Detective Bureau 2-3
Titre original : Tantei jimusho 2-3: Kutabare akuto-domo
Réalisé par : Seijun Suzuki
Année : 1963
Genre : Polar/Comédie
Durée : 99 mins
Interprété par
Shishido Jo
Nobuo Kaneko
Tamio Kawaji
Yûko Kusunoki
Reiko Sasamori
Scénario : A tokyo, dans les années 60, un détective sauve la vie d’un criminel. Pour le remercier, ce dernier l’introduit dans son gang de trafiquants d’armes. Aidé par la police, le détective réussira à démanteler l’organisation à grands renforts de machinations et de swing …
Critique
Entre Rêve de ring en 1962 et Akutaro l’impénitent en 1963, Seijun Suzuki réalise un film à l’allure de chef d’œuvre, Detective Bureau 2-3, moins sérieux que La Jeunesse de la bête, bien plus proche de l’univers qui à fait le talent du cinéaste que le Vagabond de Kanto, Suzuki casse en permanence les codes du film noir grâce à une surprenante narration.
Dans Detective Bureau 2-3, l’ambiance reste assez proche de son film La Jeunesse de la bête, réalisée la même année.
Histoire d’un rebelle, indépendant, à la confiance surélevée et sans aucun scrupule, sous l’apparence d’un détective privé, qui aime en découdre et les situations explosives.
Il ira même jusqu’à réussir à démanteler à lui seul, des gangs de trafic d’armes simplement par son intelligence et ses subterfuges.
Ici, dans Detective Bureau 2-3, chaque passage du film ressemble à un cliché du cinéma du genre et offre des scènes dignes des films d’Hollywood, des fusillades entre clans rivaux, des explosions, un cocktail détonnant, un Japon sous des airs américains.
Suzuki fait déjà appel à son coloriage pop criard, même si celui-ci a toujours refusé d’être associé à ce mouvement de la pop culture.
Déjà à cette époque, Suzuki donnait un ton surréaliste à ses décors et à sa mise en scène décalé, des découpages de plans inattendus, des cadrages imprévus, montrant son envie de refuser les conventions académiques du cinéma.
Mais c’est également cette bande-son incroyablement jazzy qui fait tout le succès d’un film à la cool attitude, qui commence à expérimenter le détournement des codes du genre, équilibre fragile entre l’art du décalage et le cinéma populaire.
Le rythme ici est soutenu, sans amener de temps morts, d’une légèreté omniprésente, sans trop amener d’extravagance formelle, au contraire de son film La Marque du Tueur, un polar endiablé où Jo Shishido ne fait pas pal figure dans son rôle, un rôle de manipulateur, machiste et de véritable terreur du monde des détectives privés.
Un personnage décalé, capable d’adopter de multiples tons, individu naviguant entre le monde de la loi et de la dérive professionnelle.
Suzuki affirme ici sans complexe une image des années 60, un modèle de cinéma populaire accessible, mais en même temps expérimental, classique d’une nouvelle vague politiquement explosive, qui offrira des ouvertures aux cinéastes pour son film La Marque du Tueur, dans un style moins classique et au style unique.
Une œuvre intemporelle qui marque encore aujourd’hui les esprits de demain.
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