Les Musiciens de Gion

Titre anglais : A Geisha
Titre original : Gion bayashi
Réalisé par : Kenji Mizoguchi
Année : 1953
Pays : Japon
Durée : 1h28
Interprété par
Wakao Ayako
Kogure Michiyo
Shindo Eitaro
Kawazu Seizaburo
Date Saburo
Naniwa Chieko
Sugai Ichiro
Scénariste : Yoda Yoshikata
Directeur photo : Miyagawa Kazuo
Scénario : Eiko a 16 ans. Sa mère, ancienne geisha, vient de mourir. Pour échapper à son oncle, Eiko décide de devenir geisha à son tour. Elle demande l’aide de Miyoharu, une geisha amie de sa mère, qui accepte de la prendre sous son aile. Après un an d’entrainement, Eiko est prête à faire ses débuts. Pour cela, Miyoharu doit emprunter de l’argent à la propriétaire d’une maison de thé…
Critique
Réalisé entre La vie d’Oharu femme galante en 1952 et Contes de la lune vague après la pluie en 1953, Les Musiciens de Gion est un remake de Mizoguchi de son film Les Soeurs de Gion.
À nouveau, Mizoguchi s’attache à dépeindre la vie, non pas d’une femme ou de plusieurs femmes, mais de deux femmes pris dans l’enfer de la prostitution et du monde des Geishas.

Tout commence, par une scène montrant encore la domination d’une geisha sur son client, un client pauvre, sans argent, criblé de dettes, qui croit encore que, les promesses d’une Geisha, sont à prendre au sérieux.
Cette dernière va faire la rencontre d’une jeune fille de 16 ans, se prénommant Eiko, dont sa mère fût une ancienne geisha de Gion, un cercle très fermé du monde des Geishas.
Miyoharu connaissait bien la mère d’Eiko et va donc tenter de l’aider sous la protection de son père.
Malheureusement pour elle, ce dernier ne souhaite pas assumer les actes de sa fille et décide de ne pas signer le contrat d’engagement de la protection de sa progéniture.
Malgré toute attente, Miyoharu va tout de même accepter de former Eiko à devenir une « Maiko » , une geisha débutante, sans l’aval de son père, suite aux promesses de bonnes conduites de la jeune promise.

Mizoguchi dépeint la vie de ces deux femmes, si proche l’une de l’autre, vivant dans un monde ne faisant pas de cadeau aux femmes, où les geishas doivent se soumettre au bon vouloir des hommes.
La nature de leur relation va évoluer au fil du récit, d’une liaison d’élève à maitre, dans l’enseignement des comportements d’une geisha d’aujourd’hui, jusqu’à une relation presque fusionnelle, d’une mère pour sa fille.
Mizoguchi réussit une fois de plus à convaincre et surtout à faire ressortir le naturel de ces femmes, vaillantes et soumises malgré elle, à leur condition de Geisha.

On verra d’ailleurs, plusieurs tentatives de la part d’Eiko, de ne pas se soumettre aux volontés des hommes, de tenter de se rebeller contre leur pouvoir sur les femmes, contre leur tyrannie.
Mizoguchi réalise au final, un excellent remake de son propre film, d’une durée relativement courte, il réussit à exprimer au mieux la vie de ces femmes aux lèvres rouges et au teint blanc.

Une œuvre à nouveau remarquable, de l’un des plus grands cinéastes, sur un thème qui lui est cher, la prostitution des femmes et leur condition.
Les Musiciens de Gion est une oeuvre à absolument voir dans la filmographie de Mizoguchi.





Ce film n’est pas le remake des Soeurs de Gion – Gion no shimai (1936) mais de La Fête à Gion – Gion matsuri (1933)
Bonjour Gilles,
Merci de cette précision, une petite erreur de ma part. D’ailleurs, il est vrai que les deux films sont proches, mais le fait qu’il s’agissait d’un remake me paraissait étrange. J’avais donc confondu avec celui-ci.
En fait, le film est plus représenté comme étant une reprise du thème mettant en scène deux geishas que d’un remake à proprement parlé.
A ce sujet, je viens d’apprendre, après avoir vu Les musiciens de Gion, que si Mizoguchi était si concerné par ce sujet, c’est parce qu’une de ses soeurs ainées avait été vendue comme geisha par son père car celui-ci avait de graves difficultés financières.
Ça a de quoi marquer toute une œuvre !