politique d’édition. Il faut le souligner étant donné que l’éditeur prend à chaque sortie, énormément de risque, car il faut bien se le dire, leurs films sont destinées à un public très ciblé. Mais grâce à eux, j’ai pu voir mon premier film de Ann Hui, The Way We Are, une réalisatrice que je ne connaissais pas du tout ou juste que de nom et que j’ai pu enfin déguster dans The Way We Are, une œuvre dont le quotidien est son sujet principal. En effet, le centre du film tourne autour d’une famille assez importante, où l’on ne suit finalement que l’intimité d’une partie de cette dernière, c’est à dire, celle d’une mère, travaillant aux rayons des fruits et légumes d’un super-marché et de son fils, étudiant, ayant passé ses examens et profitant de ses vacances scolaires.

Ann Hui a pour but avec The Way We Are de suivre leur quotidien et de sa réalité de tous les jours, dans le quartier de Tin Shui Wai, un quartier plutôt mal perçu dans les nouveaux territoires de Hong-Kong. En parallèle, c’est un autre appartement qui est mis en lumière, avec une vieille dame seule, qui n’a plus de famille pour lui tenir compagnie. Celle-ci, un jour, croisera notre mère de famille au coin du rayon fruits et légumes et une amitié se créera entre ces deux êtres que la solitude frappe depuis plusieurs années.

Alors oui, The Way We Are peut paraître ennuyeux aux premiers abords, mais il n’en est rien, Ann Hui arrive sans aucun soucis, à capter le quotidien sans nous faire piquer du nez. Je ne sais pas vraiment comment l’exprimer, mais ce genre de film a le don de me tenir en haleine et de me faire vivre des choses à travers de simples images. C’est peut-être sa neutralité assumée et sa grande générosité à nous dévoiler l’intimité de ces personnes que cette chronique familiale réussie à nous offrir un grand moment de cinéma dans un bonheur le plus simple qu’il soit.

En somme, on pourrait rapprocher le cinéma de Ann hui, en tout cas, de son film The Way We Are, au cinéma de Tsai Ming-Liang, qui lui aussi, nous dévoilait ce sentiment de solitude dans un cadre épuré avec I Don’t Want to Sleep Alone. La différence vient surtout du fait que Tsai Ming-Liang nous offrait une vision plutôt pessimiste, au contraire de Ann Hui, qui nous permet d’apercevoir, que la solitude peut se combattre simplement en prenant soin des gens qui nous entourent, même d’une inconnue vivant dans le même immeuble. Par contre, une chose est sure, The Way We Are est un film d’auteur et il sera demandé aux spectateurs de se laisser transporter par ce quotidien, sous peine de décrocher très rapidement.

Il est évident que Ann Hui nous dévoile ici, ce qui fait du quartier de Tin Shui Wai, son point fort : cette entraide omni-présente. Car malgré un environnement bétonné où l’individu semble écrasé, celui-ci persiste à vouloir vivre, mis en scène ici, par les différentes scènes de repas que l’on peut y trouver. Cependant, attention, on je joue pas dans la cour du larmoyant et des violons, on est bien ici dans une vision quasi-documentaire, on ne joue pas sur la corde fragile, mais belle et bien sur la véracité des faits avant tout.

Je ne pourrai que trop vous conseiller de vous laisser tenter par ce bout de vie que nous offre Ann Hui, avec The Way We Are, sous peu que vous ne soyez pas uniquement intéressé par le cinéma du divertissement pur. Si le cinéma représente bien d’autres choses pour vous, alors je sais qu’un tel film ne pourra qu’être apprécié.