Black Blood

Black Blood
2011 | Chine/France | 123 mins | Drame | Un film de Miaoyan Zhang | Avec Danhui Mao, Mengjuan Liu et Yingying
Scénario : Xiaolin et sa femme vendent leur sang pour payer l’école de leur fille. Ils finissent par créer une petite banque du sang qu’ils nomment Ali-Baba. Avec ces profits importants, la cour autrefois déserte se remplit de moutons…

Critique

Black Blood, voilà encore un film que personne ne connait et qui aura forcément du mal à percé sur le marché. Pourquoi ? Parce que le public est majoritairement attiré par le dernier film mettant en scène un super-héros qu’une œuvre d’auteur, où l’on parle de la condition humaine dans une œuvre intimiste et contemplatif. Oui, j’ose le dire, Spectrum Films qui édite ce film en DVD est surement pour moi, l’éditeur le plus couillu qu’il soit ! Et je leur dit Merci ! Vraiment, car c’est des sacrés défis de sortir en France, un film tel que Black Blood. Mais plutôt que de m’étendre sur les raisons de mon admiration pour cet éditeur, parlons du film.

Tout d’abord, si vous n’êtes pas un vrai cinéphile dans tous les sens du terme, passez clairement votre chemin. J’ai lu des critiques de gens sur le net, qui sont incapable de rester en place sur un fauteuil et qui n’ont rien compris à ce métrage, tout en se permettant de se prendre pour des grands connaisseurs. Bref, si vous voulez un avis d’un amoureux du cinéma, loin d’avoir un jugement technique exemplaire mais qui parle de ce qu’il aime, alors vous êtes au bon endroit. Avec Black Blood, Miaoyan Zhang s’est attelé à dépeindre de manière presque théâtrale, une réalité bien existante de la Chine. C’est à travers l’absurdité des situations mais également la noirceur de ces dernières, qu’on nous présente la misère. Celle qui est présente au quotidien et qui suscite l’émotion.

Dans Black Blood, Xiaolin vit dans un abri avec sa femme Xiaojuan et leur petite fille, au milieu d’un village dans une sorte de désert. Mais c’est à travers ce rapide parralèlisme du début du métrage, que l’on va comprendre de quoi, on nous parle. En fond, la radio qui nous présente les progrès que la Chine à accomplie depuis qu’il y a eu des réformes économiques et de l’autre, la pauvreté du quotidien, se résumant à se lever, boire de l’eau, beaucoup d’eau, partir au loin, pour aller vendre son sang, seul moyen de revenu pour eux.

Et c’est d’ailleurs par l’absurdité que le réalisateur désamorce la situation. Le personnage principal boit énormément d’eau, pensant que celle-ci permet de fournir plus de sang. C’est à travers des séquences qui n’en finissent pas, que Xiaolin se met à se torturer lui-même. Mais pas seulement, car la déchéance sera de mise et chaque scène ira toujours un peu plus loin dans cette sordide situation.

C’est par le choix du noir et blanc que le réalisateur nous montre ce paysage désert, rythmé par le seul passage du tracteur récoltant le sang des deux individus. Répétition des gestes, longueurs des plans, lourdeurs de signification, Black Blood est un film qui montre ce qui ne devait pas être vu. C’est sans la censure qu’il permet de voir le jour, réalisé en dehors de celui-ci. C’est surtout grâce au soutien en post-production du Fond Hubert Bals du festival de Rotterdam, qu’il a pu voir le jour. Une fois de plus, un grand respect à Spectrum Films.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Black Blood de Miaoyan Zhang
Note
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