Man Hunt

Man Hunt est un film très bien mené, une fois de plus, par la main de maître de Fritz Lang, qui arrive à nouveau à nous captiver pendant plus d’une heure et demie en faisant appel à un scénario tiré d’un roman de Geoffrey Household, qui je dois le dire, est très efficace. L’histoire relate les aventures du capitaine Thorndyke lors de l’été 1939 qui se situe non loin du nid d’aigle de Berchtesgaden, en train de mettre en joue Hitler avec un fusil de précision. Il tire dessus sans balle dans son chargeur. Mais l’idée lui vient en tête de placer une seule balle dans son fusil, quelques secondes plus tard, un SS lui tombe dessus et le capture. Pourtant, il n’est pas maltraité, juste un tout petit peu, mais le but n’est pas là. Sa soi-disant tentative d’assassinat va permettre à l’Allemagne d’avoir la raison suffisante à l’entrée en conflit avec l’Angleterre. En effet, en échange de la liberté de Thorndike, on lui demande de signer un document attestant de son geste comme étant un ordre direct du gouvernement britannique. Mais celui-ci refuse, bien évidemment, les nazis décident alors de le faire tomber dans un ravin en faisant passer leur action en tant qu’accident de chasse.

Man Hunt est vraiment bon, rien que la scène d’ouverture et la fin du film reste mémorables, on ne se lasse pas de cette ville de Londres sous un brouillard omniprésent, une obscurité de chaque instant et surtout, la présence féminine qui vient équilibrer le personnage de Thorndike, interprétée par Joan Bennett, dans un rôle d’une femme vénale et à la fois tellement amoureuse. Le titre du film fait écho à la traque du capitaine Thorndike dans toute la ville de Londres par les nazis qui veulent lui faire la peau. Certes, cette chasse n’est pas toujours d’un suspens de tout instant, mais Fritz Lang fait appel à divers genres dans Man Hunt pour qu’on puisse y rester scotché du début à la fin. Quelques touches de situations comiques quand Joan rencontre la famille de Thorndike, bourgeoise et un peu coincé et un peu de romance entre les deux protagonistes avec d’ailleurs, une magnifique scène de séparation en fin de métrage.

Man Hunt parle du nazisme, des raisons théoriques ayant pu engendrer la Seconde Guerre mondiale, il a tout pour être considéré comme un film de propagande, mais Fritz Lang n’est pas du genre à afficher clairement son côté anti-nazis. Ici, l’histoire est tournée de manière à avoir fait un film d’aventures dramatiques sur un fond d’élément nazi, malgré une scène d’introduction assez équivoque. Pourtant, ce n’est pas la première fois qu’il fait cela, avec son film M, renvoyant directement vers le titre alternatif « Murderers Among Us« , parlant clairement des nazis parmi les Allemands. L’idée également de la broche en forme de flèche avec ses multiples significations et utilisations est très bien pensée. Autant dire que Man Hunt est un film à voir si vous en avez l’occasion.