Early Summer
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Aka : Eté précoce | 1951 | Japon | 125 mins | Comédie dramatique | Un film de Ozu Yasujiro | Avec Hara Setsuko, Ryu Chishu, Higashiyama Chieko, Miyake Kuniko et Awashima Chikage

Scénario de Early Summer

Noriko, une jeune fille célibataire, semble résignée, cédant aux conseils pressants de son entourage et de son employeur, à épouser un riche homme d’affaires d’âge mur.Mais l’annonce soudaine de la nomination de Kenchiki, voisin et ami de la famille de Noriko, dans une ville lointaine lui révèle son amour pour le jeune homme…

Critique de Early Summer

Après Les Soeurs Munekata, Ozu Yasujiro revient cette année avec Early Summer, un drame comique sur les problèmes intergénérationnels comme il l’a souvent fait dans ses diverses oeuvres cinématographiques et je dois dire que c’est toujours un réel plaisir de découvrir un film de Ozu, même si celui-ci à déjà plus de 50 ans d’existence, il en reste pas moins un excellent exercice aux qualités toujours aussi nombreuses. Ozu nous offre une perle du cinéma, une atmosphère proche de ses premiers films en couleurs, entre le burlesque et le drame, mais il faut tout de même l’avouer, bien plus orienté sur le coté comédie que dramatique, car ici, nul réel problème de société, si ce n’est la différence de jugement entre une génération de l’ancien temps, pour laquelle le mariage est sacré et uniquement pourvu d’intérêt pécuniaire et prestigieux et de l’autre, une jeunesse plus libre où la femme fait ses propres choix et où le mariage n’est qu’une marque de soumission pour certaines et une marque de bonheur pour d’autres.

Si Mizoguchi s’attachait à dépeindre des portraits de femmes dans un pays déchiré par la guerre, dans les bas-fonds de la société, opprimée par les hommes, tentant de revendiquer l’égalité des sexes sur un fond politisé, Ozu lui, se contente lui, de démontrer le changement de la femme au cours des années, dans un cadre familial serin, où la femme est souriante et conciliante, mais en silence, révolutionne sa condition de femme, qui peu à peu devient une constante chez Ozu. C’est donc avec Early Summer, dans une maison japonaise que l’on découvre Koichi, interprété par un jeune Ryu Chishu, partant pour son travail de médecin, deux petits enfants vagabondant un peu partout avant d’aller prendre leur petit déjeuner et de partir à l’école et Noriko, jeune femme de 28 ans, qui refuse de se marier de peur de perdre sa liberté et de tomber dans une routine quotidienne, prisonnière de son statut de femme à la maison, pourtant ce n’est pas le manque de proposition qui l’a amené à vouloir rester célibataire, mais bel et bien un choix réfléchi, même lorsqu’un homme mûr et très fortuné souhaite en faire sa femme.

Early Summer est techniquement une rémanence des anciens usages de la caméra d’Ozu, où le travelling était encore de rigueur, pourrait-on dire, omniprésent, entre mouvements horizontaux et verticaux, étirée, la mise en scène d’Ozu est loin d’être aussi épurée que celle de ces dernières œuvres, bien plus académique. Éloigné de la maitrise formelle de ses films de la fin des années 50, Early Summer manque donc de précision, mais offre une dimension émotionnelle plus importante. Sur le fond, Ozu décrit parfaitement cette famille inter-générationnelle, trois groupe bien distincts, entre les deux jeunes garçons munis de leurs casquettes de baseball, ne respectant en rien les deux générations au dessus d’eux, Noriko, jeune femme libérée ne souhaitant aucunement de se marier, encore moins d’un mariage arrangé et finalement les grands parents, observant les générations futures et de leur confort de fin de vie, rien que par une journée ensoleillée ou un simple ballon qui s’envole dans le ciel bleu de l’après-midi, pourtant conscient de la problématique que soulève Noriko.

Le sujet abordé dans Early Summer est donc important, mais traité avec légèreté et surtout de manière parfois comique, que ce soit de la part du jeu d’acteur des enfants et leurs moqueries, de Noriko et de son ami, avec des redondances en fin de phrase pour se moquer de la situation de leurs deux autres amies mariées et finalement, la génération suivante, notamment l’oncle de la famille, faisant semblant d’être sourd à certains moments, un véritable jeu d’acteur impressionnant de rigueur. Au final, Early Summer n’est certainement pas le meilleur film d’Ozu, mais il est indéniablement un film d’une grande qualité, comédie dramatique intériorisée, Ozu nous livre avec retenue, une œuvre d’une richesse intérieure débordante que tous spectateurs devraient connaitre, Ozu est sans aucun doute l’un des plus grands cinéastes du Japon et à chacun de ses films, je ne peux m’empêcher de vouloir en voir un autre, comme disait un certain grand monsieur du cinéma : « Le cinéma est une maladie, le seul remède au cinéma est le cinéma« .

Informations DVD de Early Summer | Film contenu dans le coffret Ozu Yasujiro Volume 2 | Zone 2 | Carlotta | Japonais | Sous-titres Français | Format 4/3 | Stéréo | Bonus : « Voyage dans le Cinéma » : Un retour sur les lieux de tournage d’Eté précoce | « Figures : Linges, fumées et poteaux électriques » : D’hier et d’aujourd’hui, un parallèle sur les linges, fumées et poteaux, éléments récurrents dans la filmographie d’Ozu

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Early Summer de Ozu Yasujiro
Note
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