Happy Go Lucky
Producteur : Kent Cheng | Directeur Photo : Herman Yau
Critique
La condition humaine nous pousse souvent à refuser d’accepter l’être différent, non pas de manière raciste, mais simplement par un manque de connaissance, une peur de l’autre qu’on arrive pas à surmonter, une envie d’aller vers l’autre sans réellement savoir comment l’aborder, mais également cette apparence à avoir et à nourrir lorsqu’on vit en société. Happy Go Lucky nous permet alors de prendre conscience ou de refaire un point sur le handicap, souvent mal connu des gens bien portant et laissé de coté la plupart du temps. Ce film de Yu Ti-Hung se démarque forcément d’un bon nombre de productions Hong-Kongaises habituelles, car traiter d’un sujet aussi complexe et surtout épineux n’est pas aisé, surtout lorsqu’on tente d’en faire un film à caractère comique et dramatique, cela revient souvent à marcher sur des œufs. Le soucis que l’on aperçoit rapidement, c’est un optimiste ambiant marchant moins bien qu’un surjeu de dramatisation et fatalement Happy Go Lucky en paye un peu le prix pourtant ses autres qualités lui permettent tout de même de le tirer vers le haut et de le rendre attachant.
En effet, dans un premier temps, on ne peut nier l’investissement des acteurs dans leur rôle, notamment Kent Cheng et Wayne Lai qui nous délivrent deux performances soignées de deux handicapés, l’un souffrant d’un comportement anormal et le second de spasme musculaire et je dois dire que ces interprétations n’étaient pas données à tout le monde. En effet, dans Happy Go Lucky, ces deux personnages finalement sont là pour déranger le spectateur tout comme le fait de croiser un handicapé dans la rue, non pas par dégoût, mais simplement par un malaise qui nous arrive sans pouvoir le contrôler, le fait de vouloir l’aider sans pouvoir réellement le faire et surtout sans que celui-ci ne soit blessé dans son amour propre. Mais si ces deux personnages dérangent en début de métrage, en fin, ils deviennent attachants et respectés. Car il est vrai qu’au premier abord, on ne comprend pas le sens de leur présence, mais on sait qu’on va devoir vivre avec eux pendant plus d’une heure et fatalement, il va falloir les comprendre et les suivre dans leurs vies quotidiennes.Malheureusement, le film va aller au fur et à mesure dans un trop-plein de bons sentiments, certes parfois ces derniers fonctionnent et à d’autres moments, on en a raz le bol de ces musiques lancinantes qui viennent effectuer multiples cadrages sur un personnage en pleine tristesse.
À vrai dire, Happy Go Lucky tient beaucoup de ses interprètes, même si Gillian Chung est en retrait par rapport à nos deux compères qui tiennent vraiment la barque. Il est surtout dommage que le scénario n’est pas été plus étoffé, pourtant le message passe sans trop de difficultés et sans devenir trop lourd pour le spectateur. Dommage également que le film n’est pas été soumis à un budget un peu plus important, car l’ensemble du métrage fait quelque peu amateur. Au final, une chose est sûre, Happy Go Lucky est un film offrant un petit vent frais dans les productions actuelles de Hong-Kong et arrive tout de même à nous toucher quelquefois sans pour autant être un film de grandes qualités.