Suspicion
Scénaristes : Samson Raphaelson & Joan Harrison
Critique
Regardez un « nouveau » Hitchcock est pour moi, un grand plaisir de cinéaste, en effet, je dis « nouveau » car cela fait à peine un mois que je me consacre à sa grande filmographie qui m’épate à chacun de ses titres. Cette fois-ci, il s’agit de Suspicion, l’adaptation d’un roman de Francis Iles dans lequel, une jeune femme , Lina Mc Kinlaw, interprété par Joan Fontaine, faisant partie de la bourgeoisie de la société britannique tombe amoureuse d’un homme, John Aysgarth, interprété par Cary Grant, sans argent et plutôt dragueur se faisant passer pour un riche garçon. Alors que ses parents vont à l’encontre de cette relation, Lina épouse John et s’installe dans une très belle maison. Mais très rapidement, Lina se rend compte que John n’a pas le moindre argent et qu’il semble être fortement attiré par celui-ci, jusqu’à le suspecter de mauvais coup.
En faisant appel à Cary Grant, que l’on a l’habitude de voir dans des films plus orientés sur la comédie, Hitchcock lui propose le rôle d’un personnage inquiétant se mariant parfaitement à son physique ambiguë de l’homme parfait, mais à la fois inquiétant. Ce qui fait la force de Suspicion, c’est la performance de Joan Fontaine et de la montée d’inquiétude et de suspicion envers John. Au début, c’est une histoire de chaise de musée vendue pour de l’argent, puis une sombre histoire d’argent disparaissant des comptes de son employeur, jusqu’aux soupçons d’actes bien plus graves, qui hante littéralement Lina jusqu’à même la tourmenter dans son subconscient. Je dois l’avouer, je suis quasiment tombé amoureux de ce joli minois de Joan Fontaine dans Suspicion, son charme indéniable enivre le spectateur et on se prend d’affection pour cette dernière et de la situation qu’elle vit. Finalement, Hitchcock arrive à nous mettre dans l’état d’inquiétude et de soupçons de Lina envers son mari. C’est en manipulant le spectateur que Hitchcock réussit son pari et à nous faire douter de Cary Grant.
À vrai dire, ces multiples mensonges lui enlèvent toute crédibilité. On le sait au fond être un homme attentionné et plein d’amour pour sa femme, mais un doute subsiste et c’est bien là, le grand tour de force de Hitchcock dans Suspicion. Instaurer le doute du début à la fin, jusqu’aux dernières minutes du film. Nul doute que la collaboration de ces deux acteurs est les éléments clés de la réussite du film accompagné d’un subtil mélange de talent à la réalisation et au scénario. Hitchcock, comme à son habitude, fait appel à la peur et à l’angoisse, poussant ainsi Lina jusqu’à imaginer les pires scénarios, imagination qui ira jusqu’à penser à l’empoisonnement de son mari, dans cette magnifique scène du verre de lait d’une blancheur immaculée.
La fin de Suspicion reste cependant discutable, la vision du producteur et du réalisateur n’était pas identique, on se doute bien que Hitchcock n’a pas eu le dernier mot à son sujet. Cependant, cette scène est vraiment symbolique du film et marque bien ce dernier même si l’on peut y trouver à redire. Une fois de plus, Hitchcock m’impressionne et j’ai à vrai dire hâte de voir la suite de sa filmographie.