The Wrong Man

The Wrong Man n’est pas un film comme les autres dans la filmographie de Hitchcock, d’ailleurs ce dernier annonce que son œuvre sera différente, car elle se base sur des faits réels (affaire s’étant déroulé en 1953) et à vrai dire, quoi de plus dérangeant que des faits réels ? Suivant l’histoire de Christopher « Manny » Balestrero, un homme sans histoire et contrebassiste dans un club du coin, marié et père de deux enfants, en somme, le parfait homme qui n’a rien à se reprocher, si ce n’est qu’il a parfois du mal à joindre les deux bouts. En effet, sa femme, Rose, doit se faire opérer des dents, pour cela, Christopher va demander un emprunt sur l’assurance de cette dernière. Mais, la visite ne se passe pas comme prévu, une employée de la banque se rappelle l’avoir déjà vu quelque part, en effet, il s’agirait de l’homme ayant commis un cambriolage dans ce même endroit quelques semaines auparavant. Après son départ, l’employée se charge d’avertir la police, quelques heures plus tard, deux inspecteurs se retrouvent à attendre devant la maison de Christopher, son retour, pour l’appréhender. Interrogé et confronté aux témoins de plusieurs attaques à main armée ayant eu lieu dans le quartier, celui-ci est clairement identifié comme étant coupable de ces actes.

Au lieu de tourner The Wrong Man comme il a l’habitude de le faire, il choisit d’orienter sa méthode sur le documentaire, reprenant les lieux et mêmes certains acteurs liés à l’affaire réelle pour donner un peu plus de véracité à The Wrong Man. Mais pour afficher un peu plus de mystère dans l’intrigue de son film, Hitchcock n’a pas hésité à complètement omettre certaines preuves de l’innocence de Christopher pour afficher un doute chez le spectateur. En effet, Mr Balestrero est-il aussi innocent qu’il le prétend ? Finalement, la question peut se poser. C’est donc une vie paisible qui se transforme peu à peu en cauchemar, une erreur judiciaire qui peut faire basculer la vie d’un homme.

The Wrong Man nous montre qu’avec si peu de choses, un homme innocent peut se retrouver à vivre la vie d’un coupable. La justice est ici présentée comme une vraie machine à juger, quelques personnes semblent reconnaitre de loin cet homme, celui-ci a déjà eu quelques emprunts dans le passé, pourtant toujours remboursés, il joue un peu aux courses de chevaux, il a besoin d’argent pour payer l’opération à sa femme, il n’en faut pas plus pour l’inculper de cette succession de braquage. On peut dire que la justice s’acharne sur le sort de cet innocent, le trainant en garde à vue, en prison et même jusqu’au tribunal. Pourtant, la police et la justice lui ont souvent répété, qu’un innocent et honnête homme n’a rien à se reprocher, et pourtant, sa vie basculera jusqu’à atteindre psychologiquement sa femme qui ne s’en remettra jamais.

Servit par un casting brillant, entre la présence de Henry Fonda dans le rôle de Balestrero et celle de Vera Miles dans le rôle de sa femme qui sur la fin s’attache à jouer l’épouse démente au bord de la folie et pour finir sur Anthony Quayle dans un très beau second rôle. The Wrong Man est un Hitchcock intéressant, maintenant, il me reste à voir le reste de sa filmographie pour appréhender ce réalisateur dans tout son ensemble.