Creep

Production : Julie Baines & Jason Newmark | Montage : Kate Evans | Musique : The Insects | Costumes : Phoebe de Gaye
Critique
Sur les conseils d’une amie, je me suis laissé tenter par Creep, film ayant marqué celle-ci il y a quelques années, je me suis donc dit que le meilleur était à venir, malheureusement, quelle déception. D’une idée venue tout droit de l’esprit de Christopher Smith lorsque la rame de métro qu’il occupait s’est arrêtée au beau milieu du tunnel, durant de longues minutes, il a pondu ce scénario loufoque, d’une femme prisonnière dans les couloirs du métro tel un labyrinthe, observé par un être malveillant. Son but, jouez sur nos peurs les plus primaires, la solitude, l’obscurité et la claustrophobie. Jusqu’ici, je suis plutôt d’accord avec son idée, ça peut donner un film intéressant ce Creep.
Mais là où les problèmes commencent, c’est quand Creep nous dépeint une héroïne complètement en dehors de ce qui aurait pu être très intéressant. Cette femme hyperactive et plutôt bourgeoise qui navigue dans un monde qu’elle maitrise parfaitement, celui de l’apparat, du glamour et de la séduction, semble avoir réussi à tout point de vue. En somme, le cliché typique de ce genre de film d’horreur à la con. Même si ce n’est pas poussé à son paroxysme, le choix de l’actrice et de son personnage est loin d’être judicieux. Si les 20 premières minutes de Creep sont assez inquiétantes par l’utilisation de la suggestion plutôt que les images, cela tourne vite au vinaigre lorsque le réalisateur décide de mettre en scène, la créature qui rode dans le métro londonien. Car autant le silence glacial du métro est réussi, autant cette histoire d’un homme enfermé depuis tellement longtemps, ayant subi une éducation plus que limitée qui capture ses proies pour simplement les tuer et d’une part, trop classique et d’autre part, mal amenée.
Parlons un peu de Craig, cette créature qui rode dans le métro, s’étant adapté depuis longtemps au manque de lumière, ayant quasiment perdu la parole par manque de pratique et qui n’a aucun sens dans ses actions. D’une part, lorsqu’on le voit pour l’une des premières fois, on n’y croit pas et on le trouve presque ridicule. On pourrait même le considérer comme une sorte de gollum des temps modernes. Deuxièmement, pourquoi celui-ci agit-il de manière aussi stupide ? Mais il y a pire que cela, pourquoi les survivants du métro agissent-ils de manière encore plus ridicule. Nombreuses fois nos protagonistes se retrouvent face à lui en train d’agoniser suite à un coup de pique bien méchant et décident subitement de s’enfuir au lieu de l’achever ? Combien de fois doit-on se farcir les scènes du genre « Je te tape et je me barre à toute vitesse, car finalement, ça m’amuse bien de me faire poursuivre » ? Pourquoi faut-il toujours que ce genre de scènes arrive ? C’est clairement un élément à bannir de tous films du genre qui se veulent être crédible.
Finalement, de bonnes idées à premières vues, mais de très mauvais choix par la suite qui font de Creep, une œuvre ratée, bancale et clairement mal pensée. On aurait aimé ne pas voir la créature du métro du début à la fin, de jouer sur la peur de l’inconnue plutôt que de l’afficher clairement. Malheureusement, nombreux réalisateurs pensent qu’il est préférable pour eux de nous montrer la créature de leur film qu’ils ont tant chouchouter de billets verts au prix de gâcher leur réalisation.




