Promesse
Scénariste : Kiju Yoshida | Directeur Artistique : Kikukawa Yoshie
Critique
Le dernier film de Kiju Yoshida de sa période plutôt inscrite dans le genre dramatique que j’avais vu ne m’avait pas laissé un bon souvenir, mais en sachant que celui-ci est capable de faire des films assez forts, je me suis dit que j’allai retenter l’expérience avec son film La Promesse. Cette œuvre qui traite de l’euthanasie et des personnages âgés marque le retour du réalisateur derrière la caméra après un arrêt de 13 ans et par conséquent le style du film est vraiment différent du formalisme qu’il avait utilisé quelques années auparavant. Ici, l’écriture de Promesse est bien plus limpide, il devient ainsi plus aisée de suivre son histoire et je dois dire que ce n’est pas pour me déplaire, ces derniers films étaient un peu trop tirés sur des expressions formelles, même pour quelqu’un comme moi qui à tout de même vu un bon nombre de films japonais de toute époque.
Avec La Promesse, Kiju Yoshida s’attaque à un phénomène de société qui touche tout le monde, celui de l’euthanasie.Par l’analyse de celui-ci, il dénote également un changement au niveau de la société Japonaise elle-même et plus précisément la cellule familiale dans son ensemble. Dans la préface de La Promesse, Kiju Yoshida s’exprime à ce sujet, il décrit la difficulté de montrer la différence entre l’euthanasie et le meurtre d’un être vivant, car visuellement, il s’agit de deux actes identiques avec une même finalité, c’est donc à travers une mise en scène particulière qu’il réussit à traduire d’un point de vue cinématographique la différence entre ces deux actions. J’avoue que de ce coté, Promesse de Kiju Yoshida arrive à toucher le spectateur, à lui faire prendre conscience de certaines choses et ce dernier se retrouve régulièrement mal à l’aise face aux images. Pour ce faire, Kiju Yoshida prend l’exemple d’une famille avec à sa tête Yoshio qui découvre sa vieille mère Tatsu morte. La police, mené par un excellent Wakayama Tomisaburo tente d’élucider l’affaire, car certains éléments font penser qu’il ne s’agit pas d’un suicide, mais bel et bien d’un meurtre.La réponse ne trouvera réponse qu’en tout fin du film, car Kiju Yoshida nous offre un flash-back de plusieurs jours pour comprendre ce qu’il sait passer au préalable.
On y voit donc Tatsu, au début en forme et au fur et à mesure des jours, on y voit sa maladie, surtout centrée autour de douleurs aux reins, puis sa souffrance, celle de perdre sa féminité, de ne plus contrôle son corps, de perdre parfois la tête et jusqu’au point de vouloir mettre fin à ses jours.Kiju Yoshida aborde donc la question de la vieillesse, mais pas de manière attendrissante comme on le voit souvent (même si certaines scènes forcent le respect) mais de manière assez crue.On y voit des personnages âgés devenir sénile, des personnes « qui s »oublient » parfois comme le dit si bien la famille, le tout n’étant jamais traité par complaisance, mais bel et bien pour nous montrer de quoi il en retourne vraiment et d’y faire face, même si cela doit passer par la vision d’un corps nu d’une vieille femme usée par le temps.Le spectateur est donc au final mal à l’aise, il souffre en même temps que ces deux personnages âgés qui perdent peu à peu le reste de leur humanité.D’ailleurs, cette question est au centre de la famille, jusqu’au fils traitant ses propres grands-parents, d’animaux et non plus d’êtres humains.On se retrouvent donc à comprendre leur envie d’en finir avec la vie.
En finalité, Kiju Yoshida ne cherche selon moi pas à expliquer si l’euthanasie et le fait de satisfaire les demandes d’une personne qui souhaite mourir est une chose à accepter ou pas, il nous montre simplement que l’humanité peut être cruelle face à ceux qui la perdent.Il en ressort que La Promesse est un film éprouvant, mais intense où l’on y aperçoit une cellule familiale en plein doutes.La Promesse est finalement une belle image du réalisateur, celui qui a toujours cherché à démontrer que le cinéma est avant tout « image » et fait de cette œuvre, un sentiment universel face à celui-ci.