One Million Yen and the Nigamushi Woman

One Million Yen and the Nigamushi Woman
Aka : Hyakuman-en to Nigamushi Onna | 2008 | Japon | 120 mins | Drame | Un film de Tanada Yuki | Avec Aoi Yu, Hiraiwa Kami, Sasano Takashi, Shimada Kyusaku, Tekezai Terunosuke et Yuki Saya

Producteur : Kobata Kumi & Maeda Koko | Scénariste : Tanaka Yuki

Scénario : Suzuko, une jeune fille de 21 ans, se retrouve involontairement placée en prison pour une courte période. De retour à la vie normale, elle enchaîne les petits boulots sans que cela lui plaise. Pour se retrouver, elle décide de changer de ville chaque fois qu’elle pourra économiser un million de yens. Malheureusement, son casier judiciaire chargé lui compliquera les choses…

Critique

Parfois, un film dont on n’attend strictement rien devient une œuvre qu’on est ravi d’avoir découverte et c’est le cas avec One Million Yen and the Nigamushi Woman, dont le titre me faisait penser à une comédie à la manière d’un Sazen Tange and the Pot Worth a Million Ryo et finalement c’est devant un drame plutôt bien fait que je me suis retrouvé. A vrai dire, avec la réalisatrice de One Million Yen and the Nigamushi Woman qui ne m’avait pas encore convaincu et un scénario déjà abordé dans plusieurs métrages , j’étais loin d’être confiant pourtant, cette histoire d’une jeune fille venant tout juste de sortir de prison pour une bête histoire, se retrouvant en ville en changeant régulièrement de région pour tenter de trouver sa place dans la vie a réussi à me convaincre. Pourtant, ce portrait de femme entre l’adolescence et l’âge adulte sous fond de road movie n’était pas franchement attirant. Cette femme, c’est Suzuko, qu’interprète l’actrice Aoi Yu que l’on avait découverte à l’époque chez Shunji Iwai et plus récemment dans Tokyo! et je dois dire que sans cette dernière, le film aurait surement perdu de son intérêt, sa prestance et son jeu font d’elle une actrice accomplie. Et c’est pourquoi on la retrouve tout au long de One Million Yen and the Nigamushi Woman sans jamais la perdre de vue en la présentant comme une simple femme paumée et qui peu à peu s’affirme et trouve sa place malgré un fardeau judiciaire qui vient complètement en opposition à son attitude de jeune candide.

Mais One Million Yen and the Nigamushi Woman est surtout intéressant puisqu’il traite d’un phénomène de société, celui du regard que porte celle-ci face aux personnes ayant un casier judiciaire, c’est donc des thèmes bien plus importants qui sont traités ici et non un simple road movie sans fond. Tanada Yuki arrive finalement à nous proposer un film en apparence grand public tirant vers le cinéma indépendant, celui qui ose gratter là où çà fait mal, malgré des pressions commerciales des producteurs. En effet, dénoncez une condamnation abusive et disproportionnée pour montrer du doigt un code pénal datant d’une autre époque n’est pas une mince affaire surtout dans un pays tout de même rigide et ancré dans des traditions encore fortes.

Le second aspect dénoncé dans One Million Yen and the Nigamushi Woman, c’est le comportement de la société face à une ex-détenue, en effet, celle-ci ne sera accueillie avec gaieté que dans un petit village de montagne, mais aussitôt ce dernier au courant de son passé, il ira jusqu’à la chasser de manière virulente.Un retournement de situation presque incompréhensible et pourtant pas si éloigné de la réalité de nos jours. Son passé la suivra partout, sauf dans la dernière ville où elle posera un pied et où un jeune homme s’éprendra d’elle, mais encore une fois, c’est de son passée lui-même, qu’elle ne pourra se défaire, elle ira jusqu’à culpabiliser tout seule sans que ce dernier lui fasse de reproche. Une triste réalité où l’homme est marqué par une société et ses comportements, cette apparence sociale qui nous pèse même si on ne souhaite pas la considérer. Finalement, à force d’enchainer les situations, la jeune fille du début devient une femme au caractère endurcie, individualiste et réfléchie, au contraire de son apparence candide. One Million Yen and the Nigamushi Woman nous offre donc une belle leçon de vie et un très bon rôle pour Aoi Yu qui marque ici, une nouvelle ère pour l’actrice depuis longtemps cantonnée à l’image d’une jeune adolescente insouciante.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
One Million Yen and the Nigamushi Woman de Tanada Yuki
Note
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