Les Femmes de la nuit

Les Femmes de la nuit Cover

Titre anglais : Women of the Night
Titre original : Yoru no onnatachi
Réalisé par : Kenji Mizoguchi
Année : 1948
Pays : Japon
Genre : Drame
Durée : 1h14

Interprété par

Tanaka Kinuyo
Urabe Kumeko
Takasugi Sanae
Sawamura Sadako

Scénariste : Yoda Yoshikata

Scénario : A Osaka, une veuve de guerre disparait lorsque sa sœur devient la maitresse de son patron. Quelques temps plus tard, on retrouve sa trace dans un hôpital investi par des prostituées: elle en est devenue la reine…

Critique

Entre, L’amour de l’actrice Sumako en 1947 et Flamme de mon Amour en 1949, Kenji Mizoguchi réalise Les Femmes de la nuit, un film emprunt au néo-réalisme italien, qui dépeint la vie des femmes prostituées après guerre, toujours accompagné de son actrice fétiche, sur qui, il pouvait compter durant une grosse partie de sa carrière de cinématographe, Tanaka Kinuyo, qui interprète ici, Fusako, une femme qui va être amené à devenir prostituée à cause des hommes.

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En effet, cette dernière va perdre son mari, son enfant, et son amant, et finira par accepter de vendre son corps pour subvenir à ses besoins et surtout survivre.
Dès le début de l’œuvre de Mizoguchi, ce dernier nous offre un large plan de la ville de Tokyo, afin de nous dévoiler l’ampleur de cette ville et nous montrer une prostitution invisible, mais commune à tous.

C’est sans aucun doute que, Les Femmes de la nuit est le film le plus pessimiste de Mizoguchi, avec des décors de pauvreté des quartiers d’Osaka, et ces femmes qui tentent de survivre dans cet état de ruine qu’est le pays suite à la défaite de la Première Guerre.

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Avec Les Femmes de la nuit, Mizoguchi dépeint pour la première fois, la violence des femmes envers les femmes, une violence noire et brutale, fruit de la toute-puissance des hommes sur elles.
Il nous montre à nouveau, la suprématie masculine et la conséquence de la maltraitance qu’ils ont envers les femmes.

Les Femmes de la nuit nous donne d’ailleurs le ton sur la société de l’époque, dès le début du film, on peut voir un gros plan sur un panneau, interdisant aux femmes de se promener la nuit sous peine de se faire arrêter, avant de se déplacer sur fusako, cette femme qui deviendra la reine des prostituées.

Mizoguchi nous donne un tableau sans concessions de la misère et de la désolation du Japon, via de longs plans-séquences qui donnent au film, un air de réalisme documentaire.

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Si Mizoguchi fut avant tout le défenseur des femmes, et de la dénonciation de leur condition, ici, il montre le drame qu’elles subissent, notamment dans la scène de quasi-viol, une scène à demi cachée, laissant toute l’imagination aux spectateurs, un malaise certain est donc apporté à cette dernière.

La violence des femmes est également accrue durant les scènes où Mizoguchi montre le traitement qu’elles réservent aux nouvelles venues, de multiples scènes de bagarres, jusqu’à ce final incroyable, où l’une d’elles est fouettée à coup de ceinture pour avoir tenté de se séparer de ce milieu et d’avoir essayé de retrouver sa dignité, à travers ce cimetière catholique, symbolisé par un saint sur le vitrail.

Une sorte de rédemption de leur condition, soumise à la dureté de la société d’époque, qui offre, tout de même, un brin d’espoir par cette sortie de plan vers les cieux.

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En conclusion, Mizoguchi réalise une fois de plus, une oeuvre magistrale dans sa filmographie, une oeuvre noire, poignante, mais à la fois très dure.

Accompagné à nouveau de son scénariste, Yoda Yoshikata, Mizoguchi dépeint 8 ans auparavant, la prostitution des femmes dans un univers noir, comme il le fera avec son ultime oeuvre, La Rue de la Honte.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Les Femmes de la nuit de Kenji Mizoguchi
Note
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