Le Visage d’un Autre

Le Visage d'un Autre
Aka : The Face of Another | Japon | Drame | 124 mins | 1966 | Un film de Teshigahara Hiroshi | Avec Hira Mikijiro, Irie Miki, Nakadai Tatsuya, Okada Eiji, Kishida Kyoko, Kyo Machiko et Igawa Hisashi

Compositeur : Takemitsu Toru | Scénariste : Abe Kobo | Histoire originale : Abe Kobo

Scénario : Mr Okuyama a eu un accident qui l’a défiguré en examinant une plante industrielle. Forcé de se bander entièrement le visage, il perd goût à la vie et sa femme refuses ses avances. Il va voir un psychiatre pour demander de lui faire un masque qui lui permette de se réintégrer à la société…

Critique

Œuvre importante du cinéma japonais, Le Visage d’un Autre de Hiroshi Teshigahara est puissant et déconcertant, un film qui entre complètement dans la catégorie des films dits avant-gardistes du cinéma japonais, soutenu par le romancier Abe Kobo dont il emprunte l’histoire originale, comme il a pu le faire avec Le Traquenard et La Femme des Sables, dans une mise en scène solide et toujours proche de jeux expérimentaux qui donnent toute cette ambiance étrange au film, chose récurrente dans les œuvres de Teshigahara.De plus, le réalisateur vient rajouter une couche supplémentaire à l’étrangeté de son film par le sujet qu’il choisit, celui du trouble de l’identité dans lequel chacun peut parfois se retrouver.Ici, c’est Tatsuya Nakadai, acteur réputé du Japon qui vient interprété le visage de Okuyama de manière colossale avec un travail de fond de sa part pour nous montrer la dégradation de son personnage de manière psychologique alors que physiquement celui-ci s’améliore par l’intermédiaire de ce masque quasi surnaturel venant peu à peu lui donner une apparence plus humaine, pourtant Okuyama va vivre une descente aux enfers.

C’est à travers des séquences saisissantes de rayons X, de plans à travers les vitres du laboratoire apposé à des outils de technologies, soutenus par de gros plans sur les mains et les différents masques que les téléobjectifs et les caméras portées créant des ruptures de rythme, renforcées par l’étrange, mais toujours une admirable bande son de Toru Takemitsu, mélange de classique et de répétition sonore que Teshigahara nous plonge littéralement dans l’enfer de son personnage principal dans Le Visage d’un Autre, tout d’abord par sa chute amoureuse et sa paranoïa envers sa femme qui a du mal à faire face à son mari défiguré puis par sa fulgurante descente dans l’enfer de l’identité, au premier abord, Okuyama est ravi d’obtenir à nouveau un visage « normal », conscient de ses limitations et de son coté éphémère, mais qui pourtant lui donne de l’assurance, le libère de ses paroles et de ses pensées, jusqu’à même ne plus se sentir responsable de ses actes, c’est alors qu’il commence à douter et à perdre raison et fait directement écho au personnage de la jeune fille défigurée dont ses cheveux cachent sa joue abimée et psychologiquement atteinte dérange forcément le spectateur, chez Teshigahara, aucun personnage ne vient rassuré le spectateur, tout comme cette foule sans visage qui vient profondément heurter celui-ci.

Mais Le Visage d’un autre, nous montre également un certain visage du Japon, un Japon défiguré par la guerre, notamment par la présence de ce bar allemand où l’on peut apercevoir l’aigle allemand ainsi que des chansons de ce pays, face à un homme qui peu à peu, perd son identité ou encore face à ces fous de l’asile qui pensent encore que la guerre n’est pas finie.Teshigahara maitrise son œuvre, artistiquement très riche, à l’ambiance particulièrement inquiétante et à la fois captivante, avec un Tatsuya Nakadai incroyablement bluffant, c’est sans aucun doute que je considère Le Visage d’un autre comme étant une pièce maitresse dans le cinéma japonais, pourtant quelques années avant, Teshigahara réalisait une œuvre encore plus incroyable, La Femme des Sables, mais Le Visage d’un Autre est une œuvre majeure de la Nouvelle Vague japonaise qu’il est indispensable de voir.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Le Visage d'un Autre de Teshigahara Hiroshi
Note
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