Touchez pas au grisbi

Touchez pas au Grisbi
1954 | Film Noir | 94 mins | France-Italie | Un film de Jacques Becker | Avec Jean Gabin, René Dary, Dora Doll, Vittorio Sanipoli, Marilyn Buferd, Gaby Basset, Lino Ventura et Paul Barge

Scénaristes : Albert Simonin & Jacques Becker

Scénario : Au lendemain de son dernier grand coup d’éclat, le vol de 50 millions de francs en lingots d’or à l’aéroport d’Orly, Max, parrain charismatique de la pègre parisienne, aspire à prendre sa retraite avec Riton, son complice et ami de longue date. Mais suite aux indiscrétions malheureuses de Riton auprès de sa maîtresse Josy, le jeune chef de bande Angelo a des vues sur le butin. Ce dernier, va utiliser tous les moyens pour mettre la main sur le fameux grisbi et réveiller ainsi une guerre de gangs.

Critique

Que dire d’un film ayant à lui seul, symbolisait la référence du film noir à la sauce Française ? Touchez pas au grisbi fut pour moi une sacrée découverte. Ce titre que j’avais déjà entendu plusieurs fois à la télévision lors d’émission de variété ou de culture, ne m’avait à vrai dire, guère attiré. Mais à présent, je reconsidère la chose, car ce film de Jacques Becker est une véritable petite perle du cinéma français. Pourtant, je ne suis guère un partisan du cinéma français, je le trouve généralement bien en dessous du cinéma international, un curieux sentiment se produit lorsque je décide d’en regarder un. Une sorte de déjà vue ou de doublage étrange et pourtant, il s’agit bien d’un film qui est censé me parler, me dire quelque chose, car chaque mot, chaque décor est logiquement familiers. Pourtant, ce cinéma me semble être le plus étranger des cinémas que je connaisse.

C’est donc avec Touchez pas au grisbi, que j’ai découvert le cinéma français des années 50 aux cotés des 400 coups de Truffault, en tout cas, restant fraichement gravé en mémoire. Dès les premières minutes de Touchez pas au Grisbi, on est rapidement plongé dans le milieu de la pègre parisienne, avec un aperçu d’un homme, Max, qui représente pour ainsi dire, la caricature parfaite du milieu avec toute la classe qu’elle dégage. Mais en plus de nous présenter un personnage emblématique, le réalisateur nous décrit à la perfection tous les petits détails de cette vie. Les rapports entre les classes sociales, une histoire d’amitié profonde entre deux hommes jusqu’à nous plonger dans l’univers de la trahison. Pourtant, Touchez pas au grisbi nous décrit en parallèle, l’aventure d’un homme qui souhaite se défaire de sa condition de truand, pourtant il est constamment ramené au milieu auquel il appartient en protégeant son ami de toujours, Riton, qui a généralement le chic pour se mettre dans le pétrin. D’ailleurs, le long chemin vers la liberté nous présentera un personnage aux premiers abords croyant, mais qui peu à peu va devenir, l’homme de l’obscurité. À l’image des scènes qui l’accompagne, d’un restaurant de quartier à une boite de nuit, pour finir sur une route déserte, témoin d’un trépas.

Finalement, le personnage de Max est clairement conduit par l’amitié qu’il a pour Riton. Ils sont ici montrés comme deux vieux amis que rien ne sépare, même lorsque l’un d’eux est prêt à y laisser sa peau. Certes, on sera témoin d’une hésitation de la part de Max dans son amitié aveugle de toujours, mais ce n’est qu’un bref passage qui finalement renforcera sa croyance. Pour parler également de l’ambiance du film, il sera difficile de ne pas mentionner le célèbre thème musical de Jean Wiener qui accompagne régulièrement Max dans ses obscures pensées et dans son retour à la fatalité. D’un air très mélancolique, ce morceau qui accompagne Touchez pas au Grisbi est également le thème que Max préfère. On le voit notamment dire lors d’une scène dans le restaurant, « J’vais me jouer mon air » comme si cette musique caractérisée sa vie. C’est donc dans un monde brutal, violent et pessimiste, que Touchez pas au grisbi trouve toute sa force avec pour seule lumière pour se rattraper, la jeune Anglaise bourgeoise, symbole d’une vie meilleure. Ce film de Jacques Becker est sans aucun doute un pilier essentiel dans le film noir français et un classique à ne pas manquer.

Résumé
Date de la critique
Titre du film
Touchez pas au Grisbi de Jacques Becker
Note
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