Blind Mountain
Critique
Pour moi, c’était le premier film de Li Yang, pour d’autres, c’était peut-être le second, s’ils ont eu l’occasion de voir Blind Shaft. Aujourd’hui, on parle de montagne et d’un petit village dans lequel il se passe des choses bien noires. Blind Mountain (la montagne aveugle) nous plonge dans la campagne perdue dans les collines où les femmes sont des esclaves. Enlevées en ville alors qu’elles recherchent du travail, c’est un recruteur sous prétexte d’offrir un boulot de testeur de plantes médicinales, qui se charge de récupérer les papiers de sa proie avant d’être vendue à ces hommes sans éducation qui violeront ses femmes pour en faire leurs dames.
Bai Xuemei se retrouve alors embarquée malgré elle dans un trafic, se retrouvant femme d’un homme qu’elle n’aime pas, violée alors que les parents du futur père l’aide à la tenir en place, engrossée de force pour maintenir un nouveau moyen de pression. Elle tentera à plusieurs reprises de s’enfuir pour retrouver sa vie d’étudiante en médecine, mais à chaque reprise, elle sera rattrapée par ses bourreaux, même en face de la police qui fermera les yeux. Dans ce village, tout le monde est de mèche, le silence est de mise, tout responsable des enlèvements de femmes, des coups et blessures et de la pression psychologique.
Dans ce village, quelques bonnes âmes y règnent, mais l’ambiance de prison qui y règne fait beaucoup trop d’ombrage à la liberté et à l’espoir. Pourtant Blind Mountain ne tombe pas de du pathos larmoyant, bien au contraire. Il ne montre que rarement la violence à l’état brut mais la suggère beaucoup. C’est le cas notamment à la suite des tentatives d’échappées de Bai Xuemei, dont la correction n’est pas affichée. Huang Lu, l’actrice principale du titre interprète à merveille son rôle, en gardant fierté est retenue. À aucun moment, on se lie d’amitié pour d’autres personnages que cette dernière, le réalisateur répétant constamment les mêmes scènes pour nous rappeler combien la situation amène le malaise et le dégout.
Par contre, Blind Mountain contraste par les magnifiques paysages qu’il nous offre, de véritables peintures sur toile, mais ce ne sont que des fresques de courte durée pour nous replonger dans la noirceur de l’être humain. En somme, Blind Mountain est dur sans l’être visuellement. C’est la remise en question de la liberté de la femme qui est ici difficilement tolérable et en cela, Blind Mountain réussit son pari.